L'heure du changement a sonné pour les RH !
RH. Pour Ressources Humaines. Cette abréviation, nous la connaissons tous. Mais voilà, il se pourrait bien que ce qu'elle représente disparaisse à jamais, en un clin d’œil. Ce n’est pas moi qui le dit, mais un rapport du cabinet-conseil Deloitte.
Intitulé Tendances relatives au capital humain – La nouvelle réalité du travail selon la perspective canadienne, il s’appuie sur un sondage mené à l’échelle mondiale auprès de 3 300 chefs d’entreprise et responsables des RH de 106 pays, dont le Canada. Et l’un de ses principaux faits saillants est, je cite, «l’impératif de réinventer les RH». Ni plus ni moins. Regardons ensemble de quoi il retourne…
Le rapport de Deloitte met en évidence les 10 principales tendances actuelles en matière de management, en particulier au Canada. Or, la seule qui connaît un bond en l’espace d’un an, c’est la tendance dénommée «Refonte des RH», qui était à la 11e place l'année d'avant et qui figure maintenant à la 4e place. À cela s’ajoutent deux données corollaires : la tendance «Analytique en RH et en gestion des talents» est passée en un an de la 9e à la 6e place ; et la tendance «Données sur les talents provenant de partout» apparaît pour la première fois dans le Top 10, à la dernière place, soulignant le fait que les données sur les employés ne viennent plus seulement des RH, mais aussi d’ailleurs (médias sociaux, etc.).
Ainsi, le rôle des RH figure dans 3 des 10 tendances actuelles. C’est dire à quel point il est au cœur des préoccupations des entreprises canadiennes. Et ce n’est pas tout ! Des chiffres issus du rapport ont de quoi donner froid dans le dos de nombre de directeurs des ressources humaines (DRH) :
> Une rarissime satisfaction. Seulement 7% des personnes interrogées au Canada – des hauts-dirigeants exclusivement, je le rappelle – qualifient le travail effectué par leur équipe des RH comme «excellent».
> Un travail à peine convenable. 60% des personnes interrogées trouvent le travail de leur équipe des RH soit tout juste «convenable», soit carrément «inadéquat».
> Une efficacité douteuse. 40% des personnes interrogées considèrent que leur équipe des RH ne parvient pas à fournir aux employés des programmes de formation adaptés au besoin de leur entreprise.
Des chiffres que l’on peut résumer par un seul :
> Un nécessaire changement. 81% des personnes interrogées estiment que la refonte des RH est une question «importante» ou «très importante»
Bref, c’est un désaveu complet ! «Le changement est nécessaire, car les RH n’arrivent pas à s’adapter aux nouveaux besoins des entreprises qu’elles soutiennent, ni à suivre le rythme du changement lui-même», lance, laconique, le rapport de Deloitte. Et d’enfoncer le clou : «Le besoin de changement est crucial — et urgent».
Comment s’y prendre pour entreprendre correctement un tel virage managériale ? Voici ce que préconisent les experts de Deloitte…
«La refonte doit commencer par l’identification des nouvelles responsabilités fondamentales des RH — principalement la découverte et le développement des talents dont l’entreprise a vraiment besoin pour assurer sa prospérité. Les RH pourront alors se délester de certaines responsabilités non essentielles, en particulier de nombreuses activités transactionnelles qu’elles ont toujours assumées et qu’elles peuvent parfois avoir du mal à laisser aller.
«Ce basculement des priorités et des responsabilités obligera le service des RH à former leurs effectifs pour qu’ils deviennent de véritables conseillers, et non de simples fournisseurs de services. Les ‘nouvelles’ fonctions des RH auront besoin d’employés de haut niveau capables de :
- comprendre les enjeux opérationnels ;
- anticiper les besoins ;
- viser l’amélioration continue ;
- adopter instruments d’analyse et autres outils technologiques novateurs à même de soutenir les objectifs de leur organisation.
«Les DRH devront non seulement s’assurer que leurs employés ont les compétences et les connaissances voulues, mais aussi faire valoir leur rôle de conseiller stratégique, au-delà du rôle de ‘conseiller en affaires personnelles’. Ils devront, quant à eux, saisir cette occasion pour repenser leur modèle de services, approfondir leurs savoirs et modifier leurs outils — et ne surtout pas se contenter d’améliorer ceux existants.»
Autrement dit, nous sommes bel et bien à l’aube d’un petite révolution des RH, lesquelles risquent de prendre sous peu un tout nouveau visage. «Il faudra aux entreprises canadiennes faire plus que quitter le confort de leurs habitudes, il leur faudra effectuer un virage managérial majeur. Elles devront adopter une pensée avant-gardiste afin d’être en mesure de former de nouveaux leaders, qui sauront diriger et inspirer une main-d’œuvre renouvelée et différente», confirme Pascal Occean, associé et directeur, capital humain, Québec, de Deloitte.
Bon. Tout cela est plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. Voire. Car la bonne nouvelle, dans tout ça, c’est qu’il semble qu’un grand nombre d’entreprises soient prêtes à se lancer dans l’aventure. Regardons ce qu’en dit le rapport : «Une refonte de cette envergure nécessitera des investissements considérables. Or, 62% des personnes interrogées au Canada disent avoir l’intention d’accroître leurs investissements dans les RH au cours des prochaines années». Voilà qui est encourageant, vous ne trouvez pas ?
Que retenir de tout cela ? Cette phrase tirée de la conclusion du rapport de Deloitte, je pense :
> L’heure du changement a sonné pour les RH. «Les RH doivent entreprendre une transformation radicale, abandonner leur modèle transactionnel désuet et devenir les véritables conseillers dont les entreprises ont cruellement besoin». CQFD.
En passant, l’écrivain américain Frank Herbert a dit dans Les yeux d’Heisenberg : «À chaque changement de point de vue correspond un changement de lois. Il existe donc une infinité de lois.»
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Cet article vous a plu? Tant mieux! Je vous invite par conséquent à en découvrir plein d'autres dans mon blogue «En Tête» diffusé par le journal Les affaires et à rejoindre mon groupe Le Cercle du Management.
Coordonnatrice santé-sécurité chez Barrette-Chapais Ltee | Maitrise en gestion
8 ansJ'adore Olivier car les résultats de ses recherches permettent de réfléchir ou faire réfléchir . Les RH doivent évoluer afin d'être un réel partenaire stratégique . Parfaitement d'accord avec tous ceux qui ont indiqué que le % de transactionnel / opérationnel qu'on réalise est important , trop important . On doit se réinventer et le changement doit débuter par nous.
Leader en transformation et design organisationnel en contexte de relève ou croissance | Podcasteuse🎙️| Formatrice
8 ansIntéressant de voir la réaction émotive dans les différents commentaires :-). Cela dit, je trouve l'article et les commentaires encourageants! C'est dans la turbulence que les choses changent vraiment. Ici pour ce faire, on aura besoin d'une évolution à la fois des maisons d'enseignement, des entreprises ET des professionnels du domaine des RH. Ça prend un équilibre dans cet écosystème. Arrêtons de se lancer la balles a qui est la faute et ramons dans le même sens?
Directeur des ressources humaines chez Franklin Empire Inc. | Leader d'équipe, visionnaire RH, influenceur RH
8 ansMerci Olivier, Je diviserai mon intervention en deux volets... et comme toujours ce n'est pas aujourd'hui que je me ferai des amis encore moins ici. Je ne mets pas en doute l'étude de Deloitte ni leurs résultats, mais l'interprétation qu'ils en font est mitigé et me laisse un gout amer. Je ne connais rien à la plomberie, donc quand on m'interroge sur le sujet, j'me la ferme et je laisse parler et intervenir les experts en la matière. Si pour vous, RH est synonyme de recrutement, vous êtes dans le champ. Si pour vous, RH est synonyme de télékinésie, vous êtes ... Je reprendrai 3 points que vous avez cités et qui se sont déjà présents -et se présenteront encore- à moi. 1- "Le changement est nécessaire, car les RH n’arrivent pas à s’adapter aux nouveaux besoins des entreprises qu’elles soutiennent, ni à suivre le rythme du changement lui-même", - Exemple 1: demandez à un gestionnaire qui doit combler un poste vacant quel type de profil il recherche... dans 80% des cas, le gestionnaire vous répondra ce à quoi il s'attend du candidat... qu'il soit en mesure de faire d'accomplir telle tâche... d'accord, mais cherchez-vous quelqu'un qui privilégie le travail d'équipe ou non, quelqu'un qui gère l'autorité ou non, le stress ou non, quelqu'un qui veut prendre sa retraite sur cette chaise ou bien progresser? Ah, c'est vrai je n'avais pas pensé à ça!!! D'accord, donc comment veux-tu que je suive ton rythme si tu le brise en partant? 2- "Les DRH devront non seulement s’assurer que leurs employés ont les compétences et les connaissances voulues,...» - Rôle conseil, rôle d'influence, partenaire d'affaires, King pin de tes affaires... nous devons tous travailler ensemble pour le bien de l'entreprise. Moins de transactionnel, parfait, beaucoup plus stratégique, amen! Dans l'opérationnel, nous collaborons tous ensemble pour les objectifs financiers, donc les compétences et les connaissances doivent être conjointement planifiées. Les DRH ne décident pas des compétences du machiniste ou de l'ingénieur... 3- "Une refonte de cette envergure nécessitera des investissements considérables. Or, 62% des personnes interrogées au Canada disent avoir l’intention d’accroître leurs investissements dans les RH au cours des prochaines années». Voilà qui est encourageant, vous ne trouvez pas ? - Désolé, mais on bitch les RH, on ne comprend pas trop ce qu'ils font, on ne veut pas qu'ils s'ingèrent de le travail... mais on va investir en eux! Merci âme charitable. Mon second volet d'intervention touche les commentaires que vous -et votre article- soulèvent... je ressens et lis beaucoup d'insatisfaction et de frustration que je peux moi-même partager à l'occasion. Je suis désolé des mauvaises expériences que vous avez eues avec les RH... mais nous pouvons en dire autant de biens des fonctions. Je dirai, donnez-nous les moyens de nos interventions, et nous livrerons! Vous êtes en désaccord avec moi, c'est correct.
ComOps | La communication sensible des dirigeants et des managers
8 ansMerci Olivier. L'enquête #Deloitte sur les #RH déménage ! Votre analyse aussi ! Les #DRH cherchent éperdument des initiateurs et des accompagnateurs du #changement #changemanagement. C'est déjà ça. Mais ils recrutent... des clones ! Ce qui affaiblit les espoirs de l'entreprise de trouver de nouveaux espaces de solution. Je rapproche votre analyse vivifiante de celle de Bénédicte #Raphelis @BenedicteDRS (@Clustree) sur les #intrapreneurs et les #hautpotentiel #hpi #talent. A quand des #DRH capables de repérer dans leur #entreprise ou à l'extérieur des individus appréhendant le monde sans oeillères et capables d'évoluer dans un #environnement #inconnu, #imprévisible et toujours en #mouvement ?
Head of Sales chez APYA I Connecteur de Talents
8 ansVivement le changement de nom! ... CHO? Chief Happiness Officer...