The day I got ghosted
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Le jour où je me suis fait "ghoster", j'ai découvert le luxe - ou le pouvoir - de savoir être naive.
Oulla la, mon moi adolescente a lunettes et jeans trop large, s’arracherait les cheveux à l’idée de ce que je vais écrire « Mais non, mais non… pas ça encore… Mais quelle naïveté ! Quel ridicule ! Sauvez-moi !! » On le dit souvent pourtant, le ridicule ne tue pas... et pourtant, il en a tué… des opportunités. Des bonnes et des moins bonnes, certes. Mais tout de même.
2016.
Je décide de tester une de ces applications « d’online dating ».
Quelques mois que j’explore et me voilà à l’aube de découvrir ce phénomène bizarre que l’on appelle « ghosting » ou simplement « se faire ghoster ». Cela vient du mot anglais ghost, qui veut dire fantôme. Du jour au lendemain, une personne avec laquelle on communique régulièrement, arrête tout brutalement, voire même bloque notre contact. Et oui « ghoster », c’est simplement reléguer quelqu’un au statut de fantôme dans nos réseaux sociaux. La version soft de la procédure du Dr. Howard Mierzwiak, dans Eternal Sunshine of a spotless mind, où la table rase de la mémoire ne se fait que dans notre espace digital.
Il y a souvent une bonne raison de « ghoster » quelqu’un. Sur ces apps de « online dating », elle s’appelle généralement « The wife » ou « The Husband ». Mais moi, naïve que je suis, j’avais entendu parlé du mot mais je ne connaissais pas encore l’expérience. Forcément je pense accident. Je regarde les pages des décès dans les journaux - J’avais le nom et le prénom. J’appelle de mon téléphone – Tiens, ça ne marche pas? J’appelle de la ligne fixe du bureau – Mince alors, ça marche? Forcément, j’enchaine sur une recherche internet – Oh la, il a une femme? A ce stade, je comprends le mot « ghosted », et je comprends l’expérience. Et pourtant je continue. Je questionne. « Comment laisser passer ainsi une opportunité d’assumer ses actions ? Comment laisser passer ainsi une opportunité d’apprendre sur soi ? » J’insiste. J’envoie même une lettre - une invitation pour un café, histoire de mettre les choses à plat. C’est fou ce que l’on trouve sur internet, avec un nom et un prénom.
Ridicule? Désespérée? Je vous entends.
Et si, en fait, ce n’était qu’une histoire de laisser une porte ouverte? Si ce n’était qu’une décision volontaire de donner la possibilité à la personne d’apprendre quelque chose, d’aller jusqu’au bout de la situation histoire de ne pas la répéter en boucle. Une histoire, non de naïveté, mais de création d’opportunités ?
Cela me fait penser à la BD Maus qui vient d’être interdite dans plusieurs états des USA. Cette habitude que l’on a – et cette permission que l’on se donne – quand quelque chose nous rend inconfortable de le glisser comme un tas de poussières sous le tapis de nos superficialités et de notre quotidien. Cette permission que se donnent quelques personnes de décider pour toute une population. Et surtout de lui retirer le droit d’être curieux, de se poser des questions, et d’explorer ce qui se dénude dans ce tas de poussières.
Si créer des espaces, ou moments, pour avoir de vraies conversations est de la naïveté ? Je veux bien être naïve tous les jours.
Repenser nos comportements. Relire leur impact sous des angles différents. Cela fait partie des actions qu’il va falloir activer pour que l’humain se chamboule et s’upgrade. Et peut-être qu’un des premiers upgrade à faire, est simplement de développer suffisamment de self-leadership pour pouvoir avoir ce types de conversations?
[English version below]
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The day I got ghosted, I discover the luxury - or power - of knowing when to be naive.
Oh God. My teenage self, buried under glasses and too big a jean, would tear her hair out at the idea of what I'm about to write… "No, please no... not that again... How naïve again! How ridiculous! Please, save me!!”. It is often said however, that ridicule does not kill. Still.. It has often killed… many opportunities. Good ones and bad ones, of course. But all the same.
2016.
I decide to test one of these online dating applications.
A few months through my explorative journey, I am at the dawn of discovering this bizarre phenomenon called “ghosting” or simply “getting ghosted”. Overnight, a person with whom we communicate regularly, suddenly stops everything, or even blocks your contact. You’re right. “Ghosting” is simply relegating someone to ghost status within our social networks. The soft version of Dr. Howard Mierzwiak therapy, in Eternal Sunshine of a spotless mind, where the memory clean slate effect is only done in the digital space.
There is often a good reason to "ghost" someone. On these online dating apps, it’s often called “The wife” or “The Husband”. But me, naive as I am, I had heard of the word but I had not yet any understanding of the experience. Obviously, I think accident. I look at the death pages in the newspapers - I had the first and last name. I call from my cell - What, it doesn't work? I call from my office landline – weird? It works. Inevitably, I continue with an internet search – Oh Oh, he has a wife? At this point, I understand the word "ghosted", and I understand the experience. Still I continue. I reach out. "How can one decide to miss an opportunity to take ownership of his/her actions? How can one miss an opportunity to learn about oneself?" I insist. I even send a letter - an invitation for a coffee, just to set things straight. It's crazy what we find on the internet, with simply a name and a first name.
Ridiculous? Desperate? I hear you.
What if instead, it was simply a story of leaving an open door. What if it was, in fact, a voluntary decision to give the person the opportunity to learn something, to go through with the situation so as to not repeat it over and over. A story, not of naivety, but of creating opportunities!
This reminds me of the Maus comic strip which has just been banned in several states of the USA. This habit we have – and this permission we give ourselves – when something makes us uncomfortable to slip it like a pile of dust under the carpet of our superficialities and our daily lives. This permission that a few people give themselves to decide for an entire population. And above all to take away their right to be curious, to ask questions, and to explore what is bare in this pile of dust.
Is creating spaces, or moments, to have real conversations naïve? If yes, please let me be naive every single day.
Rethinking our behaviours. Reviewing their impact from different angles. This is one of the actions that will have to be activated for human to turn upside down and upgrade. And maybe one of the first upgrades is to develop enough self-leadership to be able to have those kinds of conversations.
Note de l'auteur, cette publication passe cette semaine de bi-weekly a weekly // Note from the writer, this publication is moving this week from bi-weekly to weekly