Lou-Anna, Manager Frais en alternance

J+1 : On souffre

Toutes les images que vous avez vues à la télévision sur les razzias dans les supermarchés sont au-dessous de la réalité : clients comme employés se marchent dessus (on repassera pour le mètre de sécurité…), les rayons, aussitôt remplis, sont aussitôt vides et tout le monde est très tendus. Rapidement, nous nous devons de réagir. Nous prenons conscience que cette cohue ne sera pas supportable très longtemps, sans compter la charge de travail qui augmente et la peur de la maladie que nous sentons planer.

J+3 : On décide

Au rayon frais, nous décidons de proposer le travail de nuit sur la base du volontariat. Décision suivie par le manager PGC et proposition acceptée par la majorité du personnel. Travailler de nuit permet d’éviter le contact avec la clientèle, mais aussi d’alléger les conditions de travail puisque le magasin est vide. Ainsi, nous avons vu la productivité décupler avec des arrivages qui ont presque doublé. On travaille beaucoup mieux, beaucoup plus rapidement, et avec le sourire ! Et, cerise sur le gâteau, je n’ai qu’un absent dans mon équipe.

J+ 5 : On s'organise

Nous filtrons les clients à l’entrée pour ne pas bonder le magasin, des équipements de protection sont très rapidement mis en place en caisse, mais pour ce qui est des employés libre-service, il faudra attendre le 10ème jour de confinement officiel pour voir des masques et du gel hydro alcoolique arriver même si des gants en latex sont à disposition depuis le premier jour.

J+10 : On s'adapte

Le début de période s’est alors passé sur le rythme de la polyvalence. Je passe du secteur frais, au secteur PGC (il faut évidemment du renfort au rayon des pâtes !...) et même au secteur caisse. J’essaie d’alterner entre horaires de jour et de nuit pour maintenir le contact avec les équipes de nuit. Nous sommes fatigués, mais tout va bien en comparaison des magasins qui souffrent réellement de la crise.

J+15 : On gère

La situation commence à se compliquer depuis 15 jours. 3 membres de mon équipe sont tombés malades. Il faut pallier aux absences et, tout comme la majorité des membres de ma classe, ma formation ou encore mon projet de fin d’études tombent aux oubliettes puisque managers comme directeur, nous sommes tous employés libre-service.

J+60 : On rêve...

Aujourd’hui, l’ensemble de la population prend conscience du rôle des grandes surfaces alimentaires dans notre quotidien mais aussi de la complexité des différents emplois que nous y retrouvons. Les conditions ne sont peut-être pas idéales pour ses premiers pas dans la Grande Distribution, mais nous ne baissons pas les bras et j’espère de tout cœur que des métiers jusqu’alors dévalorisés obtiendront la reconnaissance qu’ils méritent pour le dévouement dont je suis témoin tous les jours.

Lou-Anna