Matrice de Matérialité : Pour alimenter la discussion avec Bertrand Desmier
La matrice de matérialité est-elle le graal ?
Allez Bertrand, jouons un peu le vilain petit canard.
Comme tu l‘indiques dans ton post du 9/2/17 le consensus est là sur la réalité de la performance globale c-a-d du lien entre performance économique et performance RSE. Peu importe de savoir qui a commencé de l’œuf ou la poule. L’étude de France Stratégie publiée en janvier 2016, comme la méta analyse de Project ROI ou les 22 études analysées par Sustainable Brands le soulignent.
Cette performance RSE passe effectivement, comme tu l’écris, par la mesure exacte des enjeux matériels de la RSE à travers l’écoute des attentes des parties prenantes.
Comme le disait Ed Friedman en 1984, “Corporate Social Responsibility can more usefully be interpreted as Company Stakeholder Responsibility”.
Jusque là, nous sommes d’accord.
Là où je dis attention, est dans le cas où cette écoute des parties prenantes est réalisée principalement à travers des interviews menés tous les 3 ans par des tiers externes à l’entreprise, ensuite reportée à travers une Matrice de Matérialité.
D’ailleurs, ces Mat Mat tant vantées, n’auront-elles pas disparues dans 10 ans comme sont passées de mode les matrices du BCG des années 70 ou les Balance Score Cards des années 90, même si le fond de ces analyses reste d’actualité ?
Le fond me paraît plus important que la forme.
La vertu réside dans la cartographie des parties prenantes, dans leur écoute, dans les échanges avec elles, dans les analyses de pertinence.
Et ces démarches seront d’autant plus pertinentes qu’elles impliqueront l’ensemble des fonctions de l’entreprise.
Sans doute, certaines parties prenantes s’exprimeront plus librement si elles sont interrogées par un tiers que par des représentants de l’entreprise elle-même.
Mais quel dommage de se contenter d’enquêtes menées tous les 3 ans par un consultant externe et représentées par une matrice de matérialité !
Le graal me semble plutôt atteint quand l’entreprise est capable, grâce aux échanges constants entre ses différentes fonctions (et pas uniquement menés par sa DRSE ou DDD) et leurs parties prenantes, d’accoucher d’une Mat Mat dont les points sont situés dans un canal autour de la bissectrice (cf la Mat Mat 2015 de Schneider Electric).
Les entreprises vertueuses me semblent être celles qui, par un échange continu et multiple avec leurs parties prenantes, sont capables de lister et prioriser les enjeux en phase avec leurs parties prenantes, c-a-d qui raisonnent en termes de performance globale, et savent détecter signaux faibles et nouvelles attentes.
Attention à ne pas se contenter d’un exercice scolaire.
Encourageons nos entreprises à confier l’analyse des attentes de leurs parties prenantes à l’ensemble de leurs entités, dans un processus continu, qui peut bien sûr être coordonné par la DDD ou DRSE.
Ex Directeur au Département Développement Durable de PwC
7 ansEt en bon outil, cette matrice pourrait aider à orienter le reporting RSE en accord avec la Directive Européenne, même si le projet de transcription en Loi française n'est pas parfaitement clair sur son utilisation
Diversity
7 ansEffectivement, l'Analyse de matérialité peut être uniquement un élément à la fois pour la communication avec les parties prenantes comme pour l'orientation de la stratégie RSE. C'est certainement pas un graal, c'est un outil. A chacun d'en faire bon usagePartagez votre opinion ici…
Dirigeant fondateur de Management & RSE, Consultant en Responsabilité Sociétale des Entreprises
7 ansEd Friedman ? Sans doute s'agit-il de Edward Freeman (auteur de « Strategic Management: A Stakeholder Approach »), à ne pas confondre avec Milton Friedman, avec qui il croisa le fer... et la plume !