Marchand de biens
Quelle que soit l’issue que vous choisissez pour sortir de la gare de la bucolique banlieue bourgeoise dans laquelle j’ai la chance d’habiter, vous tomberez sur une agence immobilière. Est-ce un signe des temps ? Je ne sais mais il est de fait que ces commerces sont omniprésents. Mais si vous sortez du côté des pelouses qui font l’orgueil de notre cité, vous ne manquerez pas d’apercevoir la plus spectaculaires des agences immobilières du coin et peut-être même de quelques autres. Car ce pavillon de taille respectable dispose d’un jardin donnant sur la rue que les propriétaires décorent au gré des saisons. La Saint Valentin, les Jeux Olympiques, Octobre rose, tout est prétexte à des installations. Mais c’est pour Halloween que nos marchands de biens, probablement fascinés par le mal, se déchaînent. Ils transforment le lieu en cimetière de l’enfer avec toujours plus de squelettes, de goules et autres sorcières. Fidèles à leur réputation, ils ont cette année ajouté une araignée géante sur le toit de leur maison. Je précise que la chose, particulièrement repoussante, est éclairée la nuit, comme le reste du dispositif au risque de voir certains visiteurs passer leur chemin. Ce qui est peut-être contradictoire avec la finalité de l’opération. Mais on ne peut rester insensible à l’effort consenti. Moi moins que tout autre parce que j’avoue être assez friand de films d’horreur. C’est un genre très particulier dans lequel plus c’est mauvais, mieux c’est. Ce n’est pas entièrement vrai, il y a quand même des pépites et même quelques chefs-d’œuvre. Mais quand je tombe sur un nanar de série Z dans mon zapping nocturne, je ne peux m’empêcher de lâcher la télécommande. Les personnages comme les situations sont caricaturaux, les décors sont convenus et les rebondissements attendus. Mais peu importe le nombre de victimes de la nonne démoniaque ou de la petite maison près du cimetière, on sait dès la première minute comment tout cela se terminera. Au contraire de notre monde, au tréfonds de cette horreur en carton-pâte, tout est prévisible. Surtout le pire.