Liberté
C’est sans doute ce qui me tient en vie, l’envie, le désir d’être, au rendez-vous, du jour qui se lève. Je ne peux pas douter de ça, je peux douter d’un tas de trucs mais pas de ça. Ça revient chaque jour, le même refrain se représente, chaque jour comme s’il s’agissait du premier et dernier. Tout s’y confond et morfond. Je sais déjà cette répétition du jour sur la nuit. Je ne sais pas si je me réveillerai et vieillirai encore, jamais on ne sait ça. Chaque rêve contient et maintient de l’incertitude. Je ne suis pas là pour faire joli. Je ne suis jamais là pour ça. Je ne rends de comptes à personne. Je ne sais pas ce qu’est exactement la liberté, mais je me rends compte que je peux fuir dans l’écriture et la littérature et l’art comme ça me chante. J’ai parfois l’impression de mentir, par exemple, je n’ai jamais vu dieu, et si c’était faux, si j’avais croisé le regard de dieu quelque part et que je ne m’en étais pas rendu compte. Je ne me rends pas toujours compte de ce qui arrive. J’ai peut-être raté un passage de ma vie. Dieu est parti sous d’autres cieux et maintenant je ne peux pas le joindre ni le rejoindre. J’avais pensé lui écrire, mais quoi, pourquoi, je ne sais pas comment m’adresser à lui. Je pourrais aller voir des religieux pour qu’ils m’expliquent comment prier, supplier, implorer, etc. Bonjour, je viens voir dieu, je reviens voir s’il est là. Bonjour dieu, puis-je vous adresser cette lettre ? Sans réponse de votre part sous huit jours, j’expédierai la missive dans le vide de sens. Je ne sais pas ce que je pourrais demander. Je pourrais ne rien demander. Je ne demande pas. Merci de ne pas répondre. Je suis occupé. Je ne suis plus libre. Vous ne pouvez pas venir me rendre visite. J’ai plein de choses à faire. Je suis très occupé, comme beaucoup de gens qui passent leur temps à courir et parcourir la planète en espérant croiser le regard de quelqu’un qu’ils ne reconnaissent pas. Je dis ce qui passe par la tête et quand il ne passe rien, je le dis aussi. Je dis tout. Je suis comme ça. Je ne crois pas en dieu mais si je croisais sa route, peut-être que je le croirais. Je m’amuse à écrire des conneries que certaines personnes liront et d’autres ignoreront royalement. Ce que je dis est vrai. Je suis entier et pas spécialement faux-cul. J’annonce la couleur. C’est un peu mes tableaux. Autrement dit, je fais n’importe quoi. J’expérimente. Toute ma vie, j’ai fait ça, en étant à la fois paumé et sûr du propos que je tenais. J’écris ce qui vient et je fais pareil pour le reste. Je dis non aussi en secouant la tête. Je sais maintenant dire non, ce qui n’a pas toujours été le cas. Je tiens ce journal pour dire ça. Quand je ne serai plus, d’autres viendront peut-être se régaler la paupière avec ces écrits qui ne veulent rien dire de spécial. Je fonctionne comme si j’étais dingue. Je suis peut-être dingue. Je suis dingue et en plus, je ne suis pas sûr que ça intéresse quelqu’un. Depuis combien de temps je tiens ce journal ? Ça n’est pas spécialement important. Je me suis souvent demandé ce que j’écrivais. On m’a souvent posé la question. Tu fais quoi ? Tu écris quoi ? Quels genres de trucs ? Des romans, de la poésie ? Tu rédiges un essai ? Comme les surréalistes, tu fais de l’écriture automatique… Tu te prends pour un surréaliste. Je me fous de ce que vous allez penser. Si j’écris et que je montre, c’est pour que vous en pensiez ce que vous voulez. J’écris comme certains tarés. Je ne veux nommer personne. Je n’écris pas comme quelqu’un de particulier. Je n’ai pas spécialement de modèle, c’est ce qui en fait l’intérêt. Je ne prétends pas être comme si ou comme ça. Je m’estime libre ou partiellement libre. Je répète souvent ce mot, comme si je ne l’étais pas…©PN P23.37 Patrick Nicolas pop art déco peinture photographique tableau nature morte https://www.ebay.fr/itm/334714300918 #art #peinture #photographie #artcollector #artcontemporain #artdigital