Lettre ouverte à Victor Hugo par Sid Seghier

Lettre ouverte à Victor Hugo par Sid Seghier

Lettre ouverte à Victor Hugo par Sid Seghier un enfant de Tigditt.

Je maudis et bénis à la fois mon professeur qui m’a fait lire, du haut de mes 11 ans, ton livre Les misérables. Nous étions 30 élèves dans la classe à te suivre, chacun son tour lisant un, voire deux paragraphes.

Je n’avais qu’une idée, qu’un seul rêve, rejoindre Jean Valjean, être et devenir Jean Valjean. Mais, pour ça, il fallait rejoindre le pays de Jean Valjean, Cosette et Gavroche. Longtemps, j’ai cru que Jean Valjean était un vrai Monsieur, à tel point que le personnage a dépassé le maître que tu étais. Tu m’as berné, mais je ne t’en veux pas, tout comme mon professeur que l’on appelait « Monsieur, monsieur ! »

Grâce à tes romans, nous avons fait le choix de réfléchir, de penser et d’écrire en français. Kateb Yassine, écrivain et dramaturge que tu aurais sûrement félicité, considérait la langue française comme « un butin de guerre ». Cette belle langue donne toujours d’excellents fruits, tel le petit dernier, Kamel Daoud, aussi bon que François-Victor !

Aujourd’hui, on te parle d’une méthode ! Celle de Singapour. Sommes-nous devenus aussi cons pour en arriver là ?

Nous étions des milliers dans le monde focalisés sur une même idée, venir en France poursuivre nos études en français. Certains sont devenus chercheurs, médecins, professeurs, comédiens, d’autres, bohèmes. On a même vu des Nobel ! De la paix, de physique, de littérature…

Rien ne vaut la méthode française, je te le dis, moi !

Alors, pour te remercier de m’avoir fait aimer le français, cette langue qui est aussi la mienne, j’ai décidé de faire partir sur l’Europe, à partir des Champs-Élysées, le 14 juillet 2020, 28 plants de chênes, dont les glands viennent de Guernesey, profitant ainsi de célébrer les 150 ans du chêne des États-Unis d’Europe.

Voilà, mon cher Hugo, c’est tout ce que j’avais envie de te dire.

Ah si, une dernière question, Victor Hugo : comme dans Zorro, Jean Valjean, c’est bien toi ?

Amitiés

L’enfant de Tigditt.

PS : Dans mon jardin, j’ai déjà un plant de ton chêne et, pas loin, un plant du marronnier de Chateaubriand. J’espère que vous allez causer entre vous. D’autres arbres attendent leur tour. C’est mon panthéon botanique, seul héritage que je laisse à mes enfants.


 

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