MAISON(S) D’ARTISTE(S) A LJUBLJANA
Ljubljana est une destination insolite qui ravira les amateurs d’art. Ceux qui apprécient Zoran Music comme les autres. Car si l’œuvre du peintre et graveur né à Bukovica, non loin de la frontière italienne, est exposée en permanence à la Galerie Nationale, la capitale de la Slovénie a d'autres cordes à son arc. Et autant de poils à son pinceau.
La petite cité de l’ex-Yougoslavie – un peu moins de 300.000 habitants dont un fort contingent d’étudiants qui viennent de l’Europe entière – possède en effet de nombreux atouts pour séduire, et parfois dérouter, le touriste en mal de découvertes. Un triple pont et un autre gardé par quatre énormes dragons, un château médiéval auquel on peut accéder par un funiculaire ultra-moderne, des sculptures grimaçantes à tous les coins de rue ou presque : l’architecture y est pour le moins originale.
Mais Ljubljana réserve bien d’autres surprises, à quelques centaines de mètres du centre-ville, dans le quartier de Metelkova. Une ancienne caserne désaffectée de l’armée yougoslave qui servit un temps de prison a été investie, annexée ou squattée - selon les différents points de vue - par des artistes au début des années quatre-vingt-dix.
New York et plus précisément un coin du Bronx où est né le « street art » ? Non, le terrain de basket délimité par un mur entièrement tagué et deux bidons à peine moins chamarrés signale l’entrée de ce lieu insolite. Un quartier devenu culte au fil des ans pour la jeunesse de Ljubljana, comme en témoignent les soirées particulièrement animées qui s’y déroulent chaque weekend.
Juché sur un toit de tôle, un homme-kangourou semble défier le ciel. C’est l’imperturbable gardien des lieux. Une première sculpture qui donne le ton des découvertes à venir. Comme la façade de cette maison-atelier où déambulent quelques gnomes dont la physionomie n’est pas sans rappeler le Gollum de Tolkien.
Moins trash et beaucoup plus poétique, un Apollon de ciment joue les penseurs, debout sur le rebord d’une haute fenêtre. Va-t-il sauter ou se contenter d’apprécier les mosaïques qu’il domine ? On choisira la deuxième solution, d’autant que le spectacle s’y prête davantage : un festival de couleurs et d’inventivité.
Un peu plus loin, un jardin pour (grands) enfants offre diverses activités : une halte sous une tonnelle aux motifs ethniques mâtinés de Keith Haring, une escalade dans une tour multicolore de bois et de ferraille que César Baldaccini n’aurait pas reniée ou encore une balade parmi les herbes folles pour traquer le serpent géant aux yeux jaunes. Vous avez dit « art brut » ?
Fresques et sculptures jalonnent le parcours. Une pieuvre géante, des baleines, des méduses et des calmars naviguent sur un fond de spirales vertes sans doute dessinées par un admirateur de Pierre Alechinsky. Des crânes en béton, des têtes boursouflées – inspirées par Hans Ruedi Giger, le « père » d’Alien ? –, des terres cuites et des ferronneries aux couleurs éclatantes…
Quartier underground où des créateurs ont rivalisé de créativité, d’ingéniosité et de poésie, cet endroit étrange où l’art a élu domicile est aujourd’hui un lieu incontournable de Ljubljana pour qui aime sortir des sentiers battus.