Livre blanc 'Transition écologique, catalyseur de transformation pour les PME & ETI', exemple de cas concret

Extrait du Livre blanc Katalyse 'Transition écologique, catalyseur de transformation pour les #pme et #eti' > retour d'expérience de Hugues MALHERE ♻ AD'HOC MEDIA

Pourquoi avoir engagé l’entreprise dans la transition écologique ?

Sur le plan personnel, je suis plaisancier depuis 25 ans et vois la qualité de l’eau et des ressources halieutiques se dégrader. Je suis par ailleurs sensible aux questions de santé publique.

Sur le plan professionnel, j’ai rapidement pris conscience d’être dans un métier assez polluant : on travaille avec des machines à pression numérique, on contribue à la pollution des mers par le plastique (PVC, polyester). De grosses commandes en 2006 et 2007 m’obligent à réaliser des prestations qui n’ont pour moi plus de sens, en raison de leur envergure et de leurs modalités de réalisation (envoi de bâches à imprimer en Italie). À partir de là, je décide d’agir.

Qu’est-ce qui a été mis en place concrètement ?

On s’est affranchis de notre dépendance au carbone et au pétrole. En 2009, nous sommes le premier imprimeur à basculer nos encres à solvant sur la technologie Latex. En 2013, nous arrêtons nos achats de PVC pour la production, pour n’utiliser que des matériaux « verts », en nous assurant qu’ils ne viennent pas du bout du monde ! Nous nouons en 2014 un partenariat avec la société bretonne Algopack, qui fabrique des supports à base d’algues en remplacement des panneaux PVC. Mais ces décisions ont affecté notre compétitivité. Par exemple, en 2018 les bioplastiques fabriqués à partir de déchets de riz coûtent 2 fois et demie plus cher que le PVC. Résultat, on perd en quelques années un tiers de notre clientèle. On tient la barre malgré tout et Ad’Hoc Média affiche résolument son positionnement d’imprimeur écoresponsable : c’est devenu notre ADN !

En 2019, à l’issue du premier bilan carbone, nous prenons collectivement l’engagement de réduire de 50 % notre empreinte carbone à horizon 2030. Pour y parvenir, nous avons ciblé 5 actions : réduction des intrants et exclusion de ceux à forte émissions carbone, développement des filières de recyclage, réduction de l’empreinte environnementale du SI, déplacements en avion proscrits et plan de sobriété dans les bureaux et locaux (chauffage, luminaires). Enfin, à travers le choix d’une sous-traitance locale et d’un marché géographiquement limité, nous acceptons en conscience de limiter la croissance de l’entreprise.

Quels impacts dans l’organisation et le quotidien des équipes ?

Une auto-responsabilisation : j’ai été surpris par le niveau d’engagement de l’équipe. Par exemple, on a décidé collectivement d’utiliser l’énergie accumulée en journée pour accueillir un sans-abri la nuit, dans le cadre d’une action proposée par l’association « Les bureaux du cœur ». 3 pilotes de projet se sont portés volontaires, l’un sur « les bureaux du cœur », un autre sur le recyclage et un 3e sur l’écoconception. Nous organisons un temps fort, tous les 3 mois, au sein d’un COPIL innovation, dans lequel nous suivons nos projets et réinterrogeons nos pratiques. Nous sommes devenus un creuset de test et d’expérimentation pour nos fournisseurs. Notre exigence de sobriété et d’écoconception a fait évoluer notre métier : on est complètement dans les 3 R (Réduire, Réutiliser, Recycler). On fait de l’impression directe et on limite nos déplacements.

Qu’est-ce que cela a apporté à l’entreprise ?

Avant tout, on a redonné du sens à notre activité professionnelle. L’équipe est pleinement mobilisée et fidélisée. Au final, après des années difficiles, on a réduit nos coûts et gagné en productivité : résultat, nous sommes plus compétitifs aujourd’hui. Surtout, il y a alignement sur la stratégie. Nos collaborateurs et nos clients nous ressemblent : un tiers du portefeuille-clients a été renouvelé grâce à notre positionnement écoresponsable. Et notre objectif de chiffre d’affaires, que nous avions révisé à la baisse, est aujourd’hui dépassé.

Quels sont les facteurs clés de réussite ?

Je vois deux ingrédients à cette recette au final réussie. D’abord, la transparence, en interne et auprès des clients, pour expliquer nos choix, mais aussi nos difficultés : c’est ce qui nous permet d’acquérir une crédibilité. Puis la persévérance, qui nous a fait continuer en dépit des échecs.