Ligne de mire vers mon nouveau demi-siècle
Je porte la lumière de l’espérance d’un monde meilleur au fond de mon cœur.
Voici un demi-siècle que j’ai montré le bout de mon nez. Ma vie est remplie de petits bonheurs qui impulsent mon énergie. Les épreuves s’invitent aussi avec leurs lots de souffrance mais je constate qu’elles m’amènent, à chaque fois, à regarder dans de nouvelles directions. Alors petit à petit, j’apprends à danser sous le soleil, comme sous la pluie.
Plus d’un siècle avant ma naissance, Jules Ferry rendait l’école gratuite et obligatoire. En tant que dyslexique et dysorthographique, mon parcours scolaire n’a pas toujours été facile. Le soutien bienveillant de ma maman, ma curiosité insatiable m’invitant à découvrir la vie, soutenue par de longues conversations avec mon père, m’ont cependant permis de faire mon chemin, d’accéder au métier de professeur de physique-chimie au départ, avec l’envie que l’école soit plus accueillante et soutenante pour tous les enfants, puis de devenir enseignante spécialisée et analyste du comportement BCBA.
Je me souviens d’une conversation avec mon orthophoniste, à la naissance de mon fils. Ce fut mon dernier échange avec elle avant qu’elle ne décède. J’espérais alors que le parcours scolaire de mon enfant serait plus facile que le mien. Cependant, Aymeric a eu un diagnostic d’autisme sévère à l’âge de 3 ans et le maintenir sur les bancs de l’école dans un cadre soutenant et bienveillant fut mon combat pendant des années.
Le sens de ma vie, une évidence : contribuer au développement d’une école inclusive, d’une école qui considère que les différences sont des richesses, une école qui sait s’organiser avec ses partenaires et les familles pour que chacun s’y épanouisse.
Au sein d’Epsilon à l’Ecole, se développe un réseau de conspirateurs positifs qui contribuent à un monde meilleur. Chaque année, ce réseau s’agrandit et soutient davantage d’enfants et des familles en leur proposant des interventions de qualité, des professionnels en développant leur sentiment d’auto-efficacité.
Merci à tous ceux qui nous font confiance, qui nous soutiennent et nous boostent dans notre démarche
Alors quels sont mes rêves aujourd’hui pour l’école de demain ?
Je rêve que les professionnels de soutien, du médico-social ou du libéral, puissent intervenir facilement dans les écoles aux bénéfices de tous les enfants, sans dossiers administratifs laborieux, que les adaptations soient normalisées, avec le soutien d’un code éthique commun.
Je rêve d’une école capable d’agilité pour s’adapter à tous et favoriser le vivre ensemble.
Je rêve d’une école qui prône le droit à une éducation basée sur les données probantes afin de répondre aux besoins communs et particuliers de tous les enfants.
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Je rêve d’une école où les évaluations seraient à destination des professionnels et non des enfants, ces évaluations permettant de valider la réussite de l’enseignement de la compétence visée.
Je rêve d’une école qui favorise l’autodétermination de tous, sensible aux émotions, à l’écoute de soi et au développement personnel. En effet, je suis convaincue que les changements nécessaires doivent aussi venir de chacun d’entre nous et pas seulement des nouvelles technologies ou des restructurations de nos organisations.
Je rêve que lorsque je serai une vieille dame, des enfants s’étonneront quand je leur raconterai que dans le temps, pour un enfant avec un handicap, il pouvait lui être difficile d’aller à l’école. Comme, j’ai pu m’étonner que les filles et les garçons étaient avant scolarisés dans des lieux séparés.
Mon rêve est en cours grâce aux actions communes de beaucoup d’entre vous. Je suis heureuse de contribuer à cette évolution, de cheminer avec vous vers une école inclusive.
Telle est mon espérance. Telle est la foi que je conserve au fond de moi.
Avec une telle foi, je continue à distinguer, dans mes moments de désespoir, les graines d'espérance que nous semons.
Tous ensemble
Avec une telle foi, nous serons capables de transformer la cacophonie qui règne parfois dans nos écoles en une merveilleuse symphonie de solidarité.
Avec une telle foi, nous serons capables de travailler ensemble, de lutter ensemble, de nous dresser ensemble pour des moyens, de formations, de supervision, à la hauteur de nos exigences, en sachant que nos écoles seront réellement inclusives.
Quand nous ferons en sorte que la cloche de l’école puisse sonner à chaque rentrée, chaque jour, pour tous les enfants, quand nous la laisserons carillonner dans chaque village et chaque hameau, dans chaque quartier et dans chaque ville, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants, quelques soient leurs origines, leurs potentiels, leurs difficultés, pourront se tenir par la main et apprendre à leur rythme dans un même lieu, entourés de professionnels épanouis.
Lydie LAURENT-Le CORRE