Les PME industrielles innovantes seront les futurs champions.
A l’heure où se dessinent les premiers contours du plan de relance de l’économie, il est urgent de réfléchir à la place de l’industrie, en France comme dans toute l’Europe. Relocaliser la production à proximité des lieux de consommation et redémarrer les chaînes de production – dans le respect des règles sanitaires de protection des salariés – sont aujourd’hui au cœur des préoccupations. Mais ces questions, si légitimes soient-elles, suffiront-elles pour replacer l’industrie au cœur de la problématique du retour à la croissance ? Ne devrait-on pas, dès à présent, se doter d’une politique industrielle ambitieuse, afin de retrouver une trajectoire globale dynamique, créer de la valeur et, in fine, favoriser l’emploi ? Assurément. Encore faut-il que cette démarche inclut les PME innovantes, dont les vertus sont nombreuses.
Nombre d’entre elles sont des leaders sur leur marché, y compris à l’exportation. Des atouts sur lesquels nous devons nous appuyer, d’autant que ces entreprises sont en mesure d’emmener avec elles l’ensemble de leur écosystème – fournisseurs, sous-traitants, distributeurs, etc. Qui plus est, et comme à leur habitude, ces PME ont fait preuve d’une grande agilité depuis le début de la crise actuelle. Leurs dirigeants, comme leurs salariés, ont tout mis en œuvre pour maintenir leurs trajectoires. Avec une exemplarité incroyable.
Tout semble donc réuni pour que ces entreprises, avec l’appui de leurs actionnaires, mettent leur dynamisme au service de la relance économique. Néanmoins, elles demeurent confrontées à une contrainte majeure : l’accès aux ressources humaines. Structurellement, l’industrie pâtit d’une image peu amène, alors même que ce secteur présente de nombreuses opportunités d’emploi. La situation est donc paradoxale car, bien que disposant de formations et de compétences techniques que le monde nous envie, la France peine à diriger ses talents vers des industries aux fondamentaux solides. Il est plus que temps de corriger cette tendance. Et le moment s’y prête.
Le redémarrage de l’économie ne doit pas être le moment où seraient occultés – ni même sacrifiés – les impératifs d’un système de production respectueux des critères ESG. Au contraire. Il est aujourd’hui possible de mieux répondre aux désirs fondamentaux des salariés et des futurs employés, soucieux de donner du sens à leur action quotidienne : en relocalisant la production, nous sommes à même de favoriser les circuits courts, de respecter nos contraintes environnementales et de produire moins de déchets. Agir en faveur de la réduction du bilan carbone devient un argument convaincant pour tout candidat, dont on sait le besoin d’authenticité.
En outre, nous avons la possibilité de démontrer le potentiel offert par l’industrie. La placer au cœur de la relance doit en particulier passer par le développement de la robotisation. Quoi de plus pertinent, en effet, que d’opter pour des processus flexibles, agiles et donc robotisés, pour remplacer un outil de production globalement vieillissant ? D’autant que, contrairement aux idées reçues, cette option n’est pas destructrice d’emplois : elle offre une réponse qui permet de mieux comprendre les besoins des marchés et de proposer des solutions en s’appuyant sur les savoir-faire des salariés.
Pour aider dans cette phase les entrepreneurs à la tête des PME industrielles innovantes, il faut cependant une prise de conscience collective. Si l’Etat a structuré un dispositif pour répondre aux problèmes de trésorerie, secondé par un système bancaire qui a joué le jeu, qu’adviendra-t-il de ces entreprises lorsqu’elles devront faire face à un niveau d’endettement maximal ? Sans attendre, il faut qu’elles puissent continuer à s’appuyer sur des investisseurs privés, de sorte à les conforter dans leur stratégie de croissance tant organique qu’externe. Et disposer ainsi des moyens de se positionner comme des leaders… et des champions de l’emploi. Dès à présent, soyons donc tous unis pour accompagner nos PME et ETI innovantes et assurer le redéploiement de l’industrie française.