A l’ouest, rien de nouveau

A l’ouest, rien de nouveau

C’est aujourd’hui que l’Allemagne a l’obligation de donner le feu vert à l’envoi de chars Léopard en Ukraine.

Plus qu’une obligation morale, c’est un impératif de survie. La possibilité de laisser la Russie engloutir l’Ukraine est réelle et elle entraînera des conséquences dévastatrices pour des décennies à venir, envoyant par là même le message que de nombreux autocrates puissants ou marginaux attendent impatiemment aux quatre coins du monde: « le temps est venu de s’imposer sauvagement, sur nos peuples et nos voisins, sans résistance aucune ».

Si le sort de l’Ukraine qui ressemble à tous les pays de l’ouest que nous connaissons et où nous vivons nous attriste, la peur de sombrer nous-mêmes sous le joug de voyons sanguinaires sans foi ni loi devrait nous effrayer encore plus car ce n’est que la prochaine étape de Poutine et ses acolytes. Après avoir siphonné les richesses de leur peuple pour leur propre profit et envoyé à la boucherie leurs fils innocents par dizaines de milliers pour le prestige et l’enrichissement d’une armée de mercenaires -bien trop longtemps tolérée par le monde et les Nations Unies malgré les violations et exactions qu’elle commet aux quatre coins de la planète par ailleurs-, leur dessein est de rétablir les frontières et la puissance de l’ex URSS. Et ces frontières, dans la sphère d’influence de l’URSS, incluaient la Pologne, de nombreux états baltiques ainsi qu’une partie de l’Allemagne. Eh oui, une partie de l’Allemagne qui dans dix ans, si la Russie de Poutine n’est pas défaite aujourd’hui, sera menacée très sérieusement et le plus simplement du monde par une voisine slave reconstruite, dictatoriale et ragaillardi.

La Russie de Poutine a déjà un genou à terre et c’est le moment de l’achever avant de lui laisser la chance de se relever. Le plan de Poutine pour ce printemps est clair, tous les stratèges occidentaux le savent et le disent. Poutine lui-même le dit. Aucune surprise. On ne pourra pas dire que nous ne savions pas et que les préparatifs Russes étaient trop bien cachés. Les délires de torpilles nucléaires et de missiles hypersoniques ne sont qu’une mince illustration de la folie meurtrière de Poutine et ses acolytes. Plus l’ouest est indécis et attend, plus d’hommes, de femmes et d’enfants seront dévorés par cette tragédie, aussi bien Ukrainiens que Russes d’ailleurs dans l’immédiat, et au final, le coût du combat pour renverser l’avance de la Russie n’en sera que plus grand. 

L’Europe a failli en 38, nous le savons depuis longtemps, et le monde a payé un prix inhumain pour cette faiblesse impardonnable quelques années plus tard. Il faudrait pouvoir apprendre de l’histoire et également, tout simplement, de l’importance d’un Momentum qui, une fois en route, est de plus en plus difficile à renverser. 

La nouvelle Europe, si prometteuse en 57, et qui devait unir ses peuples dans un dessein commun, semble aujourd’hui en faillite morale, intellectuelle et certainement militaire. Pour leur part, les Nations Unies ont sombré dans une bureaucratie cynique, incompétente et tournée vers sa propre expansion, ne s’excusant même plus aujourd’hui de son impuissance à mâter des conflits dénués de quelque semblant de légitimité qui soit, comme l’agression odieuse de la Russie contre l’Ukraine. Bien sûr Guterres jappe un tantinet à propos de l’environnement sans même parvenir faire diversion alors que tout le monde semble s’en moquer totalement, hélas. Alors faut-il même encore s’étonner que la question des conflits et du piétinement des droits de l’homme, si flagrants à travers la planète, n’ait clairement plus sa place dans la tortueuse liste des préoccupations bureaucratiques des Nations Unies ? Ai-je besoin de parler des questionnements ahurissants dans les circonstances de plusieurs pays européens sur la pertinence d’envoyer tel ou tel arme ou à savoir ce qu’est vraiment un blindé ou un char d’assaut ?

À moins d’un réveil soudain et miraculeux du chancelier allemand, et après « La der des der » et « Plus jamais ça », la constatation semble désarmante (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots) : À l’ouest, (toujours) rien de nouveau…

 #ukraine #nationsunies #europe #allemagne

NB : J’espère cependant me tromper et entendre que les chars Léopard se dirigeront promptement vers l’Ukraine, de tout cœur avec les Ukrainiens.

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