Les théories du complot face à une jeunesse piétinée
Ce matin, j'ai lu cet article sur les complotistes anti vaccins qui mélangent le tout avec le déploiement de la 5G. S'ils ne comprennent rien-à-rien, ils doivent être en revanche très bien accompagnés car ils parviennent à détourner les règles de Facebook et à y diffuser leur vidéo.
Finalement, entre vie prolongée et vie gâchée, je ne peux m'empêcher de m'indigner face à certains de ces retraités que nous protégeons contre vents-et-marées et qui refusent de se faire vacciner pour des raisons fallacieuses. Au prix d'une jeunesse qu'on sacrifie et d'un espoir de rebond rapide.
En étant un peu "cash", je dirai même qu'au lieu de raconter n'importe quoi, papy ferait mieux de rester chez lui, éviter les lieux d'affluence et porter correctement son masque. Nos enfants pourraient alors espérer retrouver une vie presque normale.
L'esprit de solidarité et d'humanité a des limites.
En effet, ce sont bizarrement les mêmes qu'on retrouve à trois dans un petit bureau non aéré sans masque. Ou pire encore qui portent leur masque sous le nez, car "ça les dérange et ils étouffent et puis, ça ne sert à rien". Les mêmes d'ailleurs, parfois, qui refusent d'enseigner en présentiel parce qu'ils "ne sont pas de la chair (ou chaire) à canon".
Au lieu de donner des leçons, de colporter des bêtises sans nom, pire de pointer un doigt vengeur vers 'tous ces jeunes qui propagent le virus', ils devraient consentir à faire quelques efforts, rester plus chez eux, faire preuve d'un peu d'humilité et de reconnaissance pour les actifs et tous ces jeunes qu'on sacrifie sur l'autel de la cohésion nationale.
Car comme tous les professionnels de l'enseignement supérieur, je suis très inquiète.
Même dans des écoles privées où les groupes sont plus petits, où il y a plus de moyens pour suivre et accompagner les étudiants, où il y a plus de latitude aussi pour adapter des règles rigides, les étudiants craquent.
Certains se retrouvent à 18 ans hospitalisés en burn-out, ou pire, coincés qu'il sont dans une vie réduite à quelques mètres carrés et le "click-and-collect" du crous (quand ils y ont droit...) et whatsapp en guise de vie sociale. Comme si être étudiant se réduisait aux contenus des cours... et comme si des cours suffisaient à créer un contexte sain, bienveillant et permettant de construire son projet de vie et renforcer sa confiance en soi.
Quand tout ça sera derrière nous, il faudra une énergie sans limite pour redresser la barre et faire face aux tensions sociales et économiques alors que nous sommes au cœur d'une révolution industrielle. Et rien qu'à elle, elle a fait déjà des dégâts...
Dans ce monde, il y aura beaucoup d'opportunités pour ceux qui sont bien formés et plein d'allant. Pour tous ceux que cette crise sanitaire aura fragilisés, aura décrochés, l'avenir sera beaucoup plus difficile. Et l'écart se creuse tous les jours alors que tous représentent la richesse de notre Nation et l'espoir d'un rebond économique rapide.
Nous avons besoin de notre jeunesse pour relever ces défis à venir. Ils sont les clés de la transformation des entreprises et de la construction d'un monde plus durable. Comme toutes les époques et plus que jamais, nous avons besoin de leur énergie, de leur dynamisme, de leurs idées, de leur soif d'absolu et de leurs rêves d'un monde meilleur pour bâtir celui à venir. Pourtant, aujourd'hui, nous ne les respectons pas. Nous les plongeons dans une détresse et un pessimisme qui peuvent se révéler destructeurs pour le plus grand nombre.
Ils doivent absolument revenir en cours en présentiel. C'est une urgence absolue. Tous. Pas seulement les étudiants de 1ere année. Pas seulement 20% du temps. A minima pour tous les travaux dirigés et les travaux pratiques (ou leurs équivalents). Comme c'était le cas dans de nombreux établissements à la rentrée dernière. Parce que le face-à-face, le lien social, la discussion, ce qu'il faut pour bien apprendre et surtout reprendre confiance en soi.
Il ne faut pas oublier que ce n'est pas dans nos établissements où les protocoles sanitaires sont très strictement respectés, que le virus circule, mais en dehors. Donnons juste aux étudiants tous les moyens pour respecter les consignes.
Par exemple, les restaurants universitaires doivent accueillir de nouveau les étudiants. Au moins ceux qui vivent loin. En tant qu'établissements de l'enseignement supérieur, nous n'avons pas le droit d'accueillir les étudiants pour déjeuner. Ce n'est pas notre métier et si les restaurants sont fermés, c'est qu'il y a des raisons. Donc, en plein hiver, les étudiants sont censés déjeuner dehors bien espacés entre les gouttes, voire les flocons! Évidemment, ils s'entassent où ils peuvent dans une voiture ou dans une chambre étudiante. Et quelques heures après, il faut gérer un cluster.
J'ai conscience qu'il n'y a pas de solutions miracles. Je pense sincèrement que notre gouvernement a fait du mieux qu'il pouvait dans une situation inédite et que nous ne pouvons faire qu'une seule chose : consentir à un effort collectif pour s'en sortir. Mais, l'effort, c'est aussi aux personnes fragiles face à cette maladie, de le faire.
Ils doivent se faire vacciner, tous et dès que ça sera possible. Pour qu'on en finisse.
Et pour finir, on devrait pouvoir supprimer le wifi et l'accès aux réseaux sociaux à tous ceux qui propagent des bêtises de complotistes ou même qui ont le temps de regarder ça. Ils sont aveugles ou fous. Et à tous ceux qui me diront que ce n'est pas juste de leur retirer cette liberté, je répondrai que "mieux vaut une bonne injustice que l'anarchie".
Car si nous continuons à piétiner notre jeunesse, mais aussi tous les actifs, où puiserons-nous l'énergie nécessaire pour redresser nos entreprises ?
Senior Network Architect
4 ansCrèvecoeur & Tal Schuller dans la même visio 🤔
Chargé d'Affaires / Contrôle de Gestion - Univers marins: #maritime #naval #nautisme #windship #défense
4 ansDidier BEAUMONT à lire jusqu'à la fin... de même que son profil lkn. Amitiés implic'actives à tous les deux.