Ma modeste contribution pour soutenir le monde agricole

 Je prends la mesure en ce moment du chaos indescriptible des manifestations d’agricultrices et d’agriculteurs, dont on comprend à peine les revendications tellement elle son nombreuses et parfois incohérentes. Je constate une fois de plus que derrière ces revendications se dissimule la vraie, l’unique et la principale : la rémunération de certains, des plus petits qui souffrent (mais surement pas des plus gros ni des céréaliers des plaines de la Brie, de la Beauce et de la Picardie qui s’engraissent sur le dos des autres).

Qui en effet pour accepter de travailler 60 à 80 heures par semaine pour toucher moins d’un smic par mois ? Là se situe la vraie question de la survie de nos paysans, étranglés par les dettes, la pression du grand commerce (Leclerc, Carrefour, Auchan et les autres…tient, curieusement on ne les entends plus !?) et celle de Bigfood (je cite volontiers Lactalis et ses marques Président, Roquefort Société…et son diktat sur le prix du lait honteusement versé aux éleveurs !).

En tant que citoyens consommateur ou consommac’teur, je pense que nous avons tous un rôle à jouer pour conjurer le sort des plus petits qui disparaissent à vitesse grand V : acheter local si possible, contourner la grande distribution qui s’approvisionne au moins disant donc beaucoup à l’étranger, surveiller le pays d’origine de nos futurs achats, consommer Bio le plus possible, manger moins transformé, cuisiner soi-même…les recettes sont nombreuses pour contribuer à soulager les conditions de rémunération de nos paysans les plus contraints.

La pression exercée sur les Pouvoir publics par la FNSEA, FDSEA et le la Coordination rurale contre le Green Deal européen à peine mise en place et la demande d’une pause dans le plan Ecophyto est en tout point scandaleuse, car elle suppose que le mal être de nos paysans serait dû aux règles et normes qui contribuent à satisfaire une agriculture plus écologique et plus respectueuse de l’environnement ! Des revendications qui sous-tendent l’intervention des lobbies pro-pesticides, pro-engrais chimiques pour une agriculture dans contrainte, intensive et industrielle. Pourtant les producteurs Bio s’en sortent mieux malgré des soutiens financiers qui ne sont pas du même acabit, du fait que les exploitations sont souvent plus petites et donc moins bien subventionnées par la PAC qui rémunère à la surface cultivée.  

Personnellement cela fait bientôt 25 ans que j’ai adopté les reflexes du consommer Bio et quelques années que je me suis lancé dans la cuisine maison systématique. J’y suis très attaché et je suis devenu un cosommac’teur inconditionnel.

Dans le village de la campagne Berrichonne ou je séjourne souvent j’ai fait la connaissance d’un couple de maraichers Bio installés depuis 4 ans convaincus d’avoir fait le bon choix. Je me suis demandé comment les aider à développer leur activité et en faire profiter le plus grand nombre, compte tenu de la faible densité de ressource alimentaire en Bio de la région. Le village est pourvu d’une école maternelle et primaire ainsi que d’un collège qui brasse les élèves de la région. J’ai donc eu l’idée de mettre en relation le couple de maraichers et la gestionnaire et le cuisinier du collège. Après un premier contact en 2023, une rencontre avec les maraichers à définitivement scellé un accord de vente en direct de la ferme au collège. Résultat : le respect de l’application de la loi Egalim avec appro en légumes Bio de saison toute l’année, qui plus est pour les enfants et donc local, à des prix souvent inférieurs à ceux proposés par la plateforme d’approvisionnement. Que désirer de plus ?

Depuis ce succès j’ai donc d’ores et déjà engagé les démarches pour les écoles maternelles et primaires et les plus petits. Du gagnant-gagnant qui satisfait tous les acteurs engagés, y compris les parents qui voient cela d’un très bon œil.

Rémi Thévenot