L'histoire de Nikola Tesla

Longtemps oublié, cet inventeur de génie a marqué la fin du XIXe et le XXe siècle. Avec son modèle de courant alternatif, il contribue à électrifier les États-Unis et une grande partie du monde. Il s’agit bien sûr de Nikola Tesla ! Un visionnaire, qui avait imaginé la technologie des smartphones dès 1901. Une vie électrique à découvrir dans ce nouvel épisode pour briller à la machine à café !

Le 10 juillet 1856, à Smiljan, dans l’Empire d’Autriche (en Croatie actuelle), Georgina Djuka Tesla accouche de son quatrième enfant, né de son union avec le prêtre orthodoxe Milutin. Un violent orage éclate ! Un temps qui serait synonyme de mauvais présage. La sage-femme déclare à cette mère de famille que son fils sera « un enfant des ténèbres ». Déjà convaincue de la destinée extraordinaire qui l’attend, elle lui rétorque qu’il sera « un enfant de la lumière ».

Même si nous ne pouvons attester de la véracité de cet échange, Georgina Djuka venait alors de mettre au monde l’un des plus importants pères de l’électricité ! Dès son plus jeune âge, Nikola Tesla démontre des qualités exceptionnelles : une mémoire eidétique, une facilité pour les mathématiques, un goût pour les langues* et les livres, une imagination très fertile…

Son intérêt pour l’électricité commence à trois ans à peine, lorsqu’il s’amuse avec son chat noir (décidément encore un signe de mauvais présage… ou pas), nommé Macak, et découvre un phénomène qui l'intrigue : l'électricité statique, dont il ignore la cause et le fonctionnement. Sa fascination pour cette énergie le suivra tout au long de sa vie.

Un destin électrique !

La démonstration de la dynamo de Gramme* renforce cette obsession lors de sa deuxième année à l’école polytechnique de Graz, en Autriche, en 1876. Il imagine à cet instant une machine à courant alternatif.

Cette intuition commence à se concrétiser en 1883, à Paris, lorsqu’il construit son premier moteur à induction à courant alternatif, pour la Continental Edison Company de son futur grand rival Thomas Edison.

L’année suivante, il part pour les États-Unis afin de travailler dans la maison mère de la société d’Edison, à New York. Une collaboration de courte durée entre ces deux génies, qui se termine avec fracas et marque le début de la « guerre des courants ».

Après des campagnes de diffamation respectives, Nikola Tesla, soutenu par l’homme d’affaires George Westinghouse, remporte les contrats d’électrification de l’exposition universelle de 1893, à Chicago, et de construction d’une centrale hydroélectrique aux chutes du Niagara réalisant ainsi un rêve d’enfant. Le courant alternatif devient alors la solution pour transporter de manière fiable et sécurisée de l’électricité sur de longues distances. 

Son rêve ne s’arrête pas là. Voulant rendre l’électricité accessible à tous, gratuitement, depuis n’importe quel endroit de la Terre, Nikola Tesla entreprend la construction d’une tour de 57 mètres de haut, en 1901. Avec la tour Wardenclyffe, son objectif est d’assurer la transmission sans fil de l’énergie en la faisant transiter par le sol. Un projet ambitieux et humaniste, qui ne verra jamais le jour à cause de ses déboires financiers.

Seul et ruiné, ce visionnaire passe les dernières années de sa vie au New Yorker Hotel, dans la chambre 3327 (il était obsédé par le chiffre 3), entouré de pigeons. Des compagnons fidèles (surtout si vous avez un morceau de pain dans votre poche) qu’il nourrit chaque jour sur le rebord de sa fenêtre et au parc à proximité, qu’il finit par aimer comme des humains.

Deux jours après sa mort, le 9 janvier 1943, le FBI réquisitionne ses travaux. Ils ne seront rendus à sa famille que plusieurs années après. Certains documents seraient encore classés top secret.

Le mystère entourant Nikola Tesla et ses inventions reste entier. A-t-il réussi à inventer un rayon de la mort, une machine à remonter le temps… ? La vérité n’est peut-être pas ailleurs, mais dans les archives de l’un des plus grands inventeurs du siècle dernier. 

« Ce n'est que par l'annulation des distances à tous égards, comme la diffusion des informations, les moyens de transports et d'approvisionnement, et la transmission de l'énergie, que l'on obtiendra un jour les conditions requises assurant des relations amicales et durables », Nikola Tesla, « Mes Inventions » (récit autobiographique), publié en 1919.

*Nikola Tesla était un polyglotte. Il parlait près d’une dizaine de langues : serbo-croate, tchèque, anglais, français, allemand, hongrois, italien, latin…

*La machine dynamoélectrique (dynamo) est un générateur de courant continu qui transforme l'énergie mécanique en énergie électrique. Elle a été inventée par le Belge Zénobe Gramme, en 1869.

Article illustré par Amandine Comte et rédigé pour "La minute culture de RTE"