L'intelligence "naturelle" de Lacan face à l'intelligence artificielle qui s'annonçait...

L'intelligence "naturelle" de Lacan face à l'intelligence artificielle qui s'annonçait...

Puisqu'une des trois composantes de la subjectivité artificielle est la psychanalyse moderne, et qu'en principe Jacques Lacan en est le chef de file, pourquoi ne pas lui demander, à titre posthume, ce qu'il pense de l'informatique, des ordinateurs, des automates, des robots, des prémisses de l'intelligence artificielle, bref de tout ce qui appartient à ce champ sémantique ?

Trois citations pour commencer :

La première citation significative concerne la machine comme ensemble symbolique :

"... la machine nous apparaît comme un ensemble d'éléments symboliques, organisé de façon précisément à ce qu'ils 's'arrangent diversement' en des séquences orientées, et assez capable de 'répondre au sens' des questions qu'on lui propose en son langage..." [Discours de Rome, 1953]

Une réflexion très intéressante sur les machines à calculer et leur capacité potentielle à analyser l'inconscient :

"... il n'est pas impensable qu'une moderne machine à calculer, en dégageant la phrase qui module à son insu et à long terme les choix d'un sujet, n'arrive à gagner au-delà de toute proportion accoutumée au jeu de pair et impair." [LE SÉMINAIRE SUR « LA LETTRE VOLÉE », Écrits, 1966]

Une réflexion plus critique sur la notion de "machine-à-penser" :

"... nous refusons de qualifier de machine-à-penser celle à qui nous accorderions de si mirifiques performances, mais simplement parce qu'elle ne penserait pas plus que ne fait l'homme en son statut commun sans en être pour autant moins en proie aux appels du signifiant..." [ibidem]

Ce qui est particulièrement intéressant dans ces trois premieres citations, c'est que Lacan adopte une position nuancée : il reconnaît les capacités impressionnantes des machines tout en questionnant leur rapport à la pensée véritable. Il semble particulièrement intéressé par leur capacité à manipuler des éléments symboliques et à produire du sens, tout en maintenant une distinction cruciale entre ces performances et ce qu'il considère comme la véritable pensée.

Lacan était donc déjà très en avance sur son temps en réfléchissant aux implications théoriques des machines computationnelles pour la compréhension de la psyché humaine.

Continuons l'exploration de ses textes avec d'autres citations pertinentes sur ce sujet :

Sur les calculateurs et la pensée :

"Les débiles calculateurs. Ils calculent eux comme des machines. Ça suggère peut-être autre chose, à savoir que peut-être tout ce qui est de l'ordre de notre pensée est quelque chose qui est comme la prise d'un certain nombre d'effets, des effets de langage" [Discussion Lacan/Maldiney, 1967]

Sur la capacité des machines à communiquer :

"Qu'une machine soit capable de donner des réponses articulées, simplement quand on lui parle... je ne dis pas quand on l'interroge... s'avère maintenant un jeu, lequel met en question ce qui peut se produire : d'obtenir ces réponses chez celui qui lui parle." [Séminaire "La logique du fantasme, 1966-67]

Sur la programmation et le jeu :

"la machine est supposée par le sujet être munie d'une programmation telle qu'elle tienne compte des gains et des pertes" [ibidem]

Sur la distinction entre machine et pensée :

"Ce n'est pas pour le défaut d'une vertu qui serait celle de la conscience humaine, que nous refusons de qualifier de machine-à-penser celle à qui nous accorderions de si mirifiques performances" [LE SÉMINAIRE SUR « LA LETTRE VOLÉE », Écrits, 1966]5]

Un commentaire sur l'automate chez Descartes :

"Je passe sur l'inadéquation de l'exemple dont Descartes ne peut mais, puisque l'automate n'est pris par lui que pour cet aspect de leurre de l'animé dont son époque s'enchantait" [Discours de Rome, 1953]

Sur la construction des machines et leurs limites :

"Nous pouvons construire des machines qui en sont en quelque sorte l'équivalent, mais dans un registre évidemment plus court que ce que nous pourrions attendre d'un rendement comparable s'il s'agissait vraiment d'un cerveau qui fonctionne de la même façon" [Discussion Lacan/Maldiney, 1967]

Sur la science et la pensée :

"La science ne pense pas. Elle ne s'engendre ni à partir de la perception, ni à partir de la cogitation, elle n'est pas connaissance" [Lacan cite Heidegger, Cours de 1951-1952, repris dans Qu’appelle-t-on penser ? et dans Que veut dire “penser” ? Essais et conférences (1954)]

Ces nouvelles citations montrent que Lacan avait une réflexion approfondie sur les machines, leur rapport à la pensée et au langage. Il reconnaissait leurs capacités tout en maintenant une distinction fondamentale avec la pensée humaine. Son approche était particulièrement avant-gardiste, notamment dans sa compréhension des machines comme systèmes symboliques et dans son analyse des implications pour la compréhension du fonctionnement psychique.

[... À SUIVRE... ]



Yves Gérin

Docteur d'Etat Psychopathologie chez Epsmd Prémontré

3 sem.

Lacan erre dans les discours sociaux qui l'ont censuré,à commencer par les politiques,les médias,l université

William Théaux-Neirynck

Expert en développement personnel et santé des corps sociaux chez Uberpol

3 sem.

Lacan n'a pas été jusqu'à 'accorder' l'ADN aux machines, parce qu'il n'a pu commrenter l'accointance du gène 'Y' au Nom-du-Père. À nous maintenant d'avancer sur sa chute ( ou 🤫 )

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