Maurice Papon n'était qu'un simple exécutant


L’assemblée nationale française vient aujourd’hui d’adopter une résolution condamnant la répression policière du 17 octobre 1961. On pourrait à la lecture de ce texte dire que ce serait peut-être une bonne chose, mais non, c’est tout simplement de la poudre aux yeux. Et un véritable recul par rapport à des possibilités et à des écrits législatifs antérieurs. C’est un jeu indécent. On a l’impression que ces massacres ne pouvaient être qu’individuels, c’est-à-dire décidés et réalisés par un seul homme, le préfet, Maurice Papon, dédouanant l’Etat français. Non, Papon est un simple agent administratif qui a reçu et exécuté des ordres d’institutions, parties prenantes du régime colonial. Pourquoi ce recul ? Ce n’est pas un acte isolé. Comme la torture, les massacres collectifs, les camps de concentration. Papon devient ici tout simplement un « fusible mémoriel » pour reprendre une belle formule de l’historien Riceputi qui estime judicieusement qu’il ait été «du fait notamment de sa condamnation en 1998 pour complicité de crime contre l'humanité en raison de sa participation à la déportation des juifs de Gironde vers les camps de la mort ». Non, Massu, Bigeard, Challe, Salan, De Gaulle, Bugeaud, Mitterrand, Mendes-France, Jules Ferry, Papon  et les autres ne sont rien d’autres que les représentants d’un Etat colonial qui a usé de pratiques génocidaires, de tueries de masse et de tortures. Ils ont exécuté des ordres, c’étaient des acteurs de l’ordre colonial, avec toutes ses manifestations.

Puis la résolution se conclut, désormais c’est une expression stéréotypée, par une « réconciliation » des mémoires comme si la chose pouvait se faire sans un véritable examen mettant en procès le colonialisme.

Asia Baz

Consultante événements et stratégies culturels et communication / Editions, Salons, Rp

9 mois

L'assemblée a adopté une journée commémorative du massacre du 17 octobre 1961... C'est différent, non ?

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