L'histoire du sauvetage de Celio

Mon histoire avec Celio a démarré il y a dix-huit mois . Marc et Laurent Grosman qui font partie de mon tour de table sur DCM Jennyfer m’ont sollicité pour apporter à Celio mon expertise du retail.

Nous avons travaillé ensemble sans relâche avec la volonté pour Marc et Laurent de sauver leur entreprise familiale « quoi qu’il en coûte ». Il s’agissait pour les fondateurs de rien de moins que de faire battre le sang qui coulait dans leur veine . Au-delà des enjeux financiers, c’est l’amour pour cette entreprise qu’ils ont créé de A à Z qui animait leur démarche.

À partir d’un premier magasin ouvert il y a quarante ans rue saint-Lazare à Paris, ils ont bâti une incroyable success story pour devenir le leader du prêt-à-porter masculin. En innovant en permanence, ils ont réinventé un métier : des publicités qui ont marqué leur temps comme « la mode je m’en fous » , un ton impertinent et néanmoins pertinent, des produits accessibles avec une qualité irréprochable. Laurent Grossman – un passionné – a travaillé sur chaque détail jusqu’à la poche dans la poche pour mettre ses pièces de monnaie. Chaque fois que je dis à un homme que je travaille chez Celio il me répond : « Ah alors il faut que je vous raconte… ». Chacun a une histoire à raconter sur son lien avec Celio car Celio parle à tous les hommes. 

Cette entreprise a aussi connu une période de crise. À un certain moment, peut-être n’a-t-elle pas su se réinventer face aux évolutions de marché : l’arrivée du digital, des nouveaux types de consommateurs et de consommation, une nouvelle façon de s’habiller, la mode du sportswear par exemple. Aussi, Celio avait un parc de magasins surdimensionné en France qui se cannibalisaient avec une forte part de marché mais un chiffre d’affaires au m2 trop faible. Entre l’augmentation des coûts de structure, la baisse des marges et une concurrence accrue, le résultat a été réduit à petit feu. Quand les gilets jaunes ont succédé aux grèves, il ne manquait plus que la crise sanitaire pour ébranler l’édifice fragilisé. 

L’entreprise a dû se protéger en urgence via un dispositif extraordinaire qui a permis, on peut le dire aujourd’hui, à Celio d’être sauvée. 

La procédure de sauvegarde fut une décision terrible et difficile pour une famille qui a toujours connu le succès. C’était même inimaginable mais ils l’ont fait et sans attendre la cessation des paiements. Le risque était que cette entreprise finisse comme beaucoup d’autres entreprises du retail, cédée pour 1 € et ainsi perdant son ADN et ses valeurs.

Nous nous sommes battus sans relâche pour donner une nouvelle vision, en faisant un restructuring difficile mais ineluctable : nous avons été accompagnés par nos conseils 7/7 avec des calls à chaque moment pour arriver au terme d’une négociation avec les banques et créanciers. On ne peut pas imaginer l’énergie et la disponibilité que cela demande. Nous avons fait et refait le BP et les prévisions de trésorerie un nombre de fois incalculable, ce d’autant plus que la situation sanitaire ne cessait d’évoluer. 

Permanente bataille pour ne pas perdre cette entreprise. Je me dois de citer Olivier Tordjman, Bernard Ayache, Jean-Pierre Farge, Pierre-Emmanuel Fender, Patrice Brignier, l’excellent Xavier Bailly pour l’aspect financier mais surtout je dois le dire la formidable et l’exceptionnelle Hélène Bourbouloux, notre administratrice judiciaire qui a abattu un travail inimaginable d’engagement et d’intelligence. Sans elle nous n’en serions pas là. Le monde du restructuring est un petit monde qu’il faut connaître, un monde de gens engagés. Le monde du restructuring est un petit monde qu’il faut connaître, un monde de gens engagés.

J’aimerais aussi parler du juge commissaire Jean-Pierre Lamothe. Un homme à la retraite, ancien pharmacien qui a su nous écouter, nous comprendre et qui croit au potentiel de Celio. Il a sû nous rassurer pendant ces audiences pas toujours facile pour des novices comme nous dans ce monde judiciaire. Nous n’en menions pas large devant le tribunal de commerce de Bobigny qui lui aussi a fait preuve d’écoute et qui a travaillé le dossier en profondeur. Bref, quand on est dans le tourbillon judiciaire avec en prime la crise sanitaire et une entreprise à gérer en même temps, on traverse quelques moments de doute dans lesquels de grands professionnels sont là pour vous aider. 

Au final, aujourd’hui on sort de tout cela pour écrire la suite de la saga de Celio.

Joannes Soenen nous a rejoint dans cette aventure en tant que CEO en décembre et son expérience du restructuring et du retail nous ont été d’une grande aide, sans compter l’expérience incontestable de Pierre Parlongue notre DAF et toutes les équipes de Celio qui se sont battues à tous les niveaux.

Aujourd’hui, la page est tournée, l’entreprise redevient une entreprise normale et surtout reste une entreprise familiale avec des valeurs extraordinaires pour reconstruire une enseigne à lamode du new retail. 

Cela a demandé des efforts à tous dont des fermetures de magasins et un PSE et je pense à toutes celles et ceux concernés. 

Marc et Laurent m’ont demandé de les représenter en tant que Président de Celio France et administrateur. Avec Joannes aux manettes du quotidien, nous allons tout faire pour être à la hauteur de la suite de l’histoire. Une première étape essentielle est passée mais il reste encore tout à faire.

En bref, des hauts et des bas, c’est finalement une entreprise normale!

Merci Marc et Laurent pour votre confiance et toute l’entreprise est heureuse de poursuivre l'aventure avec vous.

Et encore mille mercis à toute les équipes Celio qui sont restées mobilisées pendant cette période.