L'Hebdo Corpo #8
🇫🇷 Les levées de la semaine :
REPRISE D'ATOS : PLUSIEURS OFFRES EN PERSPECTIVE
Atos, géant de l’informatique a reçu quatre offres non engageantes de restructuration financière pour lui permettre de se relever après un exercice 2023 catastrophique aboutissant à une perte nette de 3,4 Md€ et un endettement record de 4,9 Md€. D'ici le 31 mai, la société vise à élaborer une solution qui serait jugée satisfaisante par ses créanciers.
Parmi les quatres offres sur la table, celle de Bain Capital a déjà été écartée. Des discussions concernant les trois autres offres (le businessman tchèque Daniel Kretinsky, David Layani avec Onepoint, les créanciers du groupe) sont en cours et une offre finalisée devrait être présentée aux créanciers d’Atos d’ici la fin mai.
Le pilier technologique de renom de la “French Tech” prévient ses actionnaires qu’ils devraient se préparer à voir leur part dans la société réduire drastiquement, avec “l’émission de nouvelles actions”. Par ailleurs, la société a déclaré son ouverture à des discussions avec l’État, après l’annonce de ce dernier que celui-ci souhaite acquérir les activités souveraines d’Atos pour éviter que ces technologiques sensibles dépendent d’intérêts étrangers.
GOLDMAN ACQUIERT CRYSTAL SUR UN LBO MAJORITAIRE
Goldman Sachs, à travers sa division Private Equity, a récemment mené une opération majeure d'acquisition en prenant le contrôle majoritaire de la société de gestion de patrimoine française, Crystal, pour 920 millions d'euros. Cette transaction, orchestrée par Rothschild & Co et Newco CF, représente un multiple de valorisation de 16 à 17 fois l'Ebitda de Crystal (montant énorme par rapport au secteur).
Suite à cette opération, GS détient maintenant 60% des parts de Crystal, tandis que Seven2 voit sa participation réduite à 25% et le management conserve les 15% restants, marquant ainsi la sortie d'OFI, qui détenait auparavant 15% des parts.
Le financement de cette acquisition s'est appuyé sur une dette de 250 millions d'euros fournie par Ares, un fonds de dette privée. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large visant à soutenir l'expansion internationale de Crystal, notamment en Belgique, en Suisse et en Espagne, afin de cibler une clientèle de non-résidents. Pour Seven2, cette cession représente une sortie après trois années d'accompagnement au cours desquelles Crystal a réalisé 26 acquisitions et gère désormais 22 milliards d'euros d'actifs.
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AGERAS LÈVE 82 MILLIONS D'EUROS POUR RENFORCER SA POSITION FINTECH
Ageras, une fintech danoise spécialisée dans les logiciels comptables pour les petites entreprises européennes, a récemment conclu son dernier plus grand tour de table. La levée de fonds totalise 82 millions d'euros et a suscité un vif intérêt tant de la part des investisseurs existants que de nouveaux entrants. Ces fonds supplémentaires permettront à Ageras d'explorer de nouvelles opportunités d'acquisition dans un marché européen dynamique, renforçant ainsi sa position dans le secteur des logiciels de gestion financière pour les petites entreprises.
Fondée en 2012 par les entrepreneurs en série Rico Andersen et Martin Hegelund, Ageras est passée d'une simple plateforme en ligne mettant en relation les petites entreprises avec des comptables et des experts-comptables à une entreprise fintech prospère comptant environ 250 employés. Cette dernière levée porte le financement total d'Ageras à près de 200 millions d'euros.
Avec des objectifs ambitieux de devenir leader sur le marché et d'envisager une éventuelle introduction en bourse, Ageras vise à augmenter son chiffre d'affaires annuel récurrent à 100 millions d'euros. Cette stratégie s'appuie sur l'expansion continue de sa gamme de produits et services pour mieux servir sa clientèle croissante dans ses quatre marchés principaux : le Danemark, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas.
WEWORK POURSUIT SA RESTRUCTURATION ET S'ATTAQUE À LA FRANCE
WeWork poursuit sa restructuration en France en fermant huit sites sur les vingt qu'elle exploitait. Cette décision intervient alors que l'entreprise américaine est placée sous protection du régime des faillites depuis novembre 2023.
Les créanciers principaux de WeWork en France sont ses bailleurs, et cette décision de fermeture fait partie de la restructuration globale de la dette de l'entreprise. Les sites concernés sont les moins rentables, tandis que les centres historiques comme ceux de la rue Lafayette et des Champs Élysées restent ouverts. WeWork affirme ne pas fermer en France mais plutôt chercher à stabiliser son activité et à augmenter la profitabilité de sa filiale française.
La fermeture des sites français s'inscrit dans une rationalisation plus large déjà entamée aux États-Unis, notamment à New York. Depuis le départ de son cofondateur Adam Neumann en 2019, l'entreprise a connu des difficultés croissantes, accentuées par la pandémie de Covid-19 et la généralisation du télétravail. Malgré ses efforts pour se relever, WeWork reste écrasée par sa dette, avec des offres de rachat récentes bien en deçà de sa valorisation précédente.
PS : Je vous conseille la série "WeCrashed" si vous voulez en savoir plus sur l'histoire de la boîte.
Pierre GUIRAL & Enzo Marmande