Merkel : victoire de la raison

Dans un Occident, ou toute élection s'apparente à un thriller au suspens haletant, Merkel est certaine de rempiler pour son quatrième mandat.

J'ose affirmer cela deux jours avant le vote, l'anticipation étant importante en geopolitique.

Cette performance exceptionnelle de la chancelière - qui n'a pourtant rien d'une "femme providentielle" - est due au fait qu'elle incarne, jusque dans la ressemblance physique, deux composantes clés de la psyché allemande moderne : angst (anxiété) et gemutlichkeit (bien-être ). Anxiété par rapport au changement, assimilé au risque d'imprévisibilité. Bien-être, synonyme de satisfaction par le statu quo.

Pour naviguer entre les deux, son authenticité et sa force de convictions lui servent de boussole naturelle. Apaiser "angst" et confirmer "gemutlichkeit".

Du coup, dans un monde, pétri d'incertitudes, les Allemands votent la stabilité, gagnante. Ainsi, prouvent - ils que le changement et la stabilité ne sont pas antinomiques, mais complémentaires. Qu'il est possible de créer un Îlot de changement stable, en pleine tempête globale.

C'est une victoire de la raison sur la post-vérité. Antithèse de la dernière élection américaine. Antithèse de la Russie de Poutine, celle-ci étant ainsi avertie qu'elle ne pourra pas diffuser impunément en dehors de ses frontières son "nihilisme juridique", soit le piétinement de la loi internationale.

C'est aussi un souffle d'optimisme. Pour l'Europe et donc pour la France, et ce, malgré la divergence des positions allemande et française sur la refondation européenne (сf. ma chronique du 14.09).

Bref, c'est une bonne nouvelle pour le monde, en cette fin de deuxième décennie du nouveau millénaire !