Les petits bonheurs quotidiens

         Du lever au coucher, à nos nuits, faisons la liste des petits bonheurs quotidiens. Pourquoi petits ? Parce que volontairement, je vais éviter les grands bonheurs, ils sont trop facilement repérables : avoir un enfant, se marier, tomber amoureux, avoir un examen, avoir son premier travail… et même quand on capitalise sur ces grands bonheurs, on retombe assez vite dans les petits tracas quotidiens et leur action positive finalement s’estompe vite. Il est à mon sens plus important de se focaliser sur les petites joies quotidiennes ; à long terme, c’est plus efficace, car les changements que vous pouvez apporter à votre façon de les considérer vous accompagnera toute votre vie. On pourrait parler de pleine conscience, mais restons très concrets...

          Au lever, il faut prendre le temps de réveiller son corps, de le sentir se déployer, se révéler à soi, lui rendre grâce de nous soutenir minute après minute ; l’idéal serait de prendre le temps de faire quelques mouvements de détente, face à la nature si possible ; même sans connaître le Taï-Chi, quelques étirements accompagnés de respirations longues et conscientes suffiront. Surtout, ne pas commencer à courir ! Et même si vous êtes en retard, questionnez-vous sur ce retard et cherchez des solutions pour ne plus avoir à courir le matin, cela vous met forcément dans une énergie de fuite en avant et d’énervement que vous allez traîner toute la journée !

          Ensuite, passage obligé par la salle de bain… se regarder dans la glace : quel que soit notre physique, nous pouvons voir du beau dans notre visage. Un regard, une expression... pourquoi ne pas se lancer dans un sourire, sourire à soi-même, se dire bonjour, s’accueillir dans cette nouvelle journée. L’image qu’on a de soi, le fait de rayonner, d’avoir l’air heureux, c’est cela qui nous rend beau aux yeux des autres et de nous-mêmes. Le temps que nous passons à nous préparer n’est-il pas pour nous faire plus beau ?

          Le petit-déjeuner, encore un moment agréable. Se réjouir d’avoir à manger, savourer chaque bouchée, sans se projeter en même temps sur l’agenda de la journée. En profiter pour petit-déjeuner à deux, en famille, commencer sa journée par un partage ?

                  Et puisqu’on a la chance d’avoir un toit, il faut aussi régulièrement continuer de jouir de son appartement, de sa maison. S’asseoir dans un fauteuil, un canapé, se réapproprier sa décoration, admirer un petit élément du décor, changer un objet de place… se sentir bien chez soi. Faire en sorte que son toit soit un havre de paix. Et même si notre chez soi est petit, n’a pas de balcon ou de jardin, ça reste l’endroit où nous nous retrouvons, nous ressourçons, accumulons les souvenirs. La pléthore de matériel électronique qui nous entourent nous rappelle aussi que nous sommes gâtés : l’accès aux avancées technologiques est une chance mais il ne faut pas sans cesse se projeter vers l’achat futur, sur ce que nous n’avons pas, mais se réjouir de ce que nous avons. Attention cependant, ces possessions de biens n’apportent pas le bonheur, beaucoup l’oublient ; c’est leur manque qui peut éventuellement obérer notre impression de bonheur. J’entends souvent des gens parler du coût de la vie alors qu'ils possèdent beaucoup de biens matériels, ont un bon salaire et encore la possibilité de se faire plaisir de temps à autre, alors... ?

          J’ai parlé de vous, de vos murs, parlons maintenant de ceux qui vous entourent ; vous avez la chance de vivre en famille, d’avoir une famille ou juste un conjoint peut-être, un animal domestique, alors n’oubliez pas que c’est une chance et profitez de tous les instants de joie, de sérénité et de bonheur que ce cercle vous apporte. Ne soyez pas égoïste, partagez vos joies, vivez intensément, arrêtez de geindre pour des choses qui n’ont pas d’importance et vous verrez que cet exercice de lâcher prise sera aussi profitable à votre entourage. Dans un cercle familial, il suffit qu’un des éléments améliore son énergie pour que cela profite à tous, c'est un cercle vertueux. Montrez l’exemple, commencez !

          Une fois qu’on est prêt à mettre la clef dans la serrure, on commence souvent à faire palpiter ses méninges en songeant au trajet pour aller au travail : pourquoi en faire un plat et partir du principe qu’il est synonyme de galère ! Vous avez un travail, c’est une bonne chose, dois-je dire une chance ? Parlons du trajet en transport en commun : si vous êtes assis et que vous pouvez lire un journal, un livre, ce n’est pas du temps perdu, au contraire : ça devient un moment privilégié, un moment rien que pour vous où vous pouvez vous repaître de votre lecture ; si vous êtes debout, pourquoi ne pas en profitez pour faire quelques mouvements discrets, flexion des mollets, contraction des fesses… ça permet de rentabiliser votre déplacement ; vous pouvez aussi méditer. Et si vos pieds ne vous font pas souffrir, ce n’est pas un drame d’être debout.

           Considérons maintenant le trajet en voiture : vous êtes « chez vous » dans votre habitacle, vous avez à coup sûr une radio (sinon, c’est que vous avez un vieux tacot des années trente), donc, pas de quoi hurler si des bouchons vous empêchent d’avancer : si vous n’êtes pas en retard, il n’y a pas mort d’homme, et de toute façon, râler ne vous fera pas avancer plus vite. Concentrez-vous sur votre musique, chantez à tue-tête (même si vous chantez faux, personne ne vous entendra).

          Une fois à bon port, c’est-à-dire au travail : je ne parlerai pas de plans sociaux, de résistance aux changements, de nouvelles valeurs dans l’entreprise, mais je citerai quelques petits moments de joie que nous avons une, voire plusieurs fois par jour : les liens sociaux, discussions de comptoir à la cafétéria, dans les couloirs, dans les bureaux, les pots, les copains ou les amis qu’on s’y fait, la cantine qui nous évite de cuisiner tous les midis, les activités sociales qu’on nous propose, et puis, pour ceux qui aiment leur travail, la satisfaction d’apprendre, de bien faire, de se réaliser…

          Dans tous ces contextes qui consolident vos journées, il y a un environnement récurrent : la nature. Il ne faut pas se priver de regarder la nature, les animaux qui peuplent notre quotidien et que l’on n’observe plus ; et ne me dîtes pas que vous habitez en ville, je pourrais vous donner tant d’exemples pour vous rappeler tous ces animaux qui nous y entourent et la nature omniprésente. Un oiseau sur une branche, un canal qui traverse la ville, des bateaux qui voguent au fil de l’eau, un parc, de beaux arbres, la nature qui s’éveille au printemps, les magnifiques couleurs de l’automne. Partout, nous sommes entourés de choses belles ou empreintes de légèreté qui nous permettent de nous ressourcer, et vous savez quoi ? Gratuitement ! Observez autour de vous, vous verrez ces innombrables offrandes ; elles sont à portée de main, c’est à chacun de nous de les accueillir, de les cueillir. Personne ne peut le faire à notre place.

          Plusieurs fois par jour, nous mangeons : les moments où on se sustente doivent être ceux où, consciemment, on remplit son corps de substrats qui serviront à générer de l’énergie. Si l’on est accompagné, profitons de cet échange. Pourquoi, sans parler de prière, ne pas remercier pour ce repas ? Ne pas bénir les animaux qui nous nourrissent ? Quand on a la chance d’aller de temps à autre au restaurant, les sens doivent être aux aguets pour capter toute sensation. Quand je vois des gens qui ressortent d’un restaurant au bout d’une heure (alors qu’ils n’étaient pas seuls, dois-je le préciser), quelle hérésie, quel manque d’éveil sur ces petits bonheurs ! 

         Quand la journée se termine, le coucher pointe le bout de son nez : se prélasser dans son lit, se lover dans une couette moelleuse, se mettre au chaud sous les couvertures, tout ça concourt à se  reposer en attendant de sombrer dans les bras de Morphée. Quelques étirements, quelques bâillements, le corps qui cède au désir de se laisser aller, de s’abandonner au calme, au « non-mouvement ». Se vider la tête, laisser faire, laisser faire…

          Et puis, tout au long de ces journées, apparaissent ça et là des moments de détente : prendre un bain, regarder la télévision, jouer aux cartes, à des jeux de sociétés, rire, chanter, danser, chaque moment positif peut devenir un moment de bonheur selon la façon dont on le considère. Un exemple : même si on n’aime pas trop faire la cuisine, faire à manger pour ceux qu’on aime est un beau moment, parce qu’on peut y mettre de l’amour…

          Bien sûr pour profiter de tout cela, il faut s’entraîner : à repérer ces petits moments, à capitaliser dessus, à en profiter pour gommer les aspérités qui pourraient venir entacher ces instants. Rome ne s’est pas bâtie en un jour, votre bonheur se construit chaque jour. Je vous entends vous moquer de ces idées en estimant que c’est naïf ; entraînez-vous, vous constaterez chaque jour des petits progrès, et ceux-ci vous donneront envie d’explorer plus avant cette théorie positive. 


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