L'excès de confiance n’attend pas le nombre des années
Que l’on soit admirateur de l’Oncle Sam ou non, en matière de finance, il est toujours intéressant de regarder les tendances Outre-Atlantique. Et la finance comportementale doit d’autant moins faire exception à ce réflexe que cette discipline y est beaucoup plus développée qu’en France.
Une observation sur 30 000 investisseurs individuels
C’est à ce titre qu’on se plonge assez naturellement dans le rapport de la fondation FINRA de décembre 2022. Cette fondation vise à « aider les américains à atteindre une stabilité financière, investir pour des objectifs de vie et se prémunir contre la fraude ».
Noble tâche, vaste programme !
Le dernier rapport étudie donc les comportements et l’environnement des investisseurs particuliers (un échantillon d’environ 30 000) pour dresser quelques conclusions.
Laissons de côté les sujets de retraite qui sont liés à un système bien différent du nôtre et qui incite à se soucier de ses vieux jours dès le plus jeune âge. Passons également outre le poids des ETF qui reflète une industrie très développée aux Etats-Unis.
Que reste-t-il alors de suffisamment intéressant pour se saisir de son clavier ?
Une caractéristique clé : l'excès de confiance !!!
Les jeunes séduits par les crypto-monnaies
On y apprend ainsi que malgré les turbulences et un niveau de connaissance stable (88% vs 85% en 2018), les américains sont deux fois plus nombreux qu’en 2018 à désirer investir dans les crypto-monnaies. Le mimétisme… l’aversion aux regrets… ou tout autre biais semble rôder autour des investisseurs particuliers !
Les investisseurs débutants (moins de deux ans) sont les plus investis dans cette classe d’actifs. Pas forcément surprenant, les jeunes prenant habituellement davantage de risques (d’ailleurs seulement 42% des 18-34 ans considèrent cette classe d’actifs comme très risquée contre 71% chez les plus de 55 ans).
Est-ce déjà un petit excès de confiance ou simplement une meilleure compréhension que leurs aînés ?
Recommandé par LinkedIn
Pandémie propice … aux transactions !
La sur-confiance est souvent mise en avant par le nombre de transactions opérées (« je suis certain que cette fois j’ai une bonne idée de trading »). Dans cette étude, on coche la case chez les jeunes : alors que « seulement » 28% de l’échantillon ont déclaré avoir passé davantage d’ordres pendant la pandémie, les 18-34 ans ont été 53% à reconnaître avoir traité davantage sur cette période ! Ce comportement dénote aussi un biais d’action (incapacité à rester inactif) bien connu des chercheurs.
Un tuto(riel) rapide ?
Les jeunes forment une catégorie bien particulière en termes de prise de risque mais aussi de sources d’information : ils forment la seule catégorie à utiliser davantage les réseaux sociaux (YouTube en tête, loin devant LinkedIn qui n’est que 8e – de quoi changer de réseau social !) plutôt que les avis de professionnels de la Finance… Mais peu importe la source si au final on maîtrise les prérequis : les connaissances financières basiques. Et c’est là le hic ! Sur dix questions (définition d’une action, notions de risque et rendement…), les plus jeunes font pâle figure avec une note de 4/10 (notons tout de même que les plus âgés ne sont qu’à 5.2/10 ce qui laisse une marge de progression).
Rien de grave alors ?
Découvrons la suite !
L’auto-évaluation flatteuse
La véritable sur-confiance est mise en lumière quand on se trompe mais que l’on est persuadé d’avoir raison. Or, 65% des 18-34 ans considèrent avoir une connaissance « élevée » alors qu’ils ont faux à 4 questions basiques sur 10 (et 2 « je ne sais pas »). Les plus âgés font un peu mieux (64% pour 2.4 réponses erronées).
« Un peu » de connaissance peut être dangereux
Petit bonus, puisque l’étude posait une 11e question libellée comme suit : « Si vous détenez une option d’achat avec un prix d’exercice de 50$ sur un titre qui vaut 40$, et que l’option expire aujourd’hui, quelle est le montant le plus proche de la valeur de l’option : 10$, 0$, -10$ ou je ne sais pas ». Ce qui est intéressant ce n’est pas que seulement 13% des sondés aient eu juste (0$). Voici le vrai problème : tandis que l’ensemble des sondés ont eu faux à 39% et ont reconnu ne pas savoir à 47%, ceux qui avaient traité des options ont eu faux à 62% (et que seuls 13% ont reconnu ne pas savoir).
Conclusion de l’étude sur ce sujet : « un peu » de connaissance peut être dangereux !
Les vues exprimées n’engagent que son auteur et aucune autre personne physique ou morale. Contact: financespersonnelles@camblain.fr
Tjs très intéressant Edouard. Merci