Les Travaux d'Hercule du dirigeant
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Les Travaux d'Hercule du dirigeant

La fonction de dirigeant et de dirigeante s’apparenterait-elle aux Travaux d’Hercule, ces « punitions » qu’Hercule dut accomplir – à sa demande – pour avoir tué sa femme et ses enfants ?

Le « à sa demande » n’est pas anodin car la plupart des dirigeants le deviennent en étant volontaires pour prendre le job. Mais le seraient-ils s’ils savaient les « Travaux » qui les attendent ?

La responsabilité

A partir de sa nomination, l’ex-futur dirigeant devient le boss. Il n’a plus son territoire d’expertise à gérer, mais l’ensemble des territoires de l’organisation : finances, commerce, RH, opérations, RSE, qualité, juridique, SI… Le dirigeant assume l’ensemble des décisions prises dans tous ces domaines. S’il veut ne pas trop faire n’importe quoi, il a intérêt à apprendre, et apprendre vite.

La solitude

Auparavant membre d’un collectif (codir, comex), le dirigeant se retrouve seul du jour au lendemain. Dorénavant, plus de pairs (en tout cas internes). A qui parler ? Avec qui échanger ? Vers qui se retourner pour prendre du recul, réfléchir, poser les valises cinq minutes ? Avec qui avoir ce rituel si banal que « boire le café du matin » ? Et ce café, si même on le prend avec les mêmes personnes, a-t-il le même « goût » qu’avant ? Le dirigeant se définit d’abord par sa solitude.

Charge d’âmes

Le dirigeant devient charge d’âmes, ce qu’est le capitaine d’un bateau et ce que n’est pas le numéro 2 : une (seule) place d’écart, mais une place qui change tout. Le dirigeant devient responsable de tout le monde, du manutentionnaire au cadre dirigeant. C’est un peu comme passer du stade de frère ou sœur au stade de parent. Plus du tout la même dimension.

Support de projection

Le dirigeant est examiné sous toutes ses coutures par tout le monde, ce que n’est pas le membre d’un codir. Il devient l’incarnation du tout, et plus simplement d’une partie. Ses faits et gestes, sa posture, sont l’objet de toutes les attentions. Le dirigeant donne le « la » de l’organisation. Son style donne le ton, pour le meilleur et pour le pire. Le dirigeant découvre le rôle de l’image et de l’exemplarité à grande échelle.

Fixer la direction

Une entreprise, c’est une stratégie, donc des choix, donc des renoncements, des allocations de ressources, des marchés, des produits et services, des prix, des zones géographiques, des organisations, des SI… Devenir dirigeant, c’est prendre 100 décisions par jour, trancher des dilemmes sans parfois disposer de toute l’information nécessaire. C’est faire des paris… et devoir les assumer.

Faire du collectif avec des individualistes

Dans l’ancien temps, lorsque le souverain prenait une mauvaise décision, on disait qu’il était « mal conseillé ». Le dirigeant d’aujourd’hui n’a pas ce luxe de se « cacher » derrière un défaut de composition : à lui de monter sa garde prétorienne.

Par ailleurs, et au-delà du choix des « joueurs », il faut encore parvenir à faire de cette somme d’individualités un collectif, chose tout sauf évidente quand tous les systèmes de gestion généralement déployés dans les organisations (objectifs, évaluation, rémunération, promotion, etc.) incitent à « jouer perso ».

Atténuer les nuisances du HQ

Parmi ses multiples tâches enthousiasmantes, le dirigeant doit aussi gérer les interfaces avec le HQ, grand pourvoyeur d’injonctions contradictoires, de rythmes intenables, de processus budgétaires sans fin, d’impatience et autres yakafauconismes.

Et pourtant, accepter sa faillibilité

Last but not least, le dirigeant doit accepter l’inverse de ce à quoi l’a préparé l’ensemble de son parcours : sa faillibilité, justement pour être à même de la traiter.

C’est peut-être le plus difficile, car l’ensemble de son environnement – externe et interne – attend l’inverse. Quoi qu’en disent certaines publications de coachs vantant les mérites de la « vulnérabilité », un dirigeant qui donne à voir sa fragilité – inévitable – risque de déstabiliser son organisation.

Peut-être après tout faut-il pour devenir dirigeant ce qu’il faut pour devenir parent : une certaine dose d’inconscience.

Carol Lombard

Accompagnement Stratégique & Humain du monde Agricole

11 mois

Tellement vrai... et dirigeant coach amène en plus une dose d'autoréalisme où l'on se voit soi en position méta seul face à cet Herculisme ! Tenté ?!

Florence Soustre-Gasser

Coach professionnelle, Superviseur de coachs et Médiatrice certifiée

11 mois

Je me suis souvent dit qu’il fallait vivre dans les baskets d’un dirigeant pour comprendre ce que c’est. Merci pour ce partage Arnaud, ces caractéristiques qui vous marquent dans votre chair. Coachs qui voulez pratiquer l’exécutive coaching, assurez-vous d’avoir bien appréhendé (et pas seulement compris) la réalité de ce que vit un dirigeant. La théorie de l’esprit est notre amie…

Tristan CANAT

DGA & Coach professionnel chez Aatiko Conseils, j'accompagne les transformations stratégiques, managériales et organisationnelles de l'habitat social et de l'économie mixte

11 mois

Un bien bel article. Merci Arnaud.

Bruno Adler

🎤 Conférencier, Libérateur d'énergie positive 🚀 Coach 🧑🏫 Formateur, concepteur du modèle de leader optimaliste

11 mois

Sans doute est-il difficile d'être dirigeant dans nos environnements si incertains. Il me semble malgré tout que ce sont les managers de proximité sans boussole, coincés par des injonctions paradoxales qui s'étouffent sous les pressions des collaborateurs et de leur hiérarchie.

Sandrine FICHET

Je forme au Savoir-Être pour une meilleure efficacité dans les échanges entre collaborateurs et avec les clients | La Communication Interpersonnelle au service de votre réussite !

11 mois

C'est pour toutes ces raisons soulevées dans votre article très juste, qu'un dirigeant doit se faire accompagner par une personne extérieure à son entreprise, qui comprend ses défis du quotidien et qui saura l'épauler, tout en ayant le recul nécessaire puisque au dehors de l'entreprise. Une personne experte en organisation opérationnelle. C'est parce que j'ai tout à fait pris conscience des enjeux des dirigeants que j'ai accompagnés, à qui j'ai aimer apporter des solutions chaque jour, que j'ai souhaité proposer mes services en ouvrant mon entreprise de Consulting auprès de dirigeants. Merci pour cet article qui fait sens pour moi !

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