Libre
Je suis libre de penser, libre d'agir, libre d'aimer, libre d'apprendre et je donnerai ma vie pour que ces libertés si fondamentales ne prennent pas une ride. Je suis libre de vivre ma vie, je suis ivre de libertés. Mon existence est un verre débordant d'une boisson libérale qui se partage. Pour cette chronique, je vais libérer ma plume de toute limite, laisser mon être courir dans une campagne sans clôtures, comme un cheval qui ne s'arrête pas une seule seconde de galoper et qui saute au dessus de toutes les censures. Je suis libre ! Libre de critiquer !
En Corée du Nord, la liberté est séquestrée dans les caves du régime, elle agonise et attend que la raison vienne à son secours. Personne n'est en droit de limiter les pensées, les actes ou les paroles d'un être. Encore moins pour préserver un prétendu système idéologique dictatorial. Imposer c'est tuer le libre choix, surtout quand il s'agit d'une coupe de cheveux ridicule ! Qui oserait cautionner une telle prison de la pensée, qui empêche l'esprit de voyager d'un bout à l'autre de la planète, qui ne permet pas aux idées de s'envoler dans le ciel des possibles, qui n'autorise pas la folie imaginaire de l'intellect humain. Ce genre de cloisonnement est le fléau de notre époque, il faut l'éradiquer en utilisant la force des opinions. Pyongyang se cherche une alternative capillaire.
En Arabie Saoudite, c'est surtout la bêtise machiste, dissimulée par un voile tout sauf islamique, qui sévit et aliène les femmes. Elles sont apparemment libres d'être esclaves d'une pensée archaïque et dangereuse, imposée par des hommes en blanc qui tentent de camoufler leur frustration des genres. Conduire est devenu perfide, voyager s'apparente à un acte pernicieux, dans cette situation comment vivre sa féminité ? Serait-ce à la place du mort et sans pouvoir dépasser le désert arabique ? Sérieusement, si ces invalides de l'égalité avaient pris le temps de lire une page du Coran, ou ne serait-ce qu'un chapitre de la biographie du Prophète, ils verraient le contresens dans lequel ils se sont engagés. N'hésitons pas à arrêter ces conducteurs frustrés, et à verbaliser ces vendeurs de pétrole que nos dirigeants apprécient tant. Riyad est féminine et elle ne doit pas hésiter à l’affirmer !
En Côte d'ivoire, la liberté de s'opposer est synonyme de suicide politique, la route de la démocratie est un cul-de-sac, le raccourci est souvent une ligne droite vers la corruption. Celui qui tente de montrer les crocs au pouvoir en place, risque d'avoir les crocs pendant des années dans une cellule ivoirienne. Les débats libres et engagés se font rares, un peu comme les cornes d'ivoire, et la répression agit comme des braconniers assoiffés par l'appât du gain. La justice, l'armée, le monde politique ne sont que de vulgaires concepts sans profondeur, et la population ne croit plus en l'avenir d'un état infesté par les rats magouilleurs. Ils sont libres de désespérer mais en silence évidemment... La liberté cherche un refuge de résistant dans les rues de Yamoussoukro.
À Cuba, certains droits fondamentaux partent en fumée aussi vite qu'un cigare à la bouche de Castro. Nul doute que le décor paradisiaque est un paravent utile pour le gouvernement, le soleil éblouit les yeux et empêche d'apercevoir les actes de tortures et les conditions d'emprisonnement déplorables. L'état cubain bloque sans vergogne le travail des journalistes, et véhiculer des idées contraires aux yeux de l'administration est le meilleur moyen de croupir dans un cachot loin de Varadero !
En règle générale, et pour conclure, je dirais que la liberté est un territoire qui fait souvent face à des tentatives d'annexion de l'empire obscurantiste, et notre continent européen n'est pas une exception à la règle. En effet, nos terres ont certes vu naître les philosophes de lumière, grands défenseurs des libertés, mais elles doivent se prémunir contre les attaques de la pensée unique et les missiles liberticides envoyés par des esprits malfaisants. Chaque jour, des hommes politiques européens cherchent un moyen de limiter nos mouvements, d’enrayer ce disque sur lequel nous dansons libres et de nous imposer une vision réductrice des choses. Ne soyons pas ce peuple qui se retire sous sa tente face à ces vendeurs de cauchemars. Les discours populistes sont assurément affriandants au premier abord, mais la substance est depuis longtemps avariée. Ces “serial killers of freedom” sont un peu comme les dialogues dans les films pour adultes : le paroxysme de l’inutilité. Qu’ils se taisent à jamais !