Merveilleuse vie qui guérit toutes les blessures.

J’ai une vingtaine d’années et je me sens perdu. Au lieu de poursuivre des études après le lycée, j’ai choisi de m’occuper de ma grand-mère. C’est du moins ce que je me raconte ; mais la vérité, c’est que je me sabote parce que j'ai le sentiment d'être indigne d’une vie agréable et épanouie. Je végète au chômage. 

Je commence à comprendre que nous ne pouvons pas toujours contrôler notre existence comme nous le souhaitons. J'aimerais être mince, mais je continue à prendre du poids. Mes deux oncles sont morts d’alcoolisme et je ne veux pas suivre leurs traces. Cependant, une force intérieure me pousse vers la boisson. Je suis un fumeur invétéré et je n’arrive pas à décrocher. J’aspire à une petite amie pour combler le vide en moi, mais la peur me paralyse lorsqu’il s’agit d’entamer la moindre démarche de séduction.

Au plus fort de mon désespoir, la chance frappe à ma porte sous la forme… du prêtre qui m’a enseigné le catéchisme pendant mon enfance. Il se préoccupe de moi et de ce que je suis en train de devenir. Il vient porteur d’une invitation à une assemblée de jeunes. Je n’ai rien à faire, j’accepte d’y aller.

Je découvre alors la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Une association unique en son genre. Clairement orientée à gauche et tout aussi clairement accrochée à l’Église catholique, la JOC est dirigée sur toute la ligne par des jeunes, avec des adultes en périphérie qui leur apportent leur soutien. Certains de ses membres sont très dynamiques, d’autres sont encore plus paumés que moi, mais ce qui change ma vie, c’est que là-bas, on me regarde comme on regarde une personne. Du coup, j’adhère à fond à ce mouvement. Très vite on me demande de prendre de plus en plus de responsabilités. Je deviens président de mon département. Un prêtre m’a été affecté, passant la moitié de son temps à me conduire d’une réunion à l’autre et à m’épauler pour structurer mes pensées et mes découvertes. On me regarde comme une personne importante ! L’image que j’ai de moi s’en trouve bouleversée.

La JOC se base sur les textes bibliques et sur la « révision de vie », une manière particulièrement intelligente de poser des questions qui amènent les jeunes à décider d’actions concrètes tout en les aidant à donner un sens à leur vie. Et ça marche ! Je cesse de voir ma vie comme un malencontreux accident pour me mettre à la considérer comme une vocation à éveiller les personnes à leur propre grandeur.

La JOC me demande alors de quitter mon nord natal pour m’installer à Paris afin de devenir un de ses dirigeants nationaux. 

Cet appel intervient juste après le décès de ma grand-mère qui me laisse seul. Avant de l’accepter, j’ai une dernière tâche à accomplir: je veux retrouver mon père et le connaître. Après une brève enquête, je tombe nez à nez avec quelqu’un de fondamentalement différent de moi. Extrêmement viril, dominant, qui s’amuse à insulter sa propre mère, un peu raciste etc… Je choisi de ne plus le voir. Cette décision me libère et je pars à Paris l’esprit léger. Je m’épanouis dans mes nouvelles fonctions.

A 28 ans, je suis devenu trop vieux pour être cadre d’une association de jeunes. je rejoins le Secours Catholique pour accompagner des publics en très grande difficulté SDF, précaires ou enfants violentés. Je m’y épanouis beaucoup puis peu à peu, je m’y ennuie et je découvre que l’Église Catholique ne m’inspire plus.

C’est alors que « Vie libre » qui est à cette époque la principale association française de lutte contre l’alcoolisme me contacte pour me dire en substance : « on cherche un nouveau directeur national, on veut que ce soit toi ». Cela fait sens avec mon histoire personnelle, j’accepte avec joie. Je me donne corps et âme pendant 5 ans à ce dernier poste que j’occupe avant de devenir coach.

Cependant durant toute cette période, je mène une double vie : au travail, je suis engagé, charismatique et j’ai du succès, mais dans ma vie personnelle, c’est tout le contraire : je bois, je prends des stupéfiants, je déprime, je manque totalement de motivation pour nettoyer mon appartement qui ressemble de plus en plus à la maison où j’ai grandis. Une profonde souffrance qui passe inaperçue aux yeux de tous me consume dès que je cesse d’être actif. 

Au hasard des livres dans une librairie, je croise la seconde chance de ma vie : le développement personnel. Mais c’est une autre histoire. En attendant, regardons comment ces expériences m’ont subtilement modelé comme coach.

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Au fil de mes expériences, j'en suis venue à croire que la vie nous offre constamment des possibilités de guérison, quelles que soient nos blessures passées. Cependant, ces possibilités sont parfois difficiles à reconnaître. En tant que coach, mon rôle est d'aider mes clients à ouvrir les yeux sur ces possibilités, et j'y parviens d'autant mieux que j'y crois moi-même.

En repensant à ma vie d’adulte, il me semble que tout me conduisait à devenir coach :

Pour ce qui concerne la rencontre avec mon père, si c’était à refaire aujourd’hui, je choisirai probablement de rester en contact avec lui et d’apprendre à l’aimer malgré nos différences. Mais à l’époque, je n’avais pas encore cet état d’esprit. Cependant, dans le contexte qui était le mien, cette décision a probablement été l’une des meilleures que j’ai jamais prise. Soudain, je n’étais plus orphelin de père parce que j’avais été abandonné, mais je l’étais parce que j’avais choisi de l’être. Ça changeait tout ! J’avais découvert qu’une simple décision peut changer radicalement chez l’Homme la manière dont il vit son destin. C’est resté un de mes questionnements lorsque je suis face à un client : « quelle est la chose qu’il pourrait décider maintenant et qui changerait tout pour lui ? ». C’est devenu un de mes principe directeur préféré pour m’aider à savoir comment mieux aider les consultants que j’accompagne.

La JOC m’a préparé encore plus profondément à cette profession : 

• Elle m’a forcé à devenir une sorte de manager, mais ceux que j’avais à encadrer avaient moins de 25 ans, étaient peu scolarisés et étaient bénévoles. J'ai dû découvrir toutes les astuces possibles et imaginables pour susciter la motivation sans moyens coercitifs.
• Elle a élevé au rang de passion mon goût pour la recherche du sens de la vie.
• Elle m’a fait découvrir très tôt que lorsqu’on explique des choses à quelqu’un, ça ne sert en général à rien, alors que si on le questionne et que l’on attend qu’il trouve ses réponses aux questions, il peut se métamorphoser de manière radicale.
• Elle affirmait haut et fort : « un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde ». Cette citation m'a aidé à voir la valeur infinie de la personne assise en face de moi. 

Le Secours Catholique allait m’endurcir. C’est vraiment difficile de coacher un SDF. En découvrant que parfois j’y arrive, je développe une merveilleuse confiance en moi.

Pour vraiment maîtriser un sujet, le meilleur moyen est de l'enseigner. Pour moi, l'association Vie Libre a été l'apogée de l'éducation au coaching que la vie allait m'apporter. J’y ai formé plusieurs centaines de bénévoles à l’écoute des patients alcooliques. Après cela, guider un humain pas à pas est devenu clair pour moi. 

Mon 40e anniversaire arrive, j’en profite pour faire le point. J’ai toujours autant envie d’accompagner des gens, mais je sature des publics en grande difficulté. J’ai envie de me consacrer à des personnes plus normales. Le coaching m’appelle d’autant plus que pendant ces 20 années j’ai bien roulé ma bosse dans le monde du développement personnel.

De 20 à 40 ans, j’ai collectionné les stages de formation et les livres : hypnose, auto-hypnose, programmation neurolinguistique, techniques, psycho corporelles, etc. Tout ce qui peut expliquer le fonctionnement humain et permettre son évolution me passionne. J’ai un appétit insatiable. Je croise plein de monde, j’apprends plein de choses, mais je suis bien obligé de me rendre compte que le changement pour moi est compliqué. À l’époque ce constat me désole, mais aujourd’hui je le vois comme une chance : c’est grâce à ces difficultés que j’ai du réviser et réviser encore ce que j’apprenais jusqu’à le connaître par cœur et jusqu’à synthétiser toutes mes découvertes et en faire mes propres méthodes. Ce sont ces méthodes que je nous allons tout de suite découvrir dans la seconde partie de ce livre.