Les règles d'or de l'architecte d'entreprise : #9, une tête brûlée tu seras
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Les règles d'or de l'architecte d'entreprise : #9, une tête brûlée tu seras

Je suis né la même année que le lancement de la série "Les têtes brûlées" (je vous laisse le soin d'aller sur Wikipédia pour calculer mon âge).

Mon métier n'a rien à voir avec celui d'un pilote de chasse, et pourtant, je suis persuadé que le tempérament de la tête brûlée est bénéfique à mon métier d'architecte d'entreprise. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons :

  1. Un bon architecte d'entreprise doit pousser des transformations IT innovantes s'il veut maximiser l'impact de ses transformations et générer l'envie d'investir (on ne fait rêver personne avec les vieilles technologies). La technologie est donc son allier.
  2. La technologie évolue sans cesse. Les courants technologiques évoluent en moyenne tous les 5 ans, et il y a beaucoup d'effets de mode qui font pschitt. Le Hype Cycle du Gartner se vérifie généralement assez bien (la blockchain est un bon exemple : on voulait en mettre partout, c'est devenu un marché de niche)
  3. Personne ne peut maîtriser l'ensemble des courants technologiques, tant l'offre est pléthorique. Un exemple ci-dessous uniquement ciblé sur les technologies autour de la data et l'IA.


The 2024 MAD (Machine Learning, Artificial Intelligence & Data) Landscape


Quel rapport avec les têtes brûlées me direz-vous ? J'y viens. En tant qu'architecte d'entreprise, de par la diversité et la largeur des sujets à traiter, on se trouve irrémédiablement confronté à aborder des espaces technologiques et métier qu'on ne connait pas ou mal, et pourtant on est attendu in fine en tant que prescripteur.

Que faire lorsqu'on vous propose d'aller sur un terrain qui déborde largement de votre zone de confort ? Vu que c'est le thème de ma règle d'or, vous avez deviné que ma réponse est de foncer.

J'ai vu passer il y a quelques années un conseil de Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, que je trouve tout à fait juste :

Si quelqu'un vous offre une formidable opportunité mais que vous n'êtes pas sûr de pouvoir la réaliser, acceptez-là. Vous apprendrez après (Richard Branson).

D'ailleurs je pense que je ne serai probablement pas venu sur l'architecture d'entreprise sans ce côté tête brûlée. Tout a commencé par une opportunité il y a 17 ans, quasiment jour pour jour. Mon chef de l'époque me convoque dans son bureau : "on est sur le point de gagner notre plus grand programme de build (NDLA : environ 150 personnes). On a positionné notre plus grande architecte d'entreprise (NDLA : 25 ans d'expérience), mais il lui faut un bras droit pour muscler notre dispositif. On a pensé à toi".

Oula, gros challenge, gros enjeux. J'en suis encore à mes balbutiements sur l'architecture d'entreprise, je ne connais qu'une partie du périmètre fonctionnel et à peu près rien du périmètre technologique. Malgré ça, j'ai rapidement dit oui. Je me suis dit après tout, c'est une occasion et or et tu pourras t'appuyer sur quelqu'un de très expérimenté pour apprendre en marchant.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là … Après quelques semaines aux côtés de cette architecte, je perçois quelques signaux faibles troublants. Je retourne voir mon chef : "c'est bizarre, j'ai cru comprendre au détour de quelques conversations qu'il y a un risque de démission dans l'air". Réponse sans appel : "bon voilà, oui, elle va quitter la société, on ne voulait pas t'en parler trop tôt. Il te reste 2 mois pour capter un maximum de ses connaissances et après c'est toi qui prends le relai."

Ouch, là j'ai pris un uppercut. Mais bon, j'ai accepté. Pourquoi ? Pour progresser, et j'ai bien fait.

Et comment je m'en suis sorti ? Avec beaucoup d'humilité : accepter mes limites, faire l'inventaire de mes zones d'incompétences. Une fois ce diagnostic posé, il faut jongler avec un mélange d'auto-apprentissage et d'appui d'experts sur les sujets à combler : aller chercher les conseils, les retours d'expérience, et faire intervenir ces experts à chaque fois que c'est pertinent. Et on absorbe au passage une partie de cette expertise.

Et il faut bien avoir en tête qu'on ne peut pas y arriver tout seul. Entretenir son réseau est clé, et une bonne manière de l'entretenir est la technique tacite du donnant-donnant car beaucoup de supports se font dans un cadre informel. Tu m'aides sur telle expertise aujourd'hui, je t'aiderai demain sur mon domaine d'expertise.

Quand on s'astreint à ce type d'état d'esprit, la part d'inconnu devient la norme. Il y a un consensus avec une bonne partie de mes pairs sur le fait que chaque mission doit permettre d'acquérir un nouveau pan de compétences. On étoffe ainsi au fil des années ce que j'appelle la largeur de spectre de l'architecte d'entreprise, qui est un ingrédient clé de la créativité dont on doit faire preuve.

Et quand le terrain de jeu ne permet plus d’ouvrir de nouveaux domaines, comment fait-on pour progresser ? Là aussi, il faut remettre son casque de tête brûlée et forcer le destin en bougeant de périmètre, d’entité, de poste, etc.

Rien de mieux qu’une citation de Stephen Hawking pour clôturer cette règle d’or :

Le plus grand ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance mais plutôt l’illusion de la connaissance (Stephen Hawking).

Pour ceux qui ont raté les précédents épisodes, voici les autres règles d'or publiées :


Cécile Pénichost

Directeur Conseil chez Sopra Steria Next

1 mois

Matthieu LEMOINE, tu as mis les mots sur ce dont je suis persuadée. Rien de mieux qu'un côté tête brûlée et explorateur pour se sentir vivant.

Marjorie Avois

Urbaniste SI - Architecte Agile

2 mois

Complètement en phase... à hésiter à aller au but même en prenant des risques... on ne va nulle part...

Loïck Glimois

Architecte AGILE - DevOps chez Sopra Steria

2 mois

J'adhère complètement à la démarche... Même si je suis plus voileux qu'aviateur... Stratégiquement, ça marche pareil,😁

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