Lire autrement, c'est possible


La lecture des littératures et des arts dans les pays du Maghreb, malgré la relative abondance de thèses, de mémoires soutenus et d’articles reste encore marquée par un discours quelque peu exotique, trop peu autonome. J’ai l’impression, en lisant différents travaux, être en présence de textes qui calquent des schémas de lecture ou de faux poètes qui oublient l’objet de leurs supposés questionnements pour s’oublier dans les méandres des jeux de l’emphase. Aussi, est-on prisonnier d’arguments d’autorités particuliers qui orientent une lecture manquant ainsi tragiquement d’autonomie. Toute lecture devrait-être travaillée par les jeux délicats de la passion, ce qui n’exclut nullement le coup d’œil froid du critique. Lire, c’est jouir, aimer ou peut-être aussi ne pas aimer, tout en prenant une certaine distance avec l’objet. Le texte devrait-être singulier, Un tout en étant pluriel. Complexe.

Cette discipline récente est traversée par une sorte de regard anthropologique réducteur et un dogmatisme analytique et méthodologique qui s’auto-satisfait souvent de grilles péremptoires et de classifications trop superficielles à tel point qu’on retrouve souvent les mêmes approches et les mêmes réflexions dans la plupart des travaux universitaires prisonniers de schémas déjà là et ne s’embarrassant nullement de jugements et de pétitions hâtifs qui évacuent les dimensions d’ordre épistémologique et ontologique. Nous sommes en présence d’une sérieuse crise de lecture. C’est peut-être ici que devrait s’imposer un véritable travail de décolonisation qui nous ferait réinterroger les mots, les concepts et les images.

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