L’incroyable essor du marché des données : faut-il avoir peur pour nos vies privées ?
Nous nous rappelons tous du scandale lié à un sous-traitant de Facebook : Cambridge Analytica. Il y a un an le monde entier apprenait avec effarement que cette société avait exploité des millions de données personnelles des utilisateurs du réseau social à des fins pas légales avec pour principale conséquence une chute brutale des cours de bourse des valeurs high-tech.
Un an après les cours remontent, les entrées publicitaires de Facebook augmentent de 38% et les excuses urbi et orbi de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain et les chaines de télévision du monde entier ne sont plus qu’un pâle souvenir.
Beaucoup de bruit pour rien ?
Pas tout à fait, puisque cette crise a eu le mérite d’ouvrir une nouvelle phase dans la gestion du marché des données personnelles.
La crise déclenchée par le scandale Cambridge Analytica a certainement changé le regard que les observateurs portent sur les opérateurs qui interviennent sur le marché des données personnelles, en portant un coup certain à leur crédibilité. Mais les citoyens européens ont (re)découvert à cette occasion le rôle clé qui est joué par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) et qui fait des envieux de l’autre côté de l’Atlantique.
En effet, la loi 679/2016 qui est à l’origine du RGPD, vient rabattre les cartes dans un domaine qui était jusqu’à présent entièrement dérèglementé.
Est-ce que Cambridge Analytica aurait pu avoir les mains libres si le RGPD, qui s’applique depuis le 25 mai 2018, existait déjà à l’époque ?
Difficile de répondre à cette question. Des organisations sans scrupules peuvent toujours accomplir des actes illicites. Toutefois, il est probable que le niveau très élevé des sanctions introduites par le RGPD aurait pu appeler les décisionnaires de Cambridge Analytics à plus de prudence.
L’introduction au niveau européen du RGPD signe un big bang dans l’approche des entreprises, du moins les plus grandes, vis-à-vis de la protection de leurs données personnelles. Les TPE/PME restent pour la plupart encore à la marge du mouvement. En effet, le cadre législatif est difficile à appréhender pour ces artisans, professions libérales et autres chefs de petites entreprises pour lesquelles les enjeux du RGPD restent limités.
Le marché des données personnelles connait un essor inégalé : les estimations pour 2020 à l’échelle de la planète prévoient une valeur avoisinant les 200 milliards d’euro.
Dans ce contexte il parait normal qu’une régularisation intervienne rapidement, ne serait-ce que pour cadrer le business naissant des startup qui investissent dans le # de la donnée.
Pour éviter les craintes légitimes qui planent sur nos vies privées, les législateurs doivent rassurer les utilisateurs peut-être en rendant obligatoire l’accès aux plateformes de gestion des données des Facebook, Amazon et autre Google afin que l’on puisse mesurer de façon indépendante l’impact de leur advertising sur les profils des utilisateurs.