Ménager les managers
Les responsabilités sont à géométrie variable, les intitulés de postes sont multiples – « top management », « management intermédiaire », de « terrain », de « proximité », de « première ligne »-, la charge est lourde et on dit souvent cette fonction de moins en moins attirante… devenir ou rester manager, est-ce encore une envie ?
Il faut l’admettre, la fonction n’est pas de tout repos. Elle implique de subir en permanence des injonctions contradictoires. Certaines sont bien connues : d’un côté celles qui émanent de la direction -atteindre les objectifs, garantir la production et la qualité – de l’autre celles qui viennent des collaborateurs -témoigner de la reconnaissance, jouer un rôle permanent de facilitateur, apporter rapidement des solutions aux difficultés quotidiennes, opérationnelles et parfois même personnelles…C’est rude souvent !
D’autant plus rude qu’à ces attentes « classiques » viennent s’en ajouter de nouvelles. Les managers sont beaucoup plus attendus – le télétravail a bouleversé la donne – en matière de gestion du collectif. Ils doivent davantage démontrer leur capacité à fédérer leurs équipes autour d’objectifs communs, à les motiver, à être pour elles un apporteur de sens – grande injonction de notre époque – sans pour autant négliger la qualité de vie au travail, et bien sûr garantir la performance. Bref, la charge sur les épaules des managers ne cesse de s’alourdir…
Et pourtant : la fonction continue d’attirer, et reste une étape de carrière souvent incontournable pour un ou une cadre. Une étude récente de l’Apec (Pratiques managériales 2022) montre que 84 % des cadres managers souhaitent continuer à exercer ce rôle, parfois d’ailleurs en espérant encadrer une équipe plus conséquente ; et près de deux cadres sur trois « non-managers » de moins de 35 ans aspirent à le devenir, mettant en avant comme motivation principale -avant les perspectives de meilleure rémunération- le fait de pouvoir mieux transmettre leurs compétences.
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Bonne nouvelle donc pour les « managers de managers » qui peinent parfois à attirer, pour les entreprises qui ont un besoin vital de managers pour se développer, et pour toutes celles et tous ceux qui veulent s’investir dans plus de responsabilités… Mais attention, si l’attraction reste forte, une vigilance s’impose face aux signaux -pas toujours faibles- de désaffection et des surtout des réponses aux attentes de tous ceux qui veulent « manager autrement » et aussi « être managés autrement » sont à inventer.
C’est d’autant plus crucial pour les entreprises dans le contexte actuel de tensions sur le marché de l’emploi des cadres. Tensions qui, malgré les incertitudes qui s’amoncellent à l’horizon– ne fléchissent pas : 84 % des entreprises anticipent au 4e trimestre 2022 des difficultés à recruter. Encore une tache pour nos managers : fidéliser des équipes pour éviter que les salariés ne soient trop à l’écoute d’autres opportunités.
En première ligne, les managers doivent avancer sous des feux nourris. Ce qui implique de leur donner les moyens d’agir face aux demandes des salariés dont ils sont les premiers saisis. De nombreux managers aimeraient utiliser différemment leur temps, se consacrer davantage à l’animation et à la cohésion de leur équipe et au développement des compétences des femmes et des hommes autour d’eux. Nombreux sont ceux qui expriment aussi le besoin d’être mieux outillés pour mener à bien l’évolution de leurs pratiques et la conduite du changement au sein de leur équipe. On attend par exemple des formations sur les méthodes collaboratives et d’intelligence collective : près d’un manager sur deux indique en avoir besoin et ne pas encore avoir pu en suivre une. Cette donnée, à elle seule, montre l’ampleur de la tâche.
Alors pour les entreprises qui demandent toujours plus, il est temps… de ménager leurs managers !
COO - PhD Candidate
2 ansLes entreprises, comme les humains, sont à la recherche de raccourcis pour gagner plus en moins de temps. Tous les coups sont permis et si cela doit passer par l'embauche d'une personne sans formation, essentiellement "politique" et sans scrupules, peu importe, ce qui est regardé au final, c'est le chiffre en bas de l'Excel (et encore). Vous vous en doutez, je ne suis pas favorable à cette démarche qui va impacter fortement les collaborateurs dans leur quotidien. 6 cadres sur 10 n'ont pas été formé correctement pour leur fonction et prônent un management par la pression, l'agressivité, sans vision et sans stratégie. Lorsque cette réalité touche le dirigeant (tout en haut), elle ne peut que conduire à des injonctions contradictoires pour essayer de ménager les susceptibilités des uns et des autres (directeurs de département), tout en faisant passer des décisions qui ont perdu tout leur sens et qui se confrontent aux réalités du terrain... de ceux qui produisent tout en bas de l'organigramme. Enfin, nous sommes confrontés à des générations (depuis la x) de gens qui ne veulent plus travailler pour rien. Au sens où quelque soit leur résultat cela n'aura pas d'impact significatif, en dehors de l'autocongratulation des dirigeants.
Fondateur de Smart Leaders : anticipez l’avenir du travail + déployez l'IA avec élégance + créez de la valeur avec vos compétences || 20 ans d'expé. en transformation || 500+ leaders accompagnés || CJD92 || 3 livres
2 ansMerci Gilles GATEAU ⚡ pour votre analyse sur cette population clé pour la réussite des transformations en cours. Quelques compléments ci-dessous : 1/ Un sujet pas assez visible qui pèse véritablement sur les managers est le très (souvent trop) grand nombre de projets de transformations lancés simultanément, et leurs difficultés en termes de sens, de ressources et de pilotage. Rationaliser et prioriser permettrait de rassurer et d’alléger la charge de travail. 2/ Pour les tensions en termes de recrutement, encore trop d’entreprises cherchent à embaucher plutôt qu’à accompagner leurs managers en herbe dans la durée, qui connaissent eux déjà les us et coutumes de l’entreprise. Il faudrait davantage capitaliser sur les ressources internes avec un accompagnement spécifique et innovant basé sur des communautés. #smartleaders #managers #leadershipculture