Les fédérations sportives face au consumérisme des membres

Les fédérations sportives face au consumérisme des membres

Le financement des associations sportives repose sur les contributions de leurs membres. En particulier le modèle économique des fédérations dépend des droits d'adhésion "licence" que chaque adhérent doit acquitter pour participer aux activités fédérales. Cette licence est de moins en moins acceptée car les bénéficiaires n'en perçoivent pas réellement la valeur ajoutée. Ce qui fait que les fédérations doivent imposer à leurs clubs cette délivrance, souvent avec difficulté.

On explique ce désamour par le fait que la fédération doit apporter "des avantages". Les réductions avec des partenaires font en général un flop. On met en avant les risques juridiques, "la licence comprend une assurance qui vous protège", là encore cette affirmation ne soulève pas l'enthousiasme.

Adhérent ou consommateur ?

Une tendance est de voir dans l'adhérent un consommateur et de penser "services", "produits". Cette orientation est aujourd'hui partagée par beaucoup et les mises en oeuvre nombreuses. Mais on peut, on doit, s'interroger.

Une association locale ou nationale est d'abord une organisation humaine qui se rassemble autour d'activités, de projets, de valeurs partagés. On parle d'adhésion à une association, une fédération. En transformant l'adhérent en client, le mouvement sportif fragilise lui même le lien qui l'unit à l'adhérent, le banalise au risque de se voir délaissé au profit d'autres produits et services mieux marketés et court le risque de voir ce lien rompu.

Sans doute le système de la licence qui constitue un droit d'entrée et permet ensuite de bénéficier de tous les services fédéraux a vécu. Qu'il faut certainement passer à un système où l'adhérent paye en fonction de ses consommations. Mais cela ne suffira pas. En faisant de l'adhérent un consommateur le mouvement sportif transforme le pacte qui le lie à sa base de pratiquants. La notion d'adhésion se vide de son sens et la demarche "client" accélère la transformation de l'adhérent en consommateur.

Donner du sens au contrat associatif

On observe ce phénomène dans le monde du travail (cet article de Slate). Comme les entreprises les associations sportives sont à un carrefour : soit elles s'engagent dans la voie du consumérisme au risque de devoir continuellement perfectionner les moyens de fidéliser leurs clients, soit elles repensent le rapport adhérent / fédération et le pacte social et moral qui l'unit à eux. Et est-il concevable pour les organisations sportives qui mettent tant en avant leurs valeurs de rassembler des adhérents sans que ces valeurs fassent sens pour eux ?


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