Les Espoirs de la République

Les Espoirs de la République

La Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin, a annoncé que des places vont être « réservées » à partir de 2021 aux candidats issus des milieux modestes dans tous les futurs concours de la haute fonction publique.

J'ai commencé ma vie professionnelle comme haut fonctionnaire et cela fait maintenant plus de 15 ans que je suis engagé en faveur de l'égalité des chances avec Frateli puis Article 1. Cette annonce me touche donc personnellement.

Pourquoi je soutiens cette mesure ?

D’abord parce qu'elle répond à un problème de représentativité évident au sein même des instances qui nous dirigent. Si nous n'avons pas vu venir les gilets jaunes, c’est aussi parce que parmi les décideurs (et leur entourage en cabinet et haute administration), peu d'entre eux sont issus des milieux populaires, peu d'entre eux habitent les quartiers sensibles ou les territoires en déclin de la "France périphérique". Pour prendre de bonnes décisions publiques, il faut intégrer la divesité des regards, des intérêts et des représentations de notre pays.

Quand il s'agit du genre, cette préoccupation de diversité est désormais intégrée dans les nominations au Gouvernement et aux plus hauts postes de l'Etat. C'est un progrès majeur qu'il faut saluer. Aujourd'hui, il faut aussi que la diversité d'origine sociale soit prise en compte. Et le plus tôt sera le mieux, donc dès le concours, comme le propose la Ministre. C'est ainsi qu'on alimente le vivier de talents pour les postes à responsabilité. 

Je soutien également cette mesure pour des considérations de stricte justice sociale. C’est un fait que personne ne conteste : il est beaucoup plus difficile d’être admis dans une grande école de la fonction publique, comme l’ENA, quand on est issu de milieu populaire. Il faut plus de volonté, plus de travail, une exigence personnelle et un talent supérieurs car on ne dispose pas des mêmes soutiens dès le plus jeune âge. Il est donc juste qu’on ne demande pas exactement les mêmes résultats aux uns et aux autres. On ne recrute pas une équipe olympique en faisant partir certains athlètes à 100 mètres de la ligne d’arrivée alors que d’autres sont placés à 200 mètres !

Cette différentiation, c'est en effet une approche nouvelle dans un pays attaché à l'universalité, un pays qui veut croire que nous, citoyens, sommes égaux face aux opportunités. Ce serait tellement plus commode de se satisfaire de cette "égalité formelle" comme le répète à juste titre le Président de la République. Mais il en va dans la République comme en économie : l'homo republicus n'existe pas plus que l'homo economicus. La réalité, c'est que derrière chaque citoyen il y a - pour le meilleur et pour le pire - une grande diversité de conditions. C'est une chance si nous savons en tirer parti en différentiant les conditions d'accès pour assurer une véritable égalité face aux opportunités.

Au-delà de ces voies d'accès nouvelles, nous pensons qu'il faut mettre en place un dispositif nouveau pour envoyer un signal fort aux jeunes talents issus de milieux populaires. Nous proposons de créer les "Espoirs de la République". Ces jeunes seraient recrutés en 3ème année de licence sur la base de leur profil social, leur potentiel académique et leur motivation pour le service public. Intégrer les Espoirs de la République leur offrirait : 

- L’accès à une petite bourse complémentaire pour leur donner les moyens de se consacrer entièrement à leurs études

- Un stage garanti dans une administration en M1 ou M2

- Un mentorat par un haut fonctionnaire stagiaire ou en poste

- La participation à des événements collectifs pour créer des liens entre eux, c'est extrêmement puissants pour qu'ils ne restent pas isolés face à l'adversité.

- La participation à un programme en ligne qui les "prépare à la prépa”

La création des Espoirs de la République serait une belle reconnaissance et un appel clair aux jeunes talents issus de milieux populaires qui, aujourd'hui, ne se sentent pas attendus dans la haute fonction publique.

Boris Walbaum, Co-président et Co-fondateur d'Article 1

Florian Joufflineau

Directeur France chez PULSE Group | 🧡 Entrepreneuriat social, 🌍 Transition écologique

4 ans
Valentine Chapus-Gilbert

Semons Pour l'Avenir ! De l'enfance à l'entreprise, #HR #accompagnement #mixité #ESS

4 ans

"Pour prendre de bonnes décisions publiques, il faut intégrer la divesité des regards, des intérêts et des représentations de notre pays." Bravo Boris d'y contribuer par tes actions, bravo aussi à Julien Puel, Institut Télémaque entre autres, qui donnent une chance à ceux qui en ont eu moins au départ, mais qui ont tout autant de potentiel, à développer ! Les #editionsdelarrosoir partagent vos convictions et agissent de même, dès l'enfance, pour apporter une information utile et solide vers tous les métiers, pour tous (filles et garçons bien sûr) #futureofwork #jesemepourlavenir #egalitedeschances

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