MARSEILLE 13 choses que je sais sur Marseille
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Jean-Marcel Bouguereau HOME
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Le 14 avril 2018 à 18h08
13 choses que je sais sur Marseille
Article rédigé pour le magazine Faux Q consacré au chiffre 13 et paru le 13 avril
1- Pauvre ou populaire ?
Marseille fut longtemps considérée comme une ville populaire, « avé l’accent » et les pagnolades. Maintenant, cette ville, la deuxième de France, n’est plus seulement populaire, c’est une ville pauvre : fière de l’OM, Marseille affiche en revanche moins volontiers son titre bien réel de capitale française de la grande pauvreté, avec 4 de ses arrondissements classés parmi les 6 communes les plus pauvres de France. Champion toutes catégories de ce palmarès peu reluisant, le 3e arrondissement, celui de la poétiquement nommé la Belle de Mai, est même la seule commune du pays dont plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
2 - Gaudin
En 2020, pour les municipales, les Marseillais vont se chercher un sauveur. Car pour la première fois depuis un quart de siècle, à 78 ans, Jean-Claude Gaudin ne se présente pas. Après 25 ans d’une gouvernance catastrophique, ce roi fainéant passe la main. En 2014, Gaudin fut élu avec seulement 96 000 voix dans une ville qui compte 861 635 habitants ! Même pas 10 % ! Marseille, qui fut traditionnellement une grande ville rebelle, s’est couchée devant Gaudin moins par enthousiasme que par habitude et absence d’une alternative politique réelle.
3 - FO
Depuis la Libération et l’ère Gaston Defferre, Marseille est co-gérée avec le syndicat FO, constitué pour contrecarrer la puissance de la CGT et des communistes. Gaudin a repris FO, qui était dans la corbeille de mariage. Car à Marseille, c’est FO qui contrôle tout, des brancardiers aux éboueurs, ces adeptes du "fini-parti" qui bâclent le travail pour rentrer chez eux ou partir à la pêche lorsqu'ils ont fini, à moins qu’ils ne commencent, au noir, un deuxième travail. C’est ainsi que Marseille, deuxième ville de France, est la plus sale !
4 -Piscines
En 2008, Marseille avait 22 piscines. Aujourd’hui deux fois moins, car elles sont fermées ou en travaux depuis des lustres. Et devinez où ? Au nord de Marseille, dans les cités ghettos de cette ville de bord de mer, où un enfant sur deux ne sait pas nager à l’entrée en sixième ! On rajoute ainsi des inégalités aux inégalités. Et du mépris au mépris : l’adjoint au sport de Gaudin affirme à propos du nombre de piscines que "culturellement, dans les quartiers Nord, on a moins envie d'aller nager que dans les quartiers Sud". La fracture sociale, à Marseille, c’est d’ailleurs une piscine qui la matérialise : celle du Cercle des Nageurs de Marseille, un club privé où l’on cultive l’entre-soi, il faut deux parrains déjà membres pour pouvoir y adhérer.
5 - Élephants blancs
Les éléphants blancs, au départ offrandes prestigieuses que les princes de l’Inde se faisaient entre eux, décrit une réalisation réalisée avec de l'argent public et dont l'usage s'avère rapidement plus coûteux que bénéfique. Comme la patinoire de Marseille et la villa Méditerranée, toutes deux épinglées par la Cour régionale des comptes pour leur coût exorbitant. La Villa Méditerranée a coûté plus de 62 millions d'euros, trois fois plus que prévu, pour une utilité quasi nulle, elle se contente de parader à côté du MUCEM.
6 - MUCEM
Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée a été inauguré en 2013, à l’occasion de l’année Marseille-Provence, capitale européenne de la culture. Le MUCEM est devenu un des emblèmes de la ville , au même titre que la Canebière et le Vieux Port. L’architecture de Rudy Ricciotti, avec ses dentelles de béton, allie prouesse technique et puissance esthétique. Avec un seul matériau, le béton à la couleur de poussière, écrasé par la lumière, le MUCEM fait l’éloge du dense et du fragile et est devenu un symbole de la ville, presque à parité avec la Bonne Mère !
7 -Guédigian
Le cinéaste Robert Guédigian avec sa même bande d’acteurs que l’on retrouve d’un film à l’autre depuis trente ans, incarne à lui seul une vraie tradition marseillaise, celle du communisme, longtemps incarnée de Jean Cristofol qui fut maire de Marseille à François Billoux qui en fut député. Mais cette époque est bien finie. Même Guédigian a fini par quitter le PC, mais l’Estaque reste l’écrin de sa nostalgie
8 - Islamisme
On connaît ce mot de Manuel Valls lors de son premier voyage en Algérie où on lui demanda si c’était sa première sa première visite en terre arabe. Le légende voudrait qu’il ait répondu « non, je suis déjà allé à Marseille » ! Il est vrai que vers la porte d’Aix ou au Nord, ces quartiers sont presque exclusivement maghrebins. On y sent la pression de l’islamisme. Il n’est pas rare de croiser des femmes habillées en Niqab qui contournent la législation qui interdit le voile intégral en arborant un masque chirugical. Cette offensive de l’islamisme militant est bien décrite dans un livre récent de Bernard Ravet ( « Principal de collège ou Imam de la République ») où il déplore l’abandon dont serait victimes les personnels des collèges de la part de l’éducation nationale « face à la montée de l’emprise du religieux ».
9 - Clientélisme
Dans les cités des quartiers Nord, le clientélisme reste le moyen idéal de gouverner. Il est le seul moyen de redistribution, car ceux qui n’ont plus rien sont les plus achetables. Comme le résume un ancien élu de ces quartiers : « tu arroses quelques leaders, quelques relais associatifs, communautaires et criminels et commença, tu tiens ton secteur ». L’argent public dégouline un peu partout, avec une déperdition incroyable et une concurrence entre associations. Si certaines font un réel travail, d’autres sont crées de toutes pièces comme l’avait fait l’élue socialiste Sylvie Andrieux, récemment condamnée à un an de prison ferme pour détournement de fonds publics.
10 - Barbecue
Le barbecue est une spécialité locale, si ne sent pas bon la saucisse car c’est la suite logique du règlement de compte entre dealers : d’abord une rafale de « kalache », ensuite, l’incendie de la voiture avec son passager rectifié. Le meilleur moyen d’effacer les traces ADN. Marseille remporte la palme française des règlements de compte et des des vols à main armée. Mais surtout, ces exécutions sont liées à ce cancer qu’est le trafic de drogue, avec l’apparition d’une nouvelle génération de jeunes délinquants qui n’ont plus le code d’honneur du Milieu à l’ancienne et qui grimpent les marches de la criminalité, en s’entretuant.
11 - OM
Marseille s’identifie, plus qu’aucune autre ville française, à une équipe de foot, l’Olympique de Marseille, à ce maillot bleu, à ces écharpes, fanions, emblèmes d’un certain esprit, d’un certain sens tragique de la lutte, de la perte et de la victoire, qui dépasse très largement ce qui se joue physiquement dans le stade. Les joueurs sont les héros divinisés d’une mythologie à travers laquelle Marseille non seulement se raconte elle-même, mais aussi se donne au monde, comme si le foot était une sorte de revanche sur les malheurs de la ville.
12 - Fausse mixité , vrai apartheid
C’est le cliché que l’on trouve dans les discours lénifiants des journalistes parisiens sur la formidable mixité marseillaise. Une illusion qui masque un véritable apartheid entre quartiers. Même sur le plan du langage. Un excellent documentaire sur les jeunes filles de ces quartiers, Les Roses noires, montre comment le « parler banlieue », principe de survie dans les cités, leur permet de se fondre dans un environnement agressif. Mais les y assigne aussi, car dès qu’elles quittent leur cité, elles sont comme en terre étrangère, dont elles ne comprennent pas la langue, pas plus qu’elles ne sont comprises.
13 – Et pourtant des atouts
Marseille c’est un gâchis. Les atouts de la ville sont inombrables. Bien sûr, le temps où le Vieux Port était la respiration de la ville est fini avec le temps des colonies. Mais sa situation au carrefour euroméditerrannéen est sans pareille. Pourquoi Gènes et Barcelone se débrouillent-elles mieux ? Marseille est un pôle universitaire et de recherche qu’il faudrait valoriser et dévélopper, Gaudin n’a su que développer l’industrie des croisiéristes et créer des centres commerciaux en complet décalage avec la pauvreté de la ville et qui n’ont fait que désertifier le centre-ville.