L'impact du Covid19 sur les mobilités professionnelles
Bien que l'activité économique ait fortement ralenti durant la période de confinement due à la pandémie du covid-19, certains secteurs d'activité ont plus que jamais besoin de renforcer leurs effectifs pour poursuivre leurs activités et pérenniser les emplois dans certaines branches professionnelles. Certaines mobilités sont donc attendues avec impatience, voire urgence dans les secteurs sanitaire-social, agroalimentaire, logistique, propreté-sécurité etc...
Lorsqu'on interroge les salariés en poste (tous secteurs) sur leurs souhaits de mobilité durant cette période, près de la moitié nous confie qu'ils étaient déjà en cours de changement et engagés dans un process de recrutement avant le confinement.
Aujourd'hui, malgré le moral en berne affiché et relayé, on pourrait s'étonner par ces 8 salariés sur 10 qui nous soufflent discrètement à l'oreille être prêts à postuler ailleurs et rapidement. 1 salarié sur 3 a même déjà profité du confinement pour intensifier sa recherche et réaliser des entretiens à distance. Cela tombe bien, car dans mon article précédant, nous évoquions le fait que certains employeurs avaient du mal à trouver des candidats en cette période de confinement.
"Les remous du recrutement semblent s'être arrêtés en surface, mais la houle à quelques mètres en dessous est toujours bien active ! Le silence et le calme du confinement n'empêchent pas les salariés de préparer leur mobilité, bien au contraire. Tels d'agiles dauphins, certains sont actuellement prêts à s'élancer par dessus les vagues de l'horizon."
ARRETONS NOUS SUR CE QU'ON NE VOIT PAS AU 1ER REGARD, DANS CE MOMENT D'URGENCE OU PARADOXALEMENT TOUT S'EST RALENTI
Que se passe-t-il en dessous de la surface visible ? Comment le salarié vit-il cette période de doute et de silence ? A quels signaux faibles, peut-il bien prêter attention, dans un univers surmédiatisé qui fait sonner les trompettes de la mort quotidiennement en égrenant des chiffres de la non-vie ?
Néanmoins, à qui sait tendre l'oreille, les sons subaquatiques, bien que déformés par le milieu aqueux n'en traduisent pas moins l'activité en surface. Avez-vous déjà eu l'occasion d'entendre le son d'un scooter des mers alors que vous exploriez les fonds marins ? Bien qu’étouffé, le son est porté par les ondes jusque dans les profondeurs. La vision sous-marine, quant à elle, bien qu'ondoyante, floue mais scintillante favorise l'imagination et la rêverie d'un ailleurs qu'on espère... autant qu'on le craint : la surface et le retour au monde extérieur.
A ces 2 sens que sont l'ouïe et la vue, se rajoutent les 3 autres qui nous servent à se mouvoir (explorer), réagir (remonter), sentir (le sens du vent, de l'air marin) ou gouter (le sel de la mer ou de la vie). Doté de tous ces sens, le salarié garde toujours l'option de rallumer l'espérance et décider que sa vie doit changer, à commencer par un nouveau travail pour lui, mais aussi pour les autres.
UNE PRISE DE CONSCIENCE : UNE ENVIE D'AILLEURS... ET AUTREMENT
La première des motivations du salarié en quête de sens en cette période suspendue au-dessus du courant économique est de réinterroger sa place dans le monde et son désir au travail.
-A quoi "ça" sert de travailler ? A quoi/qui je sers quand je suis au travail ?
-Vers quelles valeurs je tends, lorsque je me rends au travail ? Pour quelles raisons bien qu'utilitaires ce travail est-il très important (pour moi et ma famille) au delà de mon écosystème de valeurs personnelles ?
-Quelle place ai-je choisi / besoin d'occuper dans cet écosystème et pour y faire quoi ? Cela suppose de donner de soi, de son temps, de son engagement, de ses compétences en échange d'un contrat.
-Comment, par mes compétences, puis-je apporter au monde du travail quelque chose d'utile, d'urgent, de beau, d'agréable... Bref, pour qui, à quoi suis-je indispensable ? De quoi priverai-je le monde si je ne m'expose pas davantage et que je reste tapis dans mon coin, ou seulement en veille sans bouger, ni cliquer, ni prendre un seul risque d'aller vers mon "à-venir" ?
QUELS SONT VOS ATOUTS ? QU'AVEZ-VOUS A PARTAGER / OFFRIR ?
Ces questions supposent de connaitre ses atouts et d'avoir confiance en ses ressources, ses forces et compétences tant personnelles que professionnelles. Mais je suis surprise à chaque entretien de recrutement de constater que rien n'est simple, surtout pour le salarié compétent (quel triste paradoxe...) pour qui ses compétences silencieuses vont de soi ! Quel risque, il prend en pensant cela face au recruteur. Car non, cela ne va pas de soi. Une compétence est d'autant plus forte qu'elle est spontanée pour celui qui à la chance de la maitriser, mais comme il n'en a plus conscience, il passe au stade de "compétent inconscient".
- Expliquez simplement ce que vous savez faire... et vous savez faire plein de belles choses.
- Racontez votre quotidien, illustrez vos dossiers par des faits, des réalisations, des anecdotes, des réussites. Exprimez votre fierté d'être compétent là où d'autres rêver de reconversion et n'en sont encore qu'au stade de la formation.
-Construisez votre propre identité au travail, partagez votre savoir-"y"-faire. Le recruteur en déduira vos compétences, c'est son job à lui. Assurez-vous qu'il comprenne bien où sont vos forces, vos atouts professionnels. Pour cela, soyez précis, concis, structuré. Professionnel.
"Car tout le monde sait faire quelque chose, mais beaucoup soutiennent le contraire et les découragent avant d'avoir commencer".
-A qui suis-je utile dans cette grande chaine de valeur ou nous avons tous un rôle à jouer tant qu'il nous est donné la joie d'être encore en vie ?
QUELLES VALEURS ET QUELLES ACTIONS SOUHAITE-JE EXPRIMER DANS MON TRAVAIL ?
- A qui puis-je offrir mes services ? Dans quel univers professionnels aurais-je plaisir à me rendre quotidiennement et pour plusieurs années ?
-Pour quelle cause (sociale, humanitaire, économique, d'entraide ou de sécurité...) et nourrissant quelle valeur existentielle, si possible plus grande que moi pour qu'elle ait du sens ? Sinon, comment mettre du sens dans des actions qui n'en auraient pas pour moi ? Si je souhaite que ma quête de vie professionnelle, se transforme en mission de vie personnelle quelles actions suis-je prêt à mettre en action ?
Le paradigme d'une mobilité professionnelle réussie émanerait donc des nouvelles envies, du désir. La première question serait donc : "de quoi ai-je envie dans mon job demain ?" Par conséquent, la première action consisterait donc pour plus des 2/3 des salariés de mettre à jour leur CV et de répondre à au moins une offre (le geste est symbolique, car une seule offre ne suffira pas). Il y a tant à faire...
Sources data : enquête réalisée du 6 au 9 avril 2020 auprès d’un panel de 1 015 actifs en poste, utilisateurs des sites HelloWork (Regionsjob, Parisjob, Cadreo, Jobijoba).
La plateforme francophone qui réunit les professionnels du burn-out et les personnes en souffrance
1 ansMerci Sabine BATAILLE Réseau RPBO© Europe pour cet article. Votre métaphore de fonds marins est vraiment parlante et aide à mieux comprendre la problématique 🙏
Transformation des Indépendants, Dirigeants et futurs managers - Le pont entre les sphères financières, opérationnelles et RH - Le bonheur, ou la QVT, se met en action dans l’analyse collaborative des tableaux de bord!
4 anschanger de travail ou oser changer "comment travailler" ? pour retrouver le sens de son métier, sa motivation et maitriser son curseur "investissement" par rapport à "son entreprise" et son poste de, simplement, salarié !?! Le mal être "pré-senti" propose une solution "rapide" et radicale : changer de travail, l'autre solution changer "comment travailler" semble plus difficile à priori est-ce si vrai ? ou changer de travail permet-il de "sauter", reculer, seulement l'échéance de s'atteler au véritable comment travailler en harmonie avec ses valeurs et ses compétences ?
🔯 Bifurcation et reconstruction CovidLong 🍀Facilitatrice méditation pleine conscience et du Vivant 💜
4 ansMerci Sabine de ce bel article maniant métaphores et l'expérience terrain de la réalité. Dans les accompagnement que j'effectue, j'ai noté aussi la "difficulté" à faire émerger les compétences. En fait, comme tu l'écris, cela est tellement naturel, que parfois difficile d'en prendre conscience; C'est le pilotage automatique des compétences inconscientes ;-) Alors quand elles arrivent au jour, quel bonheur de voir le visage de la personne en face changer et petit à petit voir arriver un sourire ! Beau métier que nous faisons, n'est-ce pas ?
Communication et influence | Coaching professionnel
4 ansMerci pour cet article! Ce questionnement dans le cadre d’une mobilité professionnelle sur le sens de son activité, son utilité et les valeurs que l’on recherche au travail est, me semble t-il, au fondement de l’engagement professionnel. Vive les entreprises responsables mais encore trop rares qui se questionnent, elles aussi, sur ces mêmes sujets 😊
Dernière activité salariée : Directeur Formation, Audit et chez SSL Europa
4 ansTrès bel article révélateur de la situation actuelle : celle de l'indispensable nécessité à changer et se remettre en question. Le confinement est une période adéquate pour y réfléchir et passer à l'action!