Lorsque votre PSA sort de ses rails

Lorsque votre PSA sort de ses rails

Bien plus sérieux que l’évolution de la valeur d’un groupe automobile, l’abréviation PSA symbolise la virilité masculine au tournant de l’existence. Cette protéine produite exclusivement par la prostate nommée PSA pour antigène spécifique de la prostate concerne la santé des hommes dès la quarantaine. Elle ne manquera pas d’intéresser la gente féminine bien au-delà de la simple empathie. L’objectif de cet article n’est pas de simplement mettre la lumière sur les tristes augures qui planent sur la sphère génito-urinaire des hommes, mais de lever un voile sur l’ignorance qui règne autour du plus fréquent problème de santé qui touche les hommes.

Pour rappel, chaque homme est menacé dans sa santé sexuelle, physique et psychique à partir de 50 ans. Nous, les mâles biologiques, possédons tous une bombe à retardement en notre for. Plus d’un homme sur deux sera atteint d'un cancer de la prostate et jusqu'à 80 % souffriront de troubles urinaires liés à l'hypertrophie bénigne de la prostate. Sans une prévention active, la majorité des hommes sont à risque de perdre leur masculinité ou de finir en couche-culotte.

Les données médicales indiquent que la santé tend à se dégrader autour de la cinquantaine. Suite à un check up et à une prise de sang, le couperet tombe. Cher Monsieur, vous avez un peu trop de sucre, votre tension monte ou encore votre cholestérol est trop élevé. Autre mauvaise nouvelle, votre PSA présente un risque de cancer de la prostate. Dépister le cancer de la prostate est bien l’objectif de l’analyse sanguine évaluant le taux de PSA sanguin.

Face aux chiffres révélés par votre hémoglobine, s’en suit une procédure médicale, véritable parcours du combattant qui vous fera visiter les méandres de la peur, du doute et du désarroi.

 Parcours du combattant

Avec un PSA dépassant le seuil retenu par le laboratoire, de 3,1 ng/l à 4 ng/l, votre médecin de famille vous envoie consulter un urologue. Ce dernier procédera à un toucher rectal ou à une palpation de la prostate afin de détecter ou non une anomalie de la prostate. Il est bon de noter qu’un cancer à un stade précoce peut ne pas être détectable au toucher. L’urologue vous proposera alors une biopsie de la prostate. L’analyse des prélèvements effectués permettra soit d’exclure un cancer, soit de confirmer la présence de cellules cancéreuses et de préciser le stade de développement du cancer le cas échéant. Le spécialiste dispose également d’outils supplémentaires comme l’IRM et l’échographie pour affiner son analyse.

 PSA et dépistage du cancer de la prostate : la controverse

Le PSA fut découvert en 1970 par le professeur Richard J. Albin. L’utilisation du PSA, et notamment sa variation dans le temps - temps de doublement du PSA – lorsque le cancer a déjà été pronostiqué, est très utile dans le cadre de la surveillance médicale du cancer : c’est un outil précieux de la prise de décision médicale. En revanche, Richard Albin considère que l’usage du PSA constitue un faux progrès en matière de dépistage du cancer de la prostate. Il exprime ouvertement le cœur de la controverse sur ce thème. Dans un article du 9 mars 2010 du New York Times, The great prostate mistake, il considère le dépistage du cancer de la prostate comme un gâchis économique et humain. Selon lui les chiffres sont parlant : « les hommes américains ont un risque de 16 % de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate au cours de leur vie, mais seulement un risque de 3 % d’en mourir, car la plupart des cancers de la prostate évoluent lentement. En d’autres termes, les hommes qui ont la chance de parvenir à un âge avancé ont plus de chances de mourir avec un cancer de la prostate que d’en mourir. Même dans le deuxième cas, le test n’est pas plus efficace que de jouer à pile ou face. Comme j’essaie de l’expliquer depuis de nombreuses années, le dépistage par les PSA ne permet pas de détecter le cancer de la prostate et, plus important, il ne permet pas de distinguer les deux types de cancer de la prostate, celui qui vous tuera et l’autre. ».

Les différentes études de type coûts-bénéfices ont amené les différentes autorités de santé à ne plus conseiller le dépistage automatique du cancer de la prostate par le test du PSA. Le dépistage ne bénéficierait qu’à un très petit nombre d’homme, alors que les coûts, financiers et humains, l’emportent largement : une biopsie n’est pas un acte anodin pour le patient et les traitements occasionnent de nombreux risques, dont l’impuissance et l’incontinence.

En Suisse, dans sa publication de septembre 2015, le Registre fribourgeois des tumeurs conclut son numéro sur le cancer de la prostate par « On ne sait pas aujourd’hui les causes de ce cancer, si le dépistage doit être réalisé ou non et quel traitement donner pour avoir le maximum d’efficacité et le moins d’effets adverses possible. Derrière les chiffres que nous avons présentés se trouve le désarroi des hommes de notre canton qui vont devoir choisir d’adhérer ou non au dépistage en toute connaissance de cause sur ses bénéfices potentiels et les effets adverses ; et celui des patients atteints qui vont devoir se décider sur le traitement le plus adéquat capable de leurs offrir les meilleures chances de guérison, tout en leur laissant la qualité de vie digne de ce nom. »

Aux États-Unis, le dépistage systématique n’est plus recommandé depuis 2011. En France, la Haute autorité de santé confirme en 2013 que « la mise en place d’un programme de dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA sérique total n’est pas recommandée, que ce soit en population générale ou chez les hommes à haut risque … Le dosage du PSA sérique total est un test de dépistage de performance médiocre et son usage génère des biopsies prostatiques inutiles. ».

 Désarroi et colère

Il n’est jamais agréable de se voir annoncer que l’on souffre potentiellement d’un cancer. On ne s’y attend pas, on n’y croit pas. En fait nous ignorons tous la triste réalité statistique, ainsi que la controverse scientifique qui touche depuis plus de vingt ans l’utilisation du PSA comme un marqueur tumoral et un outil de dépistage du cancer de la prostate. Certes, la qualité de la communication entre le patient et le corps médical influence fortement la réaction du patient au sujet de son PSA élevé.

Dans le cas de l’auteur présenté dans le tableau en tête d’article, il y a d’un côté, le médecin de famille, qui a commandé le premier dosage PSA - en 2012 avec une valeur proche de 4 ng/l – et a proposé une visite chez l’urologue. C’est une communication professionnelle et marquée d’empathie qui s’est établie. Fin 2016, le dosage PSA avait progressé à 6,08 et plusieurs symptômes urinaires relatifs à l’hypertrophie bénigne de la prostate était apparus.

De l’autre côté, l’urologue à qui j’ai exposé les symptômes n’a répondu à aucune de mes questions au sujet de l’hypertrophie bénigne. Bien que le second toucher rectal ne présentât aucune suspicion (de cancer), l’urologue a beaucoup insisté pour que j’accepte d’effectuer une biopsie : « je ne peux pas vous garantir que vous n’avez pas de cancer sans faire une biopsie ». Ne croyant pas à la possibilité d’expliquer la valeur de 6,08 ng/l par le développement de l’hypertrophie bénigne et face à mon de refus de la biopsie, l’urologue m’a proposé une antibiothérapie de trois semaines pour vérifier la possibilité que ce taux soit lié à une inflammation chronique de la prostate. Prendre des antibiotiques sans avoir la démonstration que cela soit indispensable étant contraire à mes convictions, j’ai également refusé. Je ne suis plus retourné voir l’urologue. Les termes la communication de ces huit minutes qu’a duré cette consultation ont provoqué désarroi et colère.

La littérature abonde au sujet de la controverse autour du PSA. Il est notoire que les biopsies effectuées en réponse à un PSA supérieur au seuil sont négatives à plus de 75%. La biopsie détecte mal les cancers des deux premiers stades (sur quatre). D’autres causes peuvent expliquer une augmentation du PSA : l’hypertrophie bénigne de la prostate, une prostatite, le sport à haute dose, en particulier le cyclisme et l’équitation, toute intervention chirurgicale sur la prostate et la vessie, un massage de la prostate et l’éjaculation ou encore la prise de médicaments, notamment l’ibuprofène selon Richard Albin. Finalement, une biopsie est un acte chirurgical bénin, mais pas sans risques : saignements, douleurs, infections, rétention urinaire.

La colère a ensuite fait place à la motivation d’étudier les problématiques liées à la prostate. Il en est résulté la mise en place début 2017 d’un protocole préventif. Les symptômes urinaires se sont rapidement estompés et le taux de PSA est revenu à une valeur proche de 4 ng/l en moins de deux ans. Ce protocole préventif a certainement évité que la valeur du PSA continue de monter au-dessus des 6,08 ng/l comme l’indique la courbe rouge du graphique en tête d’article.

L’autre voie, une prévention naturelle

Une autre dimension défaillante de la communication concerne la prévention des troubles de la prostate. Hélas, les institutions de la santé ne proposent rien d’autre que ne pas consommer d’alcool, ne pas fumer, faire du sport et manger sainement. Même la Ligue contre le cancer de mon canton ne souhaite pas élargir l’action préventive contre le cancer de la prostate au-delà du conseil de consulter un spécialiste et d’effectuer un test de dosage du PSA. Et pourtant, de simples recommandations sont possibles. Par exemple, il est unanimement reconnu que la vitamine D et les oligo-éléments zinc et sélénium constituent des micronutriments essentiels de la santé génito-urinaire. Une déficience en vitamine D augmente le risque de contracter un cancer, de la prostate ou les autres. Est-ce qu’un urologue vous proposerait une telle supplémentation en première intention, préventive, lorsque votre PSA sort de ses rails ?

Que ce soit des recettes ancestrales ou le fruit de recherches récentes, une pharmacie ou une bonne herboristerie, tant qu’il en existe encore, peuvent vous fournir nombre de plantes et préparations utilisées en phytothérapie, naturopathie ou aromathérapie pour prévenir, voire traiter les troubles de la prostate. Est-ce efficace me demanderez-vous ?

La prévention en matière de troubles de la prostate est malheureusement un paradigme qui n’intéresse pas ou peu la science médicale. De nombreux témoignages, ainsi que diverses études valident l’option préventive naturelle. Cependant, il n’existe pas de preuves scientifiques unanimement reconnues, faute d’engagement dans cette voie de la part des acteurs institutionnels de la santé. Un exemple, Swissmedic a interdit en 2017 la vente en pharmacie de la plante épilobe à petites fleurs sous forme de gélules, plante dont les vertus anti-inflammatoires sont réputées pour le traitement des troubles de la prostate. La plante reste toutefois accessible en vrac pour infusion ou dans l’Union européenne en gélules.

 Conclusion

La communication est certainement la clef de lecture de cet article. La communication avec son médecin au sujet de l’utilité ou de la nécessité d’effectuer un test de dépistage du cancer de la prostate. La communication au sujet des troubles de la prostate et des possibilités de prévenir leur apparition ou leur développement. Rappelons que ces troubles concernent presque tous les hommes.

Lorsque votre PSA sort de ses rails, mieux vaut prendre le temps de la réflexion avant de jouer à pile ou face et risquer une descente en enfer comme le dit Richard Albin. Cela pourrait ravir madame et vous permettre de continuer de jouir longtemps de la dimension paradisiaque de la prostate.

 

À propos de l’auteur

Économiste, formateur d’adultes, micronutritionniste indépendant et spécialiste en prévention naturelle des troubles de la prostate.

Reçoit, ou se déplace, en consultation individuelle. Anime un atelier de développement personnel pour les entreprises.

Tél. 079 658 20 12

nicolas.gendre@forumprostate.ch

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