L’union Européen légalise le Hold-Up bancaire
Bienvenue dans l’union européenne ! Le nouveau texte dit de “Renflouement interne des banques” a peut être échappé à votre surveillance, mais c’est pourtant une réalité, et le constat va nous laisser un goût amer. À compter du 1er Janvier 2016, les établissements bancaires déclarés en difficulté auront la possibilité de ponctionner sur les comptes de ses épargnants, toutes les sommes non garanties supérieures à 100.000 € pour éviter la faillite. Il faut dire que ce texte a été adopté sans aucun débat démocratique dans notre pays et même en toute intimité pendant la période estivale.
Vous ne regarderez plus votre banquier de la même façon !
Une seule alternative : la multibancarisation
Ce texte sous l’acronyme BRRD pour Bank Recorvery and Resolution Directivequi donne en Français, directive sur le redressement des banques et la résolution de leurs défaillances. Ce dispositif met en place un “bail-in” ou renflouement interne pour les établissements bancaires en difficulté. Ce texte vient s’ajouter, pour ne pas dire remplacer, le “bail-out” mise en place depuis 2008. En effet, depuis la crise de 2008, ce sont les Etats, avec l’argent du contribuable, qui renflouaient les banques, assurant ainsi la stabilité du système bancaire. À l’époque déjà, ce financement avait fait grincer des dents bon nombre de personnes, et notamment les petits épargnants au regard des profits colossaux que pouvaient engranger les actionnaires de ces grandes banques.
Maintenant, une question se pose, qui paiera la politique d’investissement agressive et parfois irraisonnée de certaine banque et de ses actionnaires ?
C’est une très bonne question, que chacun d’entre nous est en droit de se poser. Le texte prévoit dans le contenu de ses 160 pages, qu’en premier lieu ces mêmes actionnaires “agressifs et irraisonnables” devront mettre la main à leur portefeuille, mais, il y a toujours un mais, si cela ne suffisait pas, l’établissement bancaire pourra se servir des dépôts non garantis de leurs clients, c’est à dire “vous” !
Vous allez devenir le banquier de votre banquier
Pour éviter de nous faire peur, le dispositif précise que les sommes prélevées s’effectueront sur les montants non garantis supérieurs à 100.000€ et une après la contribution des actionnaires et des créanciers.
Pas sur que cela rassure quand nous voyons les scandales financiers à répétition et surtout la rapidité avec laquelle nos amis banquiers et leurs actionnaires ont pour cacher leurs avoirs financiers dans des paradis fiscaux.
Sachant que les informations disponibles pour les clients sur la santé des banques sont souvent très compliquées à décrypter, cette nouvelle directive pose un certain nombre de débats légitime. Des questions notamment sur la transparence de la gestion des établissements bancaires pour les épargnants, sur l’existence d’une autorité de contrôle pour réguler ce dispositif, ou sur l’actionnaire “voyou” à qui bien souvent on peut attribuer la paternité des risques sur les investissements réalisés ?
On donne aux Banques “le bon dieu sans confession” !
Sans compter sur le fait que cela donne aux banques et à ses actionnaires la certitude que tout sera fait pour qu’elles ne fassent pas faillite, ce qui pourrait les inciter à faire preuve de moins vigilance sur les marchés.
L’autre revers de la médaille, c’est qu’il n’y a pas de Fonds de garantie Européen (refusé par l’Allemagne en septembre dernier) et qu’il nous faudra compter, nous les bons Français, sur le Fonds de garantie des dépôts auquel grand nombre, se plaise à dire, qu’il ne pourrait même pas intervenir par manque d’argent.
Cette nouvelle peu réjouissante, devra nous inciter à l’avenir à être plus vigilant sur la santé de notre banque et surtout de multiplier les dépôts dans plusieurs établissements bancaires de façon à ne pas dépasser le seuil fatidique des 100.000€.
Cyril PRINA - CEO PCL Investissement