L'indicible charme de l'altruisme

Elle s'appelait Denise Glaser. Elle avait une belle âme et pratiquait une forme de journalisme que l'on a oublié. Che peccato (quel dommage) disent les Italiens. Denise était à l'écoute et maniait le silence avec maestria. Le silence... Un art de vivre, un art d'aimer (?). Très certainement un art de la rencontre. Enfant de la conquête spatiale, j'aimais cet espace qu'elle offrait aux chanteurs. Elle savait créer un moment d'intimité. Rien d'indécent dans ces confidences de poètes et de témoins. Ses entretiens étaient élégants. Je me languis de cette élégance, ce charme indicible de l'altruisme. Je sais à quel point Denise aimait la musique et les musiciens. J'ai eu la chance de passer mon enfance auprès d'elle dans les années 1960, au Quartier Mouffetard à Paris. Que quelqu'un réserve un étage entier à ses disques me fascinait et m'a ouvert les portes du possible. Mademoiselle Glaser avait du coeur : elle était sensible, généreuse, lucide. Elle ne cédait pas au chant des sirènes et gardait un oeil ouvert et bienveillant sur son époque. La mode ne la préoccupait pas, mais la qualité oui. C'était une productrice qui allait chercher le talent là où il s'exprimait en toute liberté : la rue. Je me souviens de ces grandes promenades dans Paris, l'oreille en alerte. Qui chante ? Qu'est-ce qu'il/elle joue ? Ecoute, pas seulement l'harmonie mais aussi l'émotion qui t'es donnée dans cette interprétation. Laissez-moi vous inviter à quelques minutes en sa compagnie, et merci à tous ceux qui maintiennent son exemple de professionnalisme encore accessible.