Littérature grise : et si vous étiez auteur sans le savoir ?

Littérature grise : et si vous étiez auteur sans le savoir ?

Généralement, littérature et monde professionnel sont comme l’eau et l’huile : on peut toujours tenter de les mélanger, mais ça ne marchera jamais. Jamais pensez-vous ? De la même manière que l’on parle de littérature blanche pour la grande littérature, ou de littérature noire pour les romans policiers, il existe une littérature… grise. Cette littérature caractéristique des institutions, des entreprises, des associations, est partout et peut-être faites-vous partie, sans le savoir, de ses valeureux contributeurs.

Littérature grise rime avec entreprise ?

Selon l’Afnor, la littérature grise est définie comme : « tout document dactylographié ou imprimé, souvent à caractère provisoire, reproduit et diffusé à un nombre d’exemplaires inférieur au millier, en dehors des circuits commerciaux de l’édition et de la diffusion ». 

La littérature grise très présente dans le domaine scientifique se trouve en réalité dans toutes les sphères professionnelles : grandes administrations, entreprises, associations, monde de la finance, etc. Elle se présente sous la forme de rapports ou de publications construites soit sous forme de mook (magazine-book), de pamphlet, de revue, ou de brochure. 

On compte dans cette catégorie littéraire toutes sortes d’autres travaux non publiés : mémoires, dissertations, présentations PowerPoint, communications, actes de colloques, notes de synthèses, etc.

Qui en sont les auteurs ?

Il n’y a pas de règles en la matière, les auteurs sont soit des collaborateurs en interne, soit des professionnels externes missionnés pour apporter leur expertise sur ces supports à forte valeur ajoutée.

Ces documents peuvent être produits par à la fois des recueils rédigés par des experts, des constructions stratégiques élaborées par des conseillers, des sommes de témoignages recueillis par des journalistes d’entreprise ou des agences de communication, ou encore le fruit d’une contribution collective au sein de l’organisation. 

Il existe aussi des plumes d’entreprise, de décideurs, de politiques, d’administrations publiques, dont la grande qualité est le plaisir de mettre en forme, de structurer et de constituer un corpus d’informations.

Il est fort possible que sans le savoir vous soyez vous-même un auteur de la littérature grise. A partir du moment où vous avez écrit ou contribué à ce type de publication dans le cadre de votre entreprise, institution, association vous en faites partie. Peut-être même êtes-vous spécialisé dans ce domaine qui comprend, comme la littérature, ses propres sous-genres. Leur particularité ? Elles se prénomment toujours par un code couleur.

Le livre noir, bête noire des autres

On nomme livre noir tout document qui recense un corpus critique sur un sujet. Ce type de livre fait souvent office de pavé dans la mare. Il est rédigé par des experts dans un domaine pour remettre en question certaines certitudes. Outil de dénonciation et de prise de conscience, le livre noir est idéal pour faire parler dans les médias : livre noir du communisme, de la psychanalyse, de la publicité, du capitalisme, etc. 

Ce type d’ouvrage a souvent une visée et une portée politique et provoque des polémiques. Très utile pour affirmer une position forte.

Le livre blanc, tourné vers l’avenir

Le livre blanc est apparu dans les années 1920, dans le domaine politique. Il servait à exprimer les intentions d’un gouvernement dans un contexte précis. Ex. Le livre blanc des hôpitaux publics, des congés payés, de la politique de désinflation, des politiques sociales, etc. 

De nos jours, le livre blanc se retrouve dans toutes les sphères économiques et professionnelles, avec pour fonction de faciliter ou d'orienter la prise de décision du lecteur sur un sujet. Dans le domaine politique, les livres blancs contiennent souvent un corpus de propositions argumentées qui résultent d’une réflexion propre à un secteur. En matière de lobbying, le livre blanc constitue un outil de choix.

On le retrouve dans institutions privées ou publiques à but non lucratif comme les ONG pour défendre un message sous forme d'état des lieux sur un domaine d'intérêt public. Mais le livre blanc est de plus en plus utilisé dans un contexte non officiel : communication d'entreprise, marketing, relations publiques.

Le livre blanc permet notamment de véhiculer une vision reposant sur une expertise, des témoignages, avec souvent une approche prospective dont la finalité est de convaincre d’éventuels clients.

Le rapport d’activité, la bible annuelle

Obligatoire pour les entreprises cotées en bourse, le rapport d'activité est un compte-rendu qui reprend les chiffres et les stratégies développées durant une période donnée en regard des objectifs attendus. Destiné à la hiérarchie, au public et parfois aux actionnaires et aux partenaires, ce document est également l’occasion pour l’organisme qui le produit, de faire état d’un savoir-faire et d’un sens de l’excellence. 

Un rapport annuel sera plus que la somme de ses constituants : il est une photographie annuelle des activités de l’entreprise et de ses forces vives. 

Le Brand book, une approche moderne de l’identité de l’organisation

Un Brand book présente l’ensemble des règles liées à une marque et son identité visuelle. Il fait référence en interne comme en externe (agences, partenaires, clients, médias). Le Brand book est indispensable pour expliquer comment s’articule l’identité visuelle, l’usage du logo, des typographies et des couleurs et l’univers graphique de la marque. Mais il constitue également un document stratégique sur tous les aspects de la marque : positionnement, storytelling de l’organisation, éléments de langage en interne et en externe en situation.

Véritable bible moderne de l’entreprise, le Brand book est très vite devenu indispensable pour guider les collaborateurs dans le dédale complexe de la vie d’une grande entreprise.

Et les autres couleurs ?

Il est temps de conclure avec une ouverture. La littérature grise est bien plus riche que ce que l’on imagine. Il existe tout une gamme de couleurs qui vous feront réfléchir sur les nombreuses manières d’aborder le sujet et la multiplicité des usages : 

  • Le livre bleu, dont l’apparition remonte au XVe siècle, se présente sous la forme un rapport annuel ou toute autre compilation de statistiques et de données chiffrées.
  • Le livre vert, rapport officiel de la Commission européenne, formule un ensemble de propositions destinées à être discutées en vue de l'élaboration d'une politique.
  • Le livre jaune, rapport émanant du gouvernement français, notamment dans le domaine de la diplomatie, sous forme de compilation de documents
  • Le livre rouge, à ne pas confondre avec le petit livre rouge de Mao Ze Dong, registre des comptes secrets de la monarchie française sous Louis XV et Louis XVI


Merci d'éclairer nos lanternes avec cet article détaillé et très agréable à lire !

Julien Lemarchal

Communication éditoriale

5 ans

Très intéressant, merci Séverine Léguillon

Séverine Léguillon

Consultante experte au Secrétariat général des Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, des Sports de la Jeunesse et de la Vie associative

5 ans

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