Seniors ? Dehors !

En plein cœur du débat épineux sur la #reformedesretraites, à l’heure où le gouvernement appelle ses actifs à travailler plus longtemps, seule la moitié des salariés de plus de 55 ans est au travail. Ce chiffre tombe à 35,5% s’agissant des 60-64 ans ; Soit 10 points de moins que la moyenne européenne.

La règle du « trop »

Pré-retraites, plans de restructuration, nombreuses sont les entreprises qui débordent de créativité pour raccompagner gentiment (ou pas) leurs #seniors vers la porte de sortie. Que dire de leur embauche ? C’est pire ! Si vous avez plus de 55 ans, vous êtes « périmés », dépassés, bref "out" ! Comme si cela ne suffisait pas, vous pourriez, en plus, mettre en péril l’équilibre financier de l’entreprise ! Trop vieux, trop compétents, trop chers, trop risqués, les séniors, ne rentrent pas dans les cases et souffrent d’idées reçues dès qu’il est question d’emplois. Pourtant un grand nombre d’études sur leurs performances atteste que les plus de 55 ans sont toujours aussi productifs, créatifs et volontaires ; Expérimentés, soucieux de transmettre, ils sont souvent les piliers dont la jeune génération a besoin pour construire son propre avenir professionnel. Le concept d’#hybridation si cher à Gabrielle Halpern , Docteure en philosophie, qu’elle applique, notamment, à l’intergénérationnel dans l’entreprise dans son essai « #TousCentaures ! », vient démontrer brillamment, que le croisement des générations est une véritable chance pour notre société, pour l’entreprise et notre économie en général.

Contraindre ou inciter les entreprises ?

Alors faut-il obliger les entreprises à prendre leurs responsabilités ? L’index sénior, qui vient d’être mis à l’index à l’Assemblée Nationale prouve qu’il n’est pas si simple d’imposer une contrainte supplémentaire aux entreprises. Les syndicats patronaux, de leur côté, rappellent que, comme souvent en termes d’inégalités et de stéréotypes, l’entreprise n’est que l’une des composantes de notre société et qu’elle ne peut pas tout et tout le temps. Que la question de la perception que nous avons sur nos ainés dépasse largement le périmètre de l’entreprise. Lutter contre les stéréotypes, quelque en soit la nature, nous concernerait tous et toutes. De plus, rajouter des obligations aux obligations de nos employeurs ne garantirait pas le résultat surtout pour les entreprises les plus petites. Pas faux. Mais faut-il pour autant attendre que les mentalités changent pour que les résultats soient tangibles en matière d’emplois des seniors ? Conscients que leurs arguments, aussi pertinents qu’ils soient, ne font pas avancer le « schmilblick », les principaux syndicats proposent plutôt d’agir en incitant les entreprises à changer leur fusil d’épaule : allègement de charges, dispositifs plus souples pour gérer les fins de carrières, valorisation des pratiques et des « bons élèves » etc.

Dans un contexte de crise des talents, de difficultés majeures à trouver et à fidéliser ses collaborateurs et collaboratrices, l’emploi des seniors n’est-il pas la meilleure incitation pour dépasser tous les préjugés ?

Quelques bonnes pratiques

Fort heureusement, bon nombre d’entreprises ont bien compris les enjeux et innovent en la matière : Utilisation de CV anonymes, programmes de tutorats qui permettent d’exploiter les savoir-faire et les transmettre ; Bilans et cartes de compétences suivis de l’accès à la formation tout au long de la vie ; Anticipation et évolution de carrières avec notamment la mobilité interne, l’amélioration des conditions de travail, la prévention de la pénibilité etc. La transition vers la retraite dans le cadre du cumul emploi retraite semble tout aussi fondamentale. Toutes ces bonnes pratiques sont, bien sûr, plus simples à mettre en place dans les grandes entreprises qui ont plus de moyens et ressources pour construire une vraie politique volontariste en la matière. Le vrai défi, comme souvent en matière de progrès social, est que les PME, qui emploient près de 4 millions de nos salariés en France, puissent s’en emparer pour faire bouger les lignes. À suivre donc.