maxima hysterIA !

Et c’est reparti ! A chaque année son « mot », sa technologie, et dans le cortège qui suit son overdose de superlatifs marketing et le bullshit communicationnel habituel.

Been there, done that.

Et chaque année, on se dit « non mais ça ne va pas recommencer, ils ne vont pas tous retomber dans le même panneau ? ». Spoiler : si. On y retourne gaiement, en sifflotant et en sirotant les tonnes d’articles qui flairent le filon en parlant de start-ups qui ont décidé d’ajouter deux lettres pour être bankable : IA.

Exit Web3, has been Metavers, adieu NFT, sayonara cryptos, auf wiedersehen blockchain. Bienvenue à l’intelligence artificielle ! Nous serions aux portes de la singularité technologique depuis que le 30 novembre 2022 une machine ait su répondre avec un sujet – verbe – complément à une banale question que nous lui posions.

Oui, la performance est de taille.

Oui, l’idée de « discuter » avec une IA a quelque chose de magique, qui vient percuter nos imaginaires biberonnés à la SF.

Oui, dans certains domaines comme la médecine ou la finance c’est performant.

Oui, c’est sympa, bluffant, et ça marche plutôt bien.

Donc, oui, il y a un usage. Une technologie qui fonctionne. Du business possible, à base « d’aller plus vite, de traiter plus de données, de répondre plus naturellement ». Bref, une expérience se dessine.

Il n’en fallait pas plus pour que la maxima hysterIA prenne le pas. Du psychodrame OpenAI avec le retour de Sam Altaman 72h après avoir été viré par son board - la même histoire que Steve Jobs mais pour génération TikTok, il n’a pas attendu 12 ans - à la série de start-ups qui se mettent à accoler l’acronyme à tout et n’importe quoi (« chatGPT » devenant le nouveau « vu à la télé » qui rassure les boomers)...

... aux tonnes d’articles qui interviewent et demandent son avis à des IA qui ont découvert une nouvelle molécule sans qu’on leur demande rien, aux vidéos qui démontrent que l’on peut créer le nouveau Pixar en un prompt et deux images, c’est la foire de Paris du portnawak.

Alors que quiconque a déjà joué avec une IA sait qu’elle peut délirer totalement sans qu’on s’en rende compte, que la qualité des données de base est cruciale, qu’il va falloir déjouer les deep fakes, qu’écrire un prompt de qualitay c’est pas si facile, qu’avoir une réponse qui ne soit pas aussi tiède qu’un discours de François Bayrou requiert de développer des trésors de réflexion.

Une IA, c’est un tour de magie. Et il y a toujours un truc. Et si on veut éblouir sans se faire aveugler, il va falloir apprendre à leur parler, à faire attention à ses données, à déjouer les biais des algorithmes, à faire équipe avec la machine pour aller plus loin dans sa pratique.

Car si la paresse de l’humain prend le dessus, ce que l’on flatte à longueur de démos extraordinaires, c’est la machine qui démontrera que nous ne servons à rien, par notre faute.

A l’année prochaine avec l’informatique spatiale ! (ou pas…).