Management & Succession & leadership quand l'un des plus grands groupe français est au bord de la crise en raison d'un cadre dysfonctionnel.
Le Conseil d'Administration de DANONE de ce jour a agit en moi comme une réminiscence.
J'ai grandi avec cette phrase, petit, assis à côté de mon père, écoutée un dimanche midi lors d'une grande émission " L'heure de vérité" où un vieux Monsieur, pour moi à l'époque, disait en substance cela dans la continuité de son discours fondateur de Marseille en 1972, quatre ans après Mai 68, lors des assises du CNPF :
"Le patron doit comprendre le social et les syndicats l'économie. Antoine Riboud parle du double projet imbriqué."
Je devais avoir une dizaine d'année en écoutant les propos d'un homme qui - au delà de son anticonformisme, de sa tentative d'OPA hostile contre Saint Gobain - cherchait à comprendre le monde, à concilier les différents points de vue, à intégrer l'action de BSN puis de Danone dans son écosystème avec l'ensemble des acteurs qui deviendront des années plus tard les parties prenantes.
Dans nos sociétés modernes, il faut convenir que l’inégalité excessive est partout: elle est dans les salaires, dans les conditions de travail, de logement, de transport, d’accès à la culture et aux loisirs; elle est dans la frustration ressentie par tous ceux qui, encerclés par la publicité, ne peuvent s’offrir le millième de ce qu’on leur dit « être indispensable à leur bonheur».
Cet homme à sa manière posait un cadre de réflexion: comprendre afin d'agir sur .... pour transformer l'environnement en prenant toute sa place de Patron dans la Cité, voir en sortant du cadre classique auquel un patron pouvait être attaché à l'époque. Ce capitaine d'industrie tentait ce pari fou de tenir en même temps l'Ouest et l'Est dans un plan stratégique global et de parvenir à tenir au plus près cette contradiction qui peut se heurter au réel, aux intérêts différents des acteurs y.c ceux d'un conseil d'administration.
Il s’attache également à prendre en compte les nuisances de l’entreprise sur «l’équilibre de notre planète » et il demande que l’entreprise soit attentive aux demandes des associations «pour la défense de la qualité de la vie »
Il m'en est resté une soif de comprendre les acteurs et notamment les partenaires sociaux et une interrogation sur l'importance du cadre pour négocier, pour échanger, pour agir sur au mieux des intentions, sachant que les écarts entre intentions et réalités sont quelque part inévitables et que nous pouvons seulement en être lucide, l'accepter et tendre à un rapprochement le plus sincère possible.
Il m'en est resté ce sentiment, voir ce parti pris, que pour que le système, l' organisation et l'homme fonctionnent au mieux, il doit reposer sur un cadre, des fondations, une clé de voute et que ce dernier soit respecté au mieux du champ du possible avec deux conditions sine qua non :
1 - Que chacun des acteurs tiennent son rôle tels des acteurs qui acceptent un scénario et se glissent dans la peaux des personnages souhaités par le metteur en scène, il y a parfois des figures imposées à respecter,
2 - Que chacun dans ce cadre posé puisse déstabiliser positivement son partenaire dans le programme libre intégré au cadre,
Or ce cadre se fissure au sein de DANONE en raison d'un non respect des prérogatives de chacun des acteurs individuellement et/ou collectivement par un glissement systémique - où emporté par la vague de la vanité, grisé par le succès, par un patron si brillant qui tel Kaa endort les acteurs et s'en dort grisé par la communication qu'une pandémie non prévue vient secouer et ébranler DANONE avec le concours d'un fond activiste.
Se joue ce jour une partie de l'advenir de DANONE au delà des enjeux de personnes avec le CA - de l'un des plus grand groupe Français et l'une dès plus belle réussite Française - qui se réunit pour d'une certaine manière entériner le choix de l'Héritier de nommer et de concentrer tous les pouvoirs du groupe DANONE de Président et de DG à un même homme, comme PDG, ou l'invalider totalement ou partiellement sous la férule d'un fond activiste qui vise une vente « par appartement » et la destitution du poulain.
Au delà des décisions du CA, l'important il me semble réside dans la défaillance de l'ensemble de acteurs et des contre-pouvoirs nécessaires pour challenger, accompagner un PDG comme le souligne très justement le journaliste David Barroux dans les Echos avec lucidité et une forme de courage quand parfois il est si facile de n’incriminer que le DG ou le PDG.
Un cadre où les acteurs ont eu une défaillance, légère et relative pour autant au regard des résultats du Groupe qui est frappé lourdement par la fermeture d’un pan entier de l’activité CHR, notamment et de la crise des transports en raison du …..COVID.
Le cadre, celui qui est censé protéger, a pris l’eau un peu y.c en raison d'un manquement des actionnaires qui voudraient la "tête" du successeur adoubé par l'héritier et par le CA aussi y.c dans la récente conversion du Groupe en une entreprise à mission.
Cette voie d'eau renvoie aussi à un autre cadre, juridique, et par conséquent à la manière de verrouiller le contrôle de son héritage comme le font d'autres capitaine d'industrie qui gèrent leur succession en maîtrisant le capital et les droits de vote afférents.
Dans ce jeu d’acteur et du cadre, l’héritier qui a exposé son groupe à un fond activiste en ne mettant pas en place, a priori, une stratégie comme l’a fait ce groupe dont la capitalisation Boursière est la première d’Europe ou cet autre groupe qui va inaugurer la Bourse du Commerce transformé en musée. Sans évoquer un autre héritier qui tout en étant ultra minoritaire bloque toute prise de contrôle en raison de choix juridiques judicieux, selon lui. Or l'héritier de DANONE, lui pensait avoir plus d’influence à l’extérieur qu’à l’intérieur se retrouve aujourd'hui au pied du mur.
Pour le cadre et les acteurs, une ultime mise en perspective.
Le Ministre de l'économie s'est fendu d'une missive lors d'une opération de M&A pour le fleuron du luxe français qui tenter une opération de rachat dont l'Etat n'est pas actionnaire!
Ce même acteur mis son véto pour la fusion du leader français du retail avec une enseigne d'Amérique du Nord sans pour autant être actionnaire de ce dernier au nom de l'indépendance alimentaire et de la ... souveraineté de la France.
Qu'en est il de DANONE ? Est il une activité stratégique pour la France ? La souveraineté ne serait pas menacé ?
A priori, même si toutes choses sont égales par ailleurs, les jeux d'acteurs et les soutiens, un cadre précieux yc pour le business et l'économie marchande n'agissent pas toujours de la même manière
Comment l'héritier va-t-il déstabiliser positivement les acteurs avec la faconde, la roublardise, la science,.... qu'il pourrait emprunter à son Père et/ou dont il a hérité ?
Comment va t-il fort de sa position extérieure remettre un cadre ajusté à la situation pour (re)prendre le contrôle de ce qui lui a un peu glisser entre les mains ?
Travailler le cadre et le système avant - et pas en même temps - pour mieux poser ensuite l'enjeu de l'Homme et de l'organisation.
Deux petites réflexions : le nouveau siège de Danone construit en un temps record à Rueil me semble bien vide chaque fois que je passe devant + en contrepoint la population mondiale ne cesse d’augmenter donc cela fera toujours plus de yaourts ...ma conclusion ce qui se passe aujourd’hui n’est pas représentatif de demain ... n’en serait il pas de même au CA de Danone ?