Les entrepreneurs en difficulté et les banquiers ne se comprennent pas
Phénomène courant de la vie des entreprises, et particulièrement des plus petites en création, la difficulté entrepreneuriale - lorsque la situation financière du chef d'entreprise s'est fortement dégradée - fait partie des informations qui peuvent interférer dans la relation bancaire. En pratique, chacun de son côté - entrepreneur et banquier - développe ses propres représentations de ce qu'est une bonne relation et de ce qu'il doit faire pour se coordonner efficacement.
Ce phénomène est renforcé par le fait que les banquiers et les créateurs entrepreneurs ont naturellement tendance à diverger, les uns étant plus orientés sur la gestion du risque et les autres sur la conquête du marché. La réussite de la communication repose donc sur une compréhension mutuelle qui est loin d'être évidente tant les représentations mentales face à la situation peuvent diverger.
D'un côté, l'entrepreneur rattache la difficulté à des éléments externes (c'est-à-dire sur lesquels il n'a pas le contrôle) et s'attend dès lors à ce que la banque fasse preuve d'une certaine compréhension face à cette situation et le soutienne davantage avec la recherche d'une solution technique, à un instant T, que d'un véritable accompagnement dans la durée à travers la mise à disposition de produits bancaires.
D'un autre côté, le banquier cherche à compléter ses informations objectives sur le chef d'entreprise - facilement disponibles - par des informations subjectives relatives à la situation de difficulté traversée par l'entrepreneur et s'évertue notamment à comprendre précisément ce qui s'est passé afin d'appréhender le niveau de responsabilité du chef d'entreprise. À ce titre, s'il se sent trahi par l'entrepreneur, il n'hésitera pas à prendre une décision défavorable à ce dernier.
En conclusion, des termes tels que transparence, confiance ou compréhension n'ont pas du tout la même signification dans la bouche d'un entrepreneur et d'un banquier. Par exemple, la compréhension renvoie, chez le banquier, au sens donné à la situation d'échec du chef d'entreprise, alors qu'elle est plutôt synonyme de droit à l'erreur ou de seconde chance chez le chef d'entreprise.
Emmanuel Schlesser
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