Mais que tu es bête !

T'es fort, t'es idiot, t'es lent, t'es génial, t'es stupide, t'es vilain …

Voilà des manières de s'adresser à une personne, alors que ce qui nous fait tirer ces conclusions n'est bien souvent dû qu'à une seule situation.

Parfois, voire même fréquemment, nous avons tendance à réduire une personne à un comportement.

Réduire une personne à un comportement ? Comment ça ?

Eh bien, nous nous adressons à la personne dont un comportement ne nous plait pas (ou plus rarement qui nous plait) en lui disant "tu es ceci ou cela", alors qu'il serait plus opportun de le transformer en  "tu te conduis comme ceci ou comme cela ".

Ainsi, nous avons vite sur les lèvres un "mais qu'il est con c'uilà", alors que cette personne n'est peut-être pas "conne" dans toutes les circonstances, mais seulement dans celle que nous observons. Mais notre sentence semble définitive, et enferme donc la personne concernée dans son comportement erroné lors d'un moment d'égarement.

Ainsi, nous nous adressons à nos enfants avec un "t'es bête" ; ils doivent alors grandir avec cette damnation, tandis qu'un "là, franchement ce que tu fais est assez idiot" serait moins irrévocable.

Un comportement peut se changer assez facilement. Il suffit de l'arrêter ou d'apprendre à faire autrement. Il est bien moins facile de changer qui on est. Entendre toute sa vie "mais qu'il est maladroit!" deviendra une partie de soi, absolue, immuable. Alors qu'un "cette fois-ci tu as vraiment fait quelque chose de maladroit" laisse la possibilité de faire autrement une prochaine fois. Cela permettrait surtout de projeter que la prochaine fois les choses peuvent être différentes.

"Tu es …" est bien différent du "tu as fait …"

Et si nous faisions attention dorénavant de la manière dont nous nous adressons aux gens ? Si nous cessions de confondre comportement avec personnalité ? Si nous laissions une chance à l'être par rapport au faire ?

Nous serions bien gentils, non ?

Susanne PETERS