Let's walk the talk!

Et si l'on faisait réellement ce que l’on prône ? Oui, je sais, les belles intentions ne se transforment pas toujours en actes… Il faut peut-être creuser parfois pour comprendre ce qui se joue entre le moment où on affiche des intentions et le déploiement sur le terrain.

Prenons un exemple concret. Vous l’avez certainement noté aussi : ces dernières années ont vu émerger en engouement pour le « parler vrai ». Que ce soit dans les méthodes de management agile ou ailleurs, partout on affiche le souhait de promouvoir une culture dans laquelle on évite les non-dits, on traite les situations avant qu’elles ne dégénèrent, etc.

On ne peut que s’en réjouir…

Pourtant, il faut bien l’avouer, ceux que nous accompagnons nous partagent leur déception à ce sujet : ils constatent une absence quasi-totale de changement après de telles annonces.

« Nous avons tous été sensibilisés à la pratique de ces ‘quality conversations’, et pourtant on est loin du compte, personne n’ose réellement dire les choses chez nous en réalité. »

Comment expliquer ce décalage ? Les esprits chagrins y verront peut-être de l’hypocrisie, une forme d’affichage sans lien avec les intentions réelles des sponsors de ces démarches.

Ce n’est pas ma vision des choses. Une autre hypothèse me semble beaucoup plus vraisemblable et correspond à la grande majorité des situations que j’ai pu approfondir. En réalité les personnes enthousiastes d'emblée à l'idée de mettre en oeuvre cette injonction à « parler vrai » au quotidien ont souvent des tempéraments de fonceurs, qui ont du mal à mettre les formes, à trouver le moment juste et le contexte adéquat pour dire les choses… Ces esprits pionniers essuient les plâtres de la démarche, la fleur au fusil, et se font vite remettre à leur place avec une sanction sans appel : « tu manques vraiment de diplomatie ».

Les plus téméraires ont donc testé maladroitement l’approche, et des collègues et alliés leur expliquent qu’ils s’y sont mal pris et qu’un coaching leur ferait du bien…

C’est juste : on peut tout à fait aiguiser le sens politique grâce à un accompagnement individuel. Sauf que cela ne fera pas évoluer la culture de l’entreprise. Pire : en attendant, le feedback donné à cette personne a surtout offert un prétexte aux plus frileux pour faire contrepoids à cette démarche de se dire les choses, qui nécessite du courage…

Doit-on en conclure que la culture du ‘speak up’ est vouée à l’oubli, car inadaptée à nos organisations ? Certainement pas.

C’est simplement le signe que l’art du feedback ne s’improvise pas, et qu’il est nécessaire, s’il y a réellement une intention de faire évoluer les pratiques, d’aller vraiment plus loin que de poser une intention de se dire les choses et de faire une sensibilisation éphémère…

Cela suppose de revoir la manière dont nous interagissons les uns avec les autres.

Et tout le monde est concerné, pas seulement les managers, car on peut s’entrainer en toutes circonstances -y compris sur des sujets qui semblent aussi futiles que le réglage de la ventilation dans les bureaux partagés...

Accompagner l’émergence d’une culture relationnelle différente demande de l’énergie et du courage, mais le jeu en vaut la chandelle !

#feedback #courage #empathie #posture #oser