L’ombre, notre Mr Hyde.
La nature humaine est un sujet fascinant. Plus on fait l'effort de comprendre sa psychologie, mieux c'est. Dans la même foulée, la compréhension de soi permet de décoder un peu plus les motivations, inspirations, comportements, choix et actions de ses semblables.
Robert Louis Stevenson était l'auteur du roman d'épouvante : Docteur Jekyll et Monsieur Hyde. Même si c'est une curieuse histoire effrayante, une analyse approfondie nous montre que Stevenson décrivait en fait la face cachée du monstre enfoui au plus profond de notre être, ce que Carl Jung appelait l'ombre.
Cette créature "hideuse" dont on refuse bien souvent d'admettre l'existence est pourtant présente en chacun de nous. En effet, on possède deux faces : celle jekyllienne, que l'on montre volontiers en public, et celle hydienne qui apparaît dans l'obscurité, tapie dans le secret de son intimité.
Quand on était encore enfant, on n'était pas que des anges. Pendant cette période, le bien et le mal étaient des concepts abstraits. En grandissant, on était constamment corrigé, façonné par les parents, professeurs, amis, environnements, éducations afin qu'on devienne des produits d'insertion de la société.
Par la suite, notre vie d'adulte est en perpétuelle division et fragmentation. Nous nous efforçons de ne montrer que la partie généralement acceptée par notre société. L'autre partie est niée et rejetée cruellement dans les noirs donjons de notre subconscient.
La plupart du temps, ce processus s'autoproduit sans que nous nous en rendions compte. Le moindre lapsus est souvent cautionné par nos pairs et nous-mêmes. Cet état de chose est devenu si raffiné que les autres deviennent comme des miroirs, reflétant les traits de caractère que nous souhaitons bien intégrer ou exciser de notre propre personnalité.
Recommandé par LinkedIn
Il est dit que l'énergie ne peut être créée ou détruite. On ne peut que la transformer. Donc si l'humain, dès sa naissance, est forcé à suppresser une partie de son individualité au nom de l'acceptation et de la conformité, c'est comme le Vésuve qui sommeille. Un beau jour, le volcan explose, se détruisant lui-même et tout sur son passage.
Néanmoins, notre esprit est un programme hautement sophistiqué, un champion de la survie, une merveille de la nature. Afin de nous protéger nous-mêmes contre toute destruction certaine, il nous pousse à trouver des mécanismes d'adaptation.
Souvent, ces derniers prennent les formes de vices tels que la drogue, le sexe, la pornographie, les palabres, les jeux compulsifs au casino, la kleptomanie, les fantasmes, etc. Ces vices, même s'ils sont encore rejetés par une société puritaine, sont aussi souvent, paradoxalement, bien tolérés. En effet, la présence de ces vices dilue, au passage, la grosse explosion, synonyme d'annihilation totale.
Qu'on le veuille ou non, on vit actuellement dans une société névrosée. Si l'humain n'honore pas son ombre, ses défauts, si le civilisé est toujours en guerre contre sa primitivité, alors tout le monde continuera à être des bombes à retardement.
Cela dit, je ne suppose nullement que l'on doive donner libre cours à toutes pulsions. Mais il paierait de canaliser toutes ces énergies supprimées vers des issues plus créatives que destructives, telles que l'art, le sport ou d'autres activités transformatrices et originales. Je reviendrai sur ce merveilleux sujet dans un autre récit. À méditer en attendant...
Bilingual Finance, ESG Professional And Analyst. Currently a Customer Care Advisor at Scotiabank.
4 ansMerci Anjesha...çela fait vraiment plaisir que tu l'as aimé...je vais continuer à écrire et à partager, c'est sur ☺👍