L’inclusion au cœur du réacteur RH en 2024

L’inclusion au cœur du réacteur RH en 2024

Alors que les attentes en termes d’équilibre vie pro-vie perso et les questionnements des salariés sur le sens dans leur travail n’ont jamais été aussi fortes, l’année 2024 s’ouvre sur la nécessité pour la fonction de RH de renforcer ses actions en faveur de l’inclusion. Vous en êtes convaincu et vous vous demandez comment convaincre votre direction ? Mariam Khattab, directrice générale du cabinet Mozaïk RH, donne 5 arguments pour convaincre les dirigeants de passer à l’entreprise inclusive. Prévenir le bad buzz, élargir ses audiences, répondre aux attentes de la « génération zapping » ou encore développer le sentiment d’appartenance des collaborateurs, les intérêts de l’entreprise inclusive sont nombreux.

En attendant de les déployer, cette édition de Révélateur RH explore différents leviers pour améliorer l’attractivité de votre entreprise.

  • Les bonnes pratiques pour développer l’employabilité des seniors ;
  • L’intelligence hybride, mi-humaine mi-artificielle  ;
  • La vérité sur l’art de procrastiner ;
  • Le virage de la transition écologique ;
  • Les atouts d’une entreprise mental health friendly.

Bonne lecture !


❓La question du mois

Comment améliorer les conditions de travail des seniors dans votre entreprise ?

Vous le savez, le report de l’âge légal de la retraite a été acté l’an passé. Dans le sillage de cette réforme, c’est au tour des partenaires sociaux de négocier au sujet de l’emploi des seniors et des mesures à prendre pour les maintenir dans l’emploi dans de bonnes conditions. Et si l’inspiration venait simplement des bonnes pratiques déjà mises en place dans un certain nombre d’entreprises ?

Parmi ces stratégies, on trouve l’adaptation du poste de travail, principalement pour les métiers pénibles physiquement, afin d’améliorer les conditions de travail des seniors et de les faire rester dans l’entreprise. Autre levier majeur pour l’employabilité des seniors : la formation. Que l’on souhaite les maintenir à leur poste ou faire évoluer leurs missions, le développement des compétences est clé.

L’ANDRH milite à ce titre pour renforcer le Compte personnel de formation (CPF) des seniors, « afin qu’ils puissent se former eux-mêmes », sans dépendre de l’obligation légale des entreprises. Certaines font toutefois des efforts complémentaires, à l’image de la SNCF qui a mis en place un plan d’action complet pour l’emploi des seniors, assorti d’un accompagnement individuel.

De son côté, Orange mise sur un environnement de travail inclusif pour casser les stéréotypes liés à l’âge, et encourage le travail intergénérationnel. L’entreprise de services à domicile Adhap a elle mis en place un programme de recrutement dédié, avec des postes adaptés aux seniors.

Plutôt qu’une retraite anticipée, qui encourage de facto le départ des salariés seniors, une meilleure solution est de leur proposer un aménagement du temps de travail, qui leur permet de réduire leurs heures tout en continuant à cotiser pleinement. Cela fait d’ailleurs parti des dispositifs plébiscités en Suède, pays leader en Europe en matière d’emploi des seniors… avec un modèle social toutefois très différent !

Rappelons enfin que tous les travailleurs, quelle que soit leur situation professionnelle, peuvent solliciter le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP). Ce dispositif gratuit permet d’être accompagné par un conseiller de la réflexion à la réalisation du projet d’évolution professionnelle.


📣 Ça a fait du bruit

Développer l’intelligence hybride en entreprise

Lors du Forum de Davos du 15 au 19 janvier dernier, l’intelligence artificielle était de tous les débats et Sam Altman, PDG d’Open-AI et créateur de ChatGPT, la personnalité la plus attendue. L’intelligence artificielle, cette nouvelle « religion des affaires », comme titre le journal Le Monde, devrait en effet générer près de 3 700 milliards d’euros de gain de productivité d’ici à 2030.

Pourtant, dans les entreprises, l’IA est encore peu exploitée. Vincenzo Vinzi, directeur général de l’ESSEC cite ainsi dans Les Echos une étude de BCG X selon laquelle 90 % des dirigeants adoptent une position attentiste vis-à-vis de l’IA et ne l’expérimentent qu’à petite échelle. Une réticence qui va à l’encontre des pratiques des salariés, puisque le même article révèle que 49 % des employés français utilisent l’IA en dépit des interdictions formelles.

D’après lui, c’est dans la recherche d’un équilibre entre tâches humaines et artificielles que se trouve la clé de son adoption par les dirigeants. Comment ? En formant les managers à « prompter » correctement l’IA pour qu’ils puissent guider leurs équipes dans la prise en main de ces outils. L’objectif est clair : concevoir un « partenariat évolutif » qui respecte et exploite les formes de l’intelligence humaine et artificielle.

Utilisées ensemble, l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle ouvrent ainsi une nouvelle ère, celle de l’intelligence hybride. À vos IA 


⚖️ Vrai ou faux ?

Procrastiner, c’est perdre du temps

Faux

La procrastination, vous connaissez. Statistiquement du moins, puisque nous sommes 85 % à la pratiquer ! Si remettre à plus tard peut concerner les tâches ménagères, les séances de sport ou toute autre activité personnelle, c’est aussi très fréquent dans la vie professionnelle. Mais est-ce forcément un problème ?

Ce n’est pas si évident. Bien sûr, il y a des procrastinateurs chroniques, avec lesquels il est difficile de travailler et de vivre en entreprise car ils ne font rien en temps et en heure. Mais la procrastination est rarement un trait de personnalité en tant que tel : c’est un comportement qui cache d’autres choses.

En premier lieu, une organisation sociale qui s’est accélérée ces dernières décennies et qui surcharge nos agendas, y compris professionnels. Mathilde Ramadier, auteure de Apprivoiser sa procrastination - L’art de faire autrement, explique : « Souvent, quand on procrastine, on ne fait pas rien. C'est pour ça qu'il est piégeux de la confondre avec la paresse ou le laisser-aller. »

Elle ajoute : « Les personnes qui ont des métiers ou des activités créatives vont voir la procrastination sous un angle plus positif. Ils vont se rendre compte que les idées les plus originales qu'ils ont pu avoir ont émergé alors qu'ils n'étaient pas en train de faire ce qu'ils étaient censés faire, quand ils s'adonnaient au vagabondage mental, au rêve diurne, qui nous permettent de laisser libre cours à nos fantasmes. »

Et si, face à nos to-do lists à rallonge, on s’autorisait à lever 5 minutes la tête du guidon ?


👀 C’est pour demain

La transition écologique ne sera pas un job-killer

Les Cassandre de l’impact de la transition écologique sur l’emploi en seront pour leurs frais, indique une récente note du Conseil d’analyse économique (CAE). Non, transition n’est pas synonyme de destructions massives d’emplois et de délocalisations liées à la hausse des coûts et à une perte de compétitivité.

Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont modélisé l’impact d’un réhaussement de la taxe carbone à 100 euros la tonne (prix qui devrait théoriquement être atteint en 2030). Ils anticipent des répercussions très limitées sur l’emploi en France, en raison de l’adaptation du mix énergétique des entreprises et des possibilités intrasectorielles d’ajustement.

Si les arguments du job killing sont faibles, la création massive d’emplois verts reste toutefois essentielle pour faire advenir la transition. Cela n’a pour l’heure rien d’une évidence, tant les besoins en compétences et donc en formation sont importants, notamment pour ce qui concerne les secteurs de l’énergie et du bâtiment. D’après notre étude Le monde du travail à l’heure de la transition écologique, 70 % des employeurs dans le monde s’activent pour recruter des profils « verts » ou développer les compétences nécessaires à la transition écologique.

En définitive, pas d’évolution quantitative à prévoir, mais plutôt une évolution qualitative… pour peu que nous nous en donnions les moyens. Par ici les formations, et vite !


💡 L’info inspirante

Comment créer un environnement de travail mental health friendly ?

La santé mentale, on en parle de plus en plus. Peut-être a-t-on enfin réalisé qu’elle est indissociable de la santé au sens physique et traditionnel du terme ? Plus prosaïquement, une étude menée auprès de 152 grands employeurs américains a montré que la santé mentale de leurs salariés s’était détériorée en 2023, cela dans 77 % des cas.

Face à cela, investir davantage la santé mentale des équipes n’aurait que des effets positifs : améliorer le climat social et l’engagement des salariés, réduire l’absentéisme et le turnover… mais attention à ne pas simplement poser un miroir grossissant sur des problèmes mineurs, qui sont le lot de chacun, car cela peut conduire à une spirale négative contre-productive.

Parmi les solutions qui promeuvent la santé mentale sans pousser à un repli introspectif, on peut citer l’incitation à la bienveillance et aux actes de gentillesse envers les autres, qui est d’autant plus efficace lorsque les managers montrent l’exemple. La culture de l’activité physique est également bénéfique et réduit les risques de dépression, car elle évite la rumination. Enfin, travailler sur le sens de chaque activité professionnelle est aussi un levier puissant, qui permet de se focaliser sur l’impact positif de son métier.

Chez Experis, des outils concrets ont été mis en place pour mesurer et prévenir les psycho-sociaux. Un questionnaire destiné aux collaborateurs en décembre 2022 révèle que plus de 60 % considèrent leur santé bonne voire très bonne, et près de 80 % ne se sentent pas stressés. L’ensemble des managers et RH ont été formés en 2023 aux risques psycho-sociaux en classe virtuelle lors d’une journée spéciale « Comment prévenir le risque psycho-social ? », et des podcasts sur le sujet comme « Santé mentale et le management : des clefs pour s’adapter », ou « Comment prendre soin de sa santé mentale au travail » sont proposés.

Chez Manpower, des dispositifs d’accompagnement des salariés dans des situations de vie difficiles sont mis à la disposition des collaborateurs. Un numéro vert permet notamment de contacter un psychologue 7j/7, 24h24, et les salariés aidants et en situation de deuil peuvent bénéficier de services d’assistance sociale et d’accompagnement spécifique.

Est-ce à dire que les RH doivent également devenir des psychologues ? Si les deux métiers s’intéressent à l’humain, il est illusoire d’imaginer que chacun aura demain suivi un double cursus complet. Mais, avec des formations courtes et ciblées, davantage d’échanges avec la médecine du travail, ou encore en s’appuyant sur des plateformes de soutien psychologique, on peut déjà faire beaucoup… avec de nombreux avantages à la clé !


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On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle analyse des enjeux du futur du travail.



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