Maëlys infirmière en oncohématologie pédiatrique à l'hôpital de la Timone nous dit :
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Maëlys infirmière en oncohématologie pédiatrique à l'hôpital de la Timone nous dit :

Aujourd’hui je suis émue, émue de voir tous les hommages que la population fait aux soignants, émue de voir qu’on peut être applaudi tous les soirs à 20 heures par des inconnus pour soutenir notre métier, notre dévouement, notre passion. C’est beau, ça fais du bien, ca surprend. Ca surprend quand il y a encore quelques mois, quand on voulait se faire entendre, quand on a dénoncé nos moyens, nos obligations, nos fiches de paie, personne ne nous a écouté, ni soutenu.

Nous sommes en pleine crise sanitaire et toutes nos discussions portent sur ce cher Covid-19. Je vois tous les efforts fait par le personnel médical, les pompiers, les policiers, les personnes travaillant pour des institutions obligatoires pour le bon fonctionnement de notre nation. Mais je veux voir plus loin que cette mobilisation. Pas dénoncé l’incivilité des gens, l’abrutisme de certains, ou l’inconscience des autres. Ils ont toutes les informations en leur possession et leur ignorance n’est que le résultat du mépris qu’ils ont pour leurs voisins, leurs familles, leurs pays.

Je veux voir plus loin que cette pandémie. J’imagine un monde, où demain, la population prendra sa plus belle voix, sa plus belle plume pour dénoncer avec nous le peu de moyen mis en place par l’état pour l’hôpital public. Je veux que vous compreniez enfin ce qu’est notre métier et tout ce qu’il nous coûte aujourd’hui pour le faire correctement. Je suis infirmière puéricultrice dans une unité d’onco-hématologie pédiatrique. Tous les jours je dois m’occuper d’enfants atteints de leucémie, de déficit immunitaire, de maladie métabolique. Tous les jours je leurs donne pas seulement des soins médicaux, des traitements, et des chimiothérapies. Je leur donne mon amour, mon affection, ma bienveillance, mon empathie et ma force.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que vous découvrez ce qu’on vit tous les jours à l’hôpital, l’absence de masques, de gel hydro-alcooliques, de respirateur, ou de gants. Vous vous offusquez de nous voir travailler sans armes pour combattre ce virus. Mais ne vous a-t-on jamais dis que l’on manqué ne serait-ce que de bras ? De lits ? De financements ? De matériels ? Pour soigner vos enfants, vos parents, vos amis. Vous savez, je suis dans un service tellement privilégié... Je peux encore prendre du temps pour faire un jeu de société, donner un biberon, câliner et accompagner le premier rasage de cheveux de nos petits guerriers. J’ai du temps pour répondre à leurs besoins fondamentaux. Mais n’est-ce pas mon métier ? Soigner un enfant dans toutes ces dimensions, que ça soit physique ou psychologique ? On nous inculque ça dans nos études, dans notre formation auprès des patients. Il s’agit de MON travail. Et il faut nous donner les moyens de le faire correctement. Pas à moitié, ni avec des compromis. On ne fait pas de sacrifices sur l’humain, jamais.

Pour l’instant le manque de moyens nous touche moins dans les services pédiatriques mais si vous nous aider pas, combien de temps encore les enfants riront dans les couloirs ? Combien de temps je pourrais les tenir dans mes bras quand ils ont peur ? Combien de temps j’aurais, pour aimer mon métier avec passion ?

Aider nous à nous faire entendre. Aider nous à obtenir des ouvertures de lits, de postes d’infirmiers, d’aides soignants, d’ASH. Aider nous, parce-que demain, ce n’est pas de masques que vous manquerez mais de personnes pour endormir vos enfants malades, pour faire la toilette de votre grand-mère en EHPAD, pour vous écouter, pour vous soigner.

Merci de nous faire honneur en nous applaudissant tous les jours, mais merci de ne pas nous oublier dans quelques semaines. Merci de comprendre l’ampleur de la situation. Que nos grèves à répétitions resteront sans lendemain si vous ne vous mobilisez pas avec nous. Parce que nos petits bandages en grève sur nos blouses ne servent à rien sans personne pour crier notre colère.

Vous savez, vous vivez un confinement de plusieurs semaines chez vous, mais eux, combien de semaines ont-ils passé confiner à l’hôpital ? Chez eux ? Prenez conscience que restez chez vous c’est nous aider, mais aussi, garder en vie des personnes qui se sont battues des années pour survivre.

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