Les règles d'or de l'architecte d'entreprise : #6, une âme d'artiste tu auras
Architecte IT et artiste, deux professions qu'a priori tout oppose. Le rationnel et le méthodique d'un côté vs la créativité et le culte de l'esthétique de l'autre.
Est-ce que j'ai perdu pied pour associer les deux ? Non non, pas du tout et je persiste et signe à en faire ma sixième règle d'or de l'architecte d'entreprise.
Retour quelques années en arrière, lorsque j'ai fait mes premiers pas sur l'architecture d'entreprise. C'est un univers où on adore les schémas : modèles de processus, cartographies, diagramme de flux, …
Et la première chose qui m'a sauté aux yeux en assistant à des présentations d'études d'architecture ou à la lecture de documents d'architecture : j'ai atterri dans le royaume du moche !
C'est futile me direz vous, la plupart des architectes sont des ingénieurs, et on n'est pas formé à faire du beau, mais plutôt à faire dans l'efficacité et la cohérence. Bref, on met 95% de l'effort sur le fond et pas grand-chose sur la forme. Il y a même une connotation négative à s'abaisser à perdre du temps sur la forme.
Sauf que … plus on traite de sujets d'architecture structurants, plus on monte dans les circuits de décisions, et plus on se confronte à des personnes éloignées de l'architecture, et même souvent éloignées de l'IT, qu'il faut convaincre. D'ailleurs il y a la technique des points de vue que j'ai abordée dans un article précédent qui traite en partie de ce sujet.
Et donc j'ai subi, soit en tant que présentateur, soit en tant que spectateur, des séances très gênantes où vous voyez les regards des interlocuteurs fuir les uns après les autres, en mode "mais qu'est-ce que je fous là ?".
Avec l'expérience, je capte précisément le moment où c'est foutu, ce point de bascule où on ne rattrapera plus l'auditoire. Le coupable : la forme. Même avec le meilleur fond du monde, présentez à des décisionnaires une overdose de schémas denses, pas sexy, genre Archimate, diagramme MEGA ou processus BPMN, et vous avez 9 chances sur 10 que tout le monde reparte avec une vision négative et/ou décroche du sujet.
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Pourquoi ? Parce que faire valider une transformation structurante d'architecture, c'est un exercice de vente. Il est question de budgets conséquents, et donc il faut envoyer du rêve, comme dans une démarche marketing. Il y a du rêve sur le fond certes, c'est le travail de créativité de l'architecte (rappelez vous des pièces à casser dans mon article 4), mais aussi inévitablement sur la forme, et en particulier le caractère esthétique.
Quel ratio entre forme et fond ? Je m'accorde avec mes pairs que sur un dossier important c'est du 50/50.
Le fond pèse dans 50% de la décision, et la forme dans les 50% restant (l'effort n'est pas proportionnel heureusement). J'ai d'ailleurs "repêché" à plusieurs reprises des dossiers sur lesquels des architectes s'étaient cassé les dents, en les coachant sur la forme. Les dossiers ont pu être validés sans grande difficulté en deuxième passage, et les interlocuteurs ont également admis qu'ils avaient beaucoup mieux compris le fond.
La bonne nouvelle dans tout ça : c'est que c'est plus facile de progresser sur la forme que de progresser sur le fond, donc c'est à la portée de tout le monde. Et il y a beaucoup de sources d'inspiration en regardant des études bien faites.
Et est-ce que ça condamne toutes les représentations formelles sous prétexte qu'elles sont moches ? Absolument pas, elles constituent des outils de travail très utiles qui servent à la fois d'entrants pour préparer les restitutions non formelles, et d'éléments rigoureux et précis à partager avec des publics plus techniques.
Pour ceux qui ont raté les précédents épisodes, voici les autres règles d'or publiées :
IS Demands & PMO, Quality office chez Nexans
8 moisExcellent point de vue !
Architecte d entreprise chez Ippon Technologies
8 mois“C'est véritablement utile puisque c'est joli.” Saint Exupéry dans le petit prince
Architecte Cloud et Expert Flux - Fondateur de #EnterpriseFlowsRepository
8 moisC'est un bon article sur le sujet de la communication des productions d'architectures dans l'entreprise. Sujet en débat constant entre la norme, les experts, les habitudes et ce qui est réellement exploitable. Merci Matthieu LEMOINE
Dynamique, Enthousiaste et Créative - 20 ans d'expérience dans la transformation IT
8 moistout a fait d'accord.J'ai développé une interface pour convertir les schémas moches d'archi en schéma sympas avec une bibliothèque graphique 😀
Dynamique, Enthousiaste et Créative - 20 ans d'expérience dans la transformation IT
8 moisje suis tout a fait d'accord. je recontre actuellement ce problème. La solution j'ai développé une interface pour concertir les schémas moches d'archi en schémas qui bougent avec des bibliothèques graphiques sympa 😀