Levée de seed : Entrepreneurs, anticipez votre série A !

Levée de seed : Entrepreneurs, anticipez votre série A !

Vous connaissez le topo, votre première “vraie” levée de fonds dite d’amorçage ou de seed, qui accompagnera la structuration de votre entreprise (embauches stratégiques, augmentation des métrics, déploiement…) sera, je vous le souhaite, suivie de beaucoup d’autres.

Et en premier lieu de votre série A, qui doit accompagner l’expansion et le développement de votre startup. Les montants levés lors de ce deuxième tour varient approximativement entre 700k€ et 3 millions d’€ en France. Hélas, ce deuxième tour peut s’avérer plus difficile / long que prévu pour les jeunes entrepreneurs !

Jeunes entrepreneurs luttant pour leur série A après des mois de refus

“Serie A Crunch” : Kesako ?

C’est un problème relativement récent dans l’écosystème : si beaucoup de nouveaux acteurs apparaissent pour garantir la réussite de nombreuses levées de seed (“Seed Surge”), le financement disponible en série A a tendance à stagner tandis que les candidats se bousculent. Et que ces entrepreneurs sont souvent mal préparés. Ce qui pousse les acteurs sur ce créneau à augmenter leurs exigences.

Résultat, beaucoup de startups ayant brillamment, voire facilement, levé des fonds une première fois se retrouvent à court de financement quelques mois plus tard, car leur série A s’avère plus difficile que prévu. Raisons possibles ? Indicateurs chiffrés beaucoup plus exigeants lors d’un 2ème tour, confiance accumulée après une belle levée d’amorçage, stratégie de levée imprécise ou trop ambitieuse, accompagnement déficient, équipe mal structurée… et beaucoup d’autres.

Comme le dit si bien Sam Altman (président du prestigieux Y Combinator) : “Seed money is so easy to raise in the current environment that founders assume they can just raise more money whenever they want.”

Ainsi, considérez que votre levée d’amorçage comme le moment idéal pour anticiper et préparer au mieux la série A qui suivra (en théorie, sous 12/18 mois). Si celle-ci sera clé pour assurer le développement sur le long-terme de votre entreprise, la levée de seed est déterminante pour assurer la viabilité de votre projet.

Voici donc quelques conseils pour anticiper au mieux votre série A dès votre levée de seed :

Une startup après sa levée d’amorçage

1-Trouver les bonnes personnes pour vous accompagner

Être rapidement bien entouré, par des investisseurs / Business Angels impliqués ou de bons mentors, est primordial. La levée de seed est le moment parfait pour bien choisir ces personnes.

  1. Cela crédibilisera votre projet
  2. Et vous apportera l’expérience, le réseau et le temps de ces personnes compétentes et désireuses de vous accompagner sur le long-terme

Ces personnes feront sûrement partie de votre board ou/et de votre advisory board, dont les rôles peuvent être déterminants pour le développement de votre startup !

Rappel : qu’est ce qu’un advisory board et pourquoi est-il important ?

Un advisory board, c’est la réunion des personnes en théorie plus expérimentées ou spécialisées que vous qui, sans investir dans l’immédiat dans votre startup, peuvent faire avancer votre projet dans la bonne direction.

2-Garder une cap table clean

Les bons Business Angels, qui apportent une forte valeur ajoutée aux startups dans lesquelles ils investissent, sont très sollicités. Ils sont donc d’autant plus difficiles à convaincre.

Pour les séduire, une startup doit remplir plusieurs critères essentiels. À commencer par une répartition saine de son capital, qui laisse augurer une bonne gestion de l’entreprise, et qui maximise les chances de réaliser une belle série A à terme.

Or, présenter une cap table avec un grand nombre d’actionnaires inactifs peut rapidement dissuader des Business Angels, ce dès le tour de seed, et sera encore plus problématique devant les plus gros acteurs que vous solliciterez lors de votre série A.

En effet, une telle répartition du capital dilue forcément le(s) fondateur(s), un mauvais signal envoyé à ces acteurs. Aussi, avoir des actionnaires qui ne connaissent pas bien la direction de l’entreprise et son écosystème peut à terme bloquer certaines décisions importantes, ce qui est rédhibitoire pour un fonds.

Qui sont ces actionnaires inactifs? Ils sont composés généralement des personnes que l’on fait rentrer à son capital au début d’un projet (famille, amis, co-fondateur(s) maintenant retiré(s) du projet, agences, partenaires…) mais qui n’ont pas vraiment d’utilité pour le développement de votre startup.

La solution ? Profitez en pour nettoyer votre cap table — par exemple, en rachetant les parts de ces actionnaires inactifs — et faites attention à qui vous allez donner des parts lors de votre levée de seed !

Plus sur ce sujet — [Tips] Pas de levée de fonds sans une table de capitalisation propre !

Une table de capitalisation peu morcelée

3-Valorisation : Se demander ce que le marché est prêt à accepter

Le sujet de la valorisation (et donc de la part de capital que vous allez concéder en échange d’un financement) est souvent au coeur du débat lors de la levée d’amorçage.

En France, la dilution moyenne en levée d’amorçage varie en moyenne entre 20 et 30%, selon le montant levé, le degré de maîtrise de votre technologie, l’équipe, votre marché potentiel, l’avancement de l’entreprise, le secteur… Proposer une dilution faible (et donc augmenter votre valorisation) est possible. Néanmoins, en plus de dissuader beaucoup d’investisseurs d’office, il faut avoir en tête que lors de votre prochaine levée les investisseurs auront des attentes d’autant plus importantes que votre société est sur-valorisée au premier tour.

Si vous avez des doutes, mieux vaut accepter une valorisation un peu en dessous de vos attentes plutôt que de vous mettre la barre trop haute pour la suite & ne pas tenir vos ambitieux objectifs de croissance ou vous priver d’investisseurs à haute valeur ajoutée pour votre startup.

Prendre la grosse tête peut parfois effrayer les investisseurs potentiels…

4-Une question de timing

A quelques mois d’intervalle, le projet peut avoir une valeur entièrement différente. Cela dépend de l’état du marché des levées, de l’envie des investisseurs, de la dynamique du projet…

Une autre solution est donc d’attendre d’avoir les meilleurs clés en main et d’avancer un peu plus, ce qui peut impliquer de prendre quelques risques en terme de financement au début, pour ensuite faire une levée de seed importante (>600/700k€).

Cela peut vous permettre d’envisager sereinement votre croissance par la suite grâce à une trésorerie importante, et de vous laisser du temps pour gagner en puissance pour votre série A.

Voir à ce sujet le retour d’un des cofondateur & CMO de Tiller Systems, qui a levé 4 millions d’euros en avril 2016.

5-Ne pas se griller

Les acteurs du secteur de l’investissement (VC, Business Angels…) ont la mémoire longue ! Faites attention pendant votre levée de seed de ne pas viser trop haut si vous n’êtes pas prêt — par exemple en allant démarcher les Business Angels stars dès le début de votre levée de fonds — vous risquez de :

  1. Faire mauvaise impression, et perdre ainsi des investisseurs potentiels qui se souviendront des mauvais signaux envoyés (exemple : valorisation ou montant recherché bien supérieurs aux standards du marché, métrics insuffisantes, équipe qui n’a pas fait ses preuves)
  2. Perdre l’effet de surprise de la découverte d’un nouveau dossier
  3. Et surtout, ne pas oublier que les informations vont vite dans l’écosystème

Par contre, sachez qu’il est plutôt raisonnable d‘amorcer un contact avec des gros acteurs (comme les fonds), car c’est eux que vous solliciterez lors de votre série A. Vous pouvez d’ors et déjà les préparer.

Dernier détail : garder la tête froide par la suite et… Prendre son temps !

La levée de seed va vous servir à crédibiliser votre projet de fond en comble pour pouvoir par la suite séduire de plus gros acteurs.

Ils seront plus exigeants, il s’agira donc de pouvoir prouver la validité de votre modèle (métrics à l’appui) & la fiabilité / complémentarité de votre équipe. Cela risque de prendre du temps, mais mieux vaut ne pas se précipiter en essayant de bâcler votre série A ou de la commencer trop tôt.

Well think about it... And good luck !


Violette Marquis

CMO @Fundme & @AngelSquare

Paul Wertheimer

Vice President Tech Investment Banking - Bryan, Garnier & Co

8 ans

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