Les schémas alternatifs au départ en retraite classique

Les schémas alternatifs au départ en retraite classique

Il existe plusieurs dispositifs qui diffèrent de la prise de retraite dite « classique ». Ces autres dispositifs permettent d’aménager sa fin de carrière en vue d’un « atterrissage en douceur ».

Le plus connu reste le cumul emploi retraite qui concerne les personnes qui ont déjà liquidé leur pension de retraite et qui souhaitent reprendre une activité, que ce soit à temps plein ou à temps partiel.

Mais subsiste une autre possibilité : la retraite progressive. Ce mécanisme concerne les personnes qui sont encore en activité, et leur permet de percevoir une partie de leur future pension de retraite tout en continuant à travailler à temps partiel.

 

Le fonctionnement de la retraite progressive 

La retraite progressive permet une transition douce entre la vie active et la retraite. Lorsque l’assuré justifie d’au moins 150 trimestres cotisés, il est alors possible dès 60 ans de cumuler son activité partielle avec une partie de sa pension de retraite.

L’un des grands avantages de ce dispositif est que l’assuré continue à acquérir des droits à la retraite et à valider des trimestres, contrairement au cumul emploi-retraite dans lequel les cotisations sont versées à fonds perdu. Les trimestres seront alors pris en compte au moment de la liquidation définitive de sa pension de retraite. Il est même possible pour l’assuré de continuer de cotiser sur la base d’un temps plein pour améliorer ses droits futurs à la retraite, avec l’accord de l’employeur.

La retraite progressive est calculée en fonction du temps de travail effectif. Par exemple, un salarié qui travaille 60% d’un temps complet, percevra 40% de sa pension de retraite.

Il y a aussi des seuils à respecter, ainsi le temps de travail ne peut pas être inférieur à 40% d’un temps complet ou supérieur à 80% d’un temps complet. Il est également possible de cumuler une retraite progressive avec plusieurs activités. La règle reste la même, il faut que la durée totale de travail reste entre 40% et 80% d’un temps plein. De plus, ce dispositif n’est pas limité dans le temps.

L’un des points faibles de ce dispositif, c’est qu’il ne s’adresse pour le moment qu’aux salariés avec un contrat de 35h. Les cadres au forfait n’ont pas pour le moment la possibilité d’en bénéficier mais cela va changer le 1er janvier 2022.

 

Les avantages financiers de ce dispositif 

La retraite progressive offre un complément de salaire. Ce cas est particulièrement vrai pour les salariés qui sont déjà en temps partiel. Dès lors qu’ils remplissent les conditions, ils vont pouvoir cumuler leur salaire avec une partie de leur pension de retraite. Cela permet donc d’améliorer leurs revenus.

La retraite progressive donne la possibilité d’augmenter le nombre de trimestres. Avec elle, il est en effet possible de continuer à acquérir des droits. Chaque trimestre cotisé supplémentaire permet alors de réduire l’éventuelle décote applicable à la retraite de base (en cas de trimestres manquants).

La retraite progressive est une solution pour éviter le malus de 10% pour l’AGIRC-ARRCO en continuant de travailler. Comme pour la surcote, le fait de passer à une retraite progressive, et donc de continuer à cotiser, permet d’éviter le malus de 10% mis en place par l’AGIRC-ARRCO. En effet depuis le 1er janvier 2019, les salariés qui prennent leur retraite à l’âge du taux plein, avec le nombre de trimestres requis, sont susceptibles de voir leur retraite complémentaire minorée de 10% pendant 3 ans.

Mais malgré sa souplesse et son intérêt manifeste, ce dispositif est encore peu connu et peu utilisé. En 2019, seulement 13 285 retraites progressives ont été attribuées par le régime général, ce qui est très peu, cela ne représente que 2% de l’ensemble d’attributions de droit direct de l’année 2019. 73% de ces attributions concernent les femmes. Reste à convaincre l’employeur, s’il ne connait pas les avantages de cette formule. Accepter qu’un salarié passe en retraite progressive peut permettre d’éviter une rupture conventionnelle qui peut prendre du temps, ou encore un licenciement qui sont souvent coûteux pour les entreprises. Bref, le passage en retraite progressive permet d’avoir un salarié dont le coût est réduit. Cela peut alors être un bon levier pour recruter de jeunes salariés, et engager la transition le plus rapidement.


Et quid du cumul emploi retraite ?

C’est une autre alternative au départ en retraite « classique ». Ce dispositif permet au retraité de reprendre une activité professionnelle et de cumuler les revenus de cette activité avec sa pension de retraite. Le cumul emploi retraite existe sous deux formes, il peut être total ou partiel selon les situations.

Quelques règles générales. Il y a en effet deux types de cumul emploi retraite, et les conditions dans lesquelles on peut cumuler un revenu d’activité avec une pension de retraite dépendent de la situation de l’assuré. S’il remplit les conditions pour toucher une pension de retraite à taux plein alors les restrictions sont peu contraignantes, il s’agit dans ce cas du « cumul emploi retraite intégral ». Si ce n’est pas le cas, alors l’assuré va être confronté à un plafonnement de ses revenus et devra se conformer au « cumul emploi retraite partiel ».

Le cumul emploi retraite intégral. Pour bénéficier de ce dispositif, l’assuré doit avoir liquidé toutes ses pensions de retraite de base et complémentaires à taux plein, en France comme à l’étranger. Le cumul intégral est alors possible :

-         A partir de l’âge d’obtention de la retraite au taux maximum (au taux plein, ou à 67 ans pour les personnes nées en 1955 ou après) ;

-         Ou dès que l’assuré a à la fois 62 ans et la durée d’assurance nécessaire pour obtenir une retraite au taux plein.

Dans le cas d’un cumul emploi retraite intégral, l’assuré peut reprendre une activité, peu importe la nature, immédiatement. Ce qui n’est pas le cas pour l’autre type de cumul emploi retraite.

Le cumul emploi retraite partiel. Ce dispositif s’applique aux assurés qui ne peuvent pas remplir les conditions du cumul intégral. Dans ce cas, il est possible de cumuler ses revenus d’activité dans une certaine limite.

La limite du cumul. Dans ce cas, le total mensuel des revenus et de la pension de retraite ne pas dépasser les revenus d’activité des trois derniers mois civils précédant la retraite. En cas de dépassement, le montant de la pension de retraite est réduit en fonction du montant du dépassement. Dès que le revenu d’activité change, il convient de prévenir la caisse de retraite afin que le montant de la pension de retraite soit réajusté à la nouvelle situation.

La date de reprise d’activité. Dans le cas du cumul partiel, il est tout à fait possible de reprendre une activité professionnelle immédiatement chez un nouvel employeur. En revanche, il faudra attendre 6 mois après le point de départ de votre retraite pour reprendre une activité chez le dernier employeur.

Le cumul emploi retraite a donc des avantages : il permet la reprise d’activité, il donne à l’employeur et au salarié la possibilité d’adapter le niveau d’activité et permet aussi de faire le relais avec les « plus jeunes ». Mais il présente un inconvénient majeur : ce dispositif ne permet pas de créer de nouveaux droits pour la retraite. En effet, comme toutes les pensions de retraites sont déjà liquidées, il est alors impossible d’obtenir des trimestres et des points supplémentaires. Cet inconvénient devait être réglé par la réforme M en discussion l’année dernière. Elle pour le moment « en attente » comme le reste du projet de réforme.

 

Conclusion : La retraite n’est pas une fin en soi

Ainsi donc le départ en retraite n’est pas si définitif. Plusieurs schémas alternatifs existent et le salarié peut choisir.

Alors, prêts ? 

Xavier Jaquard

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