L'intergénérationnel une réponse pour une société collaborative

L'intergénérationnel une réponse pour une société collaborative

Générations et Cultures (www.generationsetcultures.fr) veut relancer le débat entre jeunes et vieux.

LE CO-LIVING  : UNE REPONSE ENTRE COLLABORATIF & INTERGENERATION

 Co-working, co-learning, co-living,…derrière ces anglicismes tendances c’est un changement de civilisation qui est en train de s’opérer. Nous passons d’une société de la consommation à une société de l’échange. Changement dans lequel l’intergénérationnel peut et doit prendre toute sa place.

Derrière l’émergence et le développement de l’ESS, des entreprises coopératives, ou le développement des co-locations, du co-voiturage,… ce sont les valeurs d’échanges qui surgissent.

Les causes de ce renversement viennent certes de la crise économique mais également du désabusement des populations face aux enjeux politiques, sociaux et culturels auxquels elles sont confrontés et à l’incapacité que l’on a à les poser pour les résoudre. Cette nouvelle culture du troc trouve aussi sa source dans la cherté de la vie qui nous amène à renoncer à la possession de tous les biens de consommation qui s’offrent à nous. Dans un tout autre ordre d’idée l’éclatement de la famille avec la versatilité du couple, la solitude au travail, cet isolement nous amène à rechercher des relations et soutiens dans  d’autres sphères sociétales : les amis et copains, les associations et également dans la rencontre intergénérationnelle.

Les conséquences de ces situations font de plus en plus prévaloir la valeur d’usage sur la propriété. On souhaite voyager et ne plus posséder une voiture, on souhaite trouver un logement ou une maison de vacances et pas nécessairement en être le propriétaire, on préfèrera utiliser son argent pour autre chose, ou également gagner moins mais mieux vivre. Au niveau du travail et de la formation on découvre le collaboratif. Enfin, peut on dire stop au bachotage, à la compétition, apprenons ensemble, partageons nos réflexions. De plus en plus nous savons que l’emploi, source de nos revenus, sera volatile et nous seront dorénavant condamnés à changer plusieurs fois de métiers  dans notre vie professionnelle. Nous serons de plus en plus contraints de nous inscrire dans l’adaptabilité, la mobilité et la flexibilité. Trois mots qui nous imposent une formation permanente.

L’intergénérationnel, une réponse, une nécessité !

Dans le cadre du logement, il faut ou faudra désormais être vieux pour posséder un logement, face à leur prix toujours croissant ,et surtout de plus en plus déconnecter de la valeur d’usage et donc des revenus du travail !

L’habitat partagé deviendra une réalité et derrière on voit déjà émerger l’habitat participatif ou chacun dispose de son propre espace mais plusieurs pièces restent communes telles que la cuisine, le salon, la salle de jeux, le jardin… Le tout avec des événements réguliers qui font vivre la communauté.

Une réponse, sera face à un allongement de la durée de vie, peut être de remettre au goût du jour le viager mais en attendant l’échéance de celui-ci, la colocation s’imposera. Offrir un abri en échange de menus aides et surtout rompre l’isolement qui gagne la personne vieillissante.

Dès leur émancipation du cocon familial, les jeunes se font les champions de la co-location. Certes faute de moyens financiers pour trouver à ce loger décemment mais également pour rompre l’isolement auquel ils peuvent se trouver confronter. Quel formidable apprentissage de la vie collective !

Au travail, malgré la concurrence générationnelle pour des emplois de plus en plus rares, l’intergénérationnel peut être également une réponse dans des stratégies managériales et dans l’apprentissage. Les jeunes férus de nouvelles technologies peuvent aidaient les anciens comme en atteste l’exemple de l’Ecole 42 qui développe exclusivement des méthodes collaboratives d’apprentissages. Les jeunes peuvent apporter et aider les plus anciens, comme ils s’aident entre eux, à maitriser les techniques de codages. En retour dans le cadre de la création d’activités nouvelles l’ancien apporte son expérience stratégique et tactique du business et du monde. L’intergénérationnel au travail doit s’imposer. L’union des compétences et des ressources fera la force ! Et celles-ci sont par natures partagées entre les séniors et les jeunes ; les séniors possèdent souvent ressources financières et expériences, les jeunes enthousiasme et connaissances des nouvelles évolutions du monde

La finance participative, peut s’inscrire également dans une relation intergénérationnelle, avec de nouvelles plateformes telles que les crowd-funding, qui invitent les séniors, riches de l’épargne d’une vie de labeur  à financer directement des initiatives entrepreneuriales de starts up initiées par des jeunes entrepreneurs plutôt que d’investir dans des assurances vie adossées à des obligations et des actions des entreprises du CAC 40 éloignées du développement économiques qu’ils souhaitent voir pour leur enfants. Ainsi le crowdfunding permet à chacun de s’impliquer dans le développement économique de son territoire et auquel il aspire, porteur de valeurs.

 Si l’économie collaborative est l’expression d’une nouvelle façon de voir et de mener sa vie, le monde du travail en est, en effet, le premier témoin. Il est loin le temps où obtenir le statut de salarié était une fin en soi, ce temps où l’on travaillait sans trop se poser de question. Car tous les privilèges pour lesquels les générations précédentes étaient prêtes à sacrifier leurs journées (sécurité de l’emploi, retraite, assurance maladie…) sont sérieusement menacés de disparition. Il s’agira donc de trouver un autre sens à la notion de travail. De plus en plus de salariés font leur apprentissage un jour ou l’autre du chômage et doivent se lancer en freelance dans une activité qui aura espérons le plus de sens pour eux.

 Le citoyen devient acteur de son territoire, de sa ville à travers la création de nouveaux liens intergénérationnels respectueux.

Sans basculer dans un angélisme exagéré, l’économie collaborative, c’est une économie du partage et de l’échange. Et pour cela, le territoire comme la ville s’avère être de formidables terrains de jeux. Pour favoriser la convivialité et développer les interactions, on assiste à l’apparition de nouveaux mouvements qui touchent toutes les tranches d’âge et catégories sociales de la cité  comme l’urbanisme tactique et d’autres. A l’opposé des grands projets d’aménagement dont les citoyens ne sont que spectateurs, les initiatives d’urbanisme tactique qui se font à petite échelle sur du court terme, sont lancées par les habitants qu’ils soient jeunes ou vieux. Au contraire, ces rassemblements sont l’occasion pour les  réunir autour d’ambitions et de projets partagés.   

Le but reste simple : développer du capital social, prendre du plaisir à vivre ensemble. Il peut s’agir de trouver des événements comme ceux qui ont pu être  initier, de façon souvent trop circonscris  par la politique de la ville  pour développer une démarche participative de co-production de la ville.

L’échec de cette démarche tient sans conteste au caractère descendant de la démarche mais certainement également de l’incapacité qui fut celle de ces instigateurs de réunir toutes les générations autour de cette idée de co-production . La ville comme le développement doivent être pensés pour les générations futures ; alors pourquoi ne pas associer les jeunes, et surtout tout mettre en œuvre pour leur permettre de s’exprimer et de se confronter avec les moins jeunes qui peuvent avoir des aspirations autres. Des aménagements à petites échelle, à court terme et à portée intergénérationnelle auraient été essentiels pour le succès de cette démarche.

Prônant des valeurs de proximité et d’authenticité, l’économie collaborative tend vers le développement des circuits courts et de la proximité, avec pour conséquence une le développement d’une vie d’échange et de solidarité. Qu’entendons-nous par là ? En quête de sens et de transparence, les consommateurs-citoyens auront davantage tendance à se tourner vers des rencontres intergénérationnelles plutôt que la ségrégation spatiales et générationnelles telle qu’elle s’est développée ces dernières années comme vers les commerces de proximité plutôt que vers l’anonymat des zones commerciales périurbaines, Et cela pourrait avoir un réel impact sur nos territoires et centres-villes qui en sortiront dynamisés et revitalisés.

L’économie collaborative va transformer les territoires et les villes, initialement lieux de consommation, en lieu d’échanges. Dorénavant, le but ne sera plus de « posséder » mais « d’utiliser ». L’achat ne sera plus le réflexe premier car d’autres possibilités s’offriront désormais à nous : louer, troquer, emprunter…

Dans un registre autre, la COP 21 ou  la TRI initiée par la Région Nord Pas de Calais, ne sont elles pas en passe de devenir un succès pour avoir su faire une place certaine dans le débat aux jeunes, notamment les étudiants de toutes les universités et écoles de la région pour  cette dernière. Le succès de cette révolution technologique  passe par la nécessaire prise de conscience de toutes les forces vives au titre des quelles figurent naturellement les étudiants et les jeunes.

Bref, les possibilités d’actions dans lesquelles l’intergénérationnel peut être un générateur et catalyseur  sont multiples et n’ont pour limite que l’imagination des habitants. Et leur enjeu va bien au delà d’un simple évènement entre génération. Ainsi l’urbanisme tactique encourage la mobilisation et l’implication de tous les habitants dans leur quartier et leur permet de se ré-approprier leur ville et de ré-enchanter l’expérience urbaine, comme  la solidarité et l’engagement social doivent être l’affaire de tous, jeunes et vieux réunis.

Vers une plus forte implication sociale et politique intergénérationnelle

Il aura peut être fallu les évènements sanglants du 13 novembre pour constater l’attachement de tous, jeunes comme vieux, aux valeurs démocratiques et de la Républiques. Cette union sacrée autours de ces valeurs de la République révèle les liens sociaux qui peuvent unir jeunes et vieux face aux défis à venir que ce soit au plan politique et économique ou encore sur les sujets environnementaux.

Depuis longtemps, le processus de concertation entre politiques et habitants s’est « notabilisé » et  a révélé ses limites. Les comités d’intérêt local, conseils de quartier et autres associations locales ont fini par devenir eux-mêmes des techniciens experts et ne représentent plus vraiment le citoyen lambda.

Les principes de l’économie collaborative peuvent améliorer les processus de démocratie participative  dans la vie de  la cité. Car désormais des outils et méthodes de co-gestion sont développés pour aller vers plus de démocratie participative. On peut ainsi citer « Fluicity » , qui selon se veut "un outil d'anticipation et d'aide à la prise de décision" pour les élus. Une façon, pour un maire, de disposer en temps réel de données précises sur l'opinion des citoyens afin de mieux éclairer ses choix politiques.

Là encore  pas de naiveté, mais quand on voit le désintérêt des jeunes pour la vie politique et citoyenne, la réactivité que peut offrir cette application est indéniablement un moyen de les faire participer et surtout pour les dirigeants l’occasion de prendre en compte les attentes et intérêts des populations jeunes. De cette manière, les citadins pourront s’impliquer dans la construction de leur «ville intelligente».

Quand l’économie collaborative vient au service de la Smart City !.

Loin d’être l’antonyme de la Smart City, l’économie collaborative trouve un terrain propice à son développement, grâce notamment aux nouvelles modalités qu’elle offre aux jeunes  citoyens de rester acteurs de leur vie et de leur ville. Encore faut-il que l’économie collaborative reste vraiment collaborative  et ne passe pas aux mains de grands monopoles (AirBnb, Uber ou TaskRabbit). Mais ça c’est un autre débat…

Faisons néanmoins très attention que ces nouvelles modalités collaboratives et participatives ne crée pas un fossé intergénérationnel entre ceux que les maîtrisent et les autres relégués dans l’isolement technologique.

Mais l’optimisme demeure de rigueur ! Il est temps de réinventer le « vivre ensemble. Dans la ville de demain, on le voit déjà avec l’éclosion de « tiers lieux » tels que les espaces de co-working, co-living et co-learning, que de nouvelles conditions de travail associant convivialité, bien être, coopération et intergénérationnel sont en train de naître.

jean marc Julien, Vice Président de Générations et Cultures.

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